Pendant près des deux tiers de l’année 2015, Nico Rosberg a cherché des solutions pour contrer son coéquipier et rival au championnat Lewis Hamilton. Après le sacre de ce dernier à Austin avec encore 3 Grands Prix à disputer, l’Allemand semble avoir finalement trouvé des ressources inexploitées, puisqu’il vient de remporter les deux dernières épreuves en date.
En guise d’explication, une figure de premier plan chez Mercedes affirme que la seule différence visible dans les données de Rosberg est que celui-ci s’est amélioré lors des phases de freinage. Le pilote allemand s’accommoderait ainsi de davantage de glisse de l’arrière jusqu’au point de corde, ce qui lui permettrait de gagner quelques centièmes. Et quand les écarts sur un tour sont de l’ordre de 0,08 seconde, ce changement pourrait être décisif.
Le phénomène de glisse survient quand les roues sont proches du point de blocage pendant les freinages, et l’ancien pilote de F1 Alexander Wurz analyse : « je décrirais ça comme une roue qui tourne un peu moins que ce qu’elle devrait. Si vous braquez le volant en même temps, votre pneu va commencer à glisser. Certains pilotes sont très prudents et détestent ce phénomène quand d’autres s’en moquent parce qu’ils savent que la roue va recommencer à tourner normalement quand ils relâcheront la pédale de frein. C’est vraiment une histoire de pilote et de style. »
Et si Rosberg a véritablement trouvé un atout supplémentaire, ce pourrait être la raison pour laquelle il a récemment repris l’avantage sur Hamilton. Wurz établit ainsi un parallèle entre Sebastian Vettel et Mark Webber en 2012, quand le premier voyait sa voiture se comporter à l’opposé de ce qu’il souhaitait alors que son coéquipier s’en arrangeait.
« Ça dépend aussi de l’aérodynamique, poursuit Wurz. Vettel était incapable de s’y faire l’année où Webber a été un peu plus rapide que lui pendant la première moitié de saison. L’arrière de sa voiture était instable aérodynamiquement lors de cette phase de glissade et il n’appréciait pas. Il avait besoin de stabilité mais en était privé parce que l’aérodynamique induisait soudainement du lacet. »
En d’autres termes, lorsque la voiture penchait d’un côté en abordant un virage, l’aérodynamique ne procurait pas une adhérence constante. Vettel préférant une glisse plus contrôlée en entrée de virage, il perdait alors l’avantage sur son équipier.
Mais les joies de la glisse ne sont peut-être pas la seule explication au regain de forme de Rosberg. Se pourrait-il que de légers ajustements sur sa voiture et une absence de pression aient permis à l’Allemand d’initier un cercle vertueux, la confiance engendrant la performance ?
« Je pense que c’est tout simplement dans la tête, reprend Wurz, parce que Nico était concentré uniquement sur Lewis avant. Lors de chaque contact radio, chaque départ, tout tournait autour de lui, […] et ce qui rend un pilote rapide, c’est de se concentrer sur lui-même et rien que lui-même en tâchant d’optimiser ses propres ressources. Nico a le talent et la vitesse, mais s’il ne porte son attention que sur son rival, c’est mauvais. Le sport, ça se passe dans la tête, c’est très clair. »