En 2002, Renault revient en Formule Un après le rachat de Benetton pour former une écurie constructeur. Les objectifs affichés sont ambitieux : gagner des courses et jouer le titre. Les délais sont tout aussi exigeants, mais personne ne s’attend à voir le Losange s’imposer si rapidement. Dès la saison 2003, Renault décroche en Hongrie le premier succès après son retour.
Pascal Aragnouet était ingénieur motoriste chez Renault F1 Team à l’époque. « Le Grand Prix de Hongrie avait lieu fin août cette année-là et nous revenions tous de vacances. Je me souviens qu’il y avait alors beaucoup de travail. La voiture tournait bien et toute l’équipe était confiante. On sentait que nous pouvions signer de bons résultats et il y avait un véritable élan parmi nous.
Nous sommes arrivés à Budapest dans un état d’esprit optimiste. Benetton avait toujours brillé sur cette piste et… c’est assez difficile de trouver les mots exacts… mais nous sentions que les événements allaient de nouveau tourner en notre faveur. C’était juste une impression, mais nous étions encore plus confiants que d’habitude. Aucun souci à signaler en essais libres puis est venue la séance qualificative du samedi : Fernando [Alonso] a livré une superbe prestation et s’est adjugé la pole ! On était surpris d’être plus rapides que les Ferrari, mais il nous a confié à la radio et lors du débriefing qu’il se sentait très à l’aise dans la voiture et avait une grande confiance en lui.
Le jour de la course, Fernando a conservé la tête au départ et s’est très vite détaché en imprimant un rythme incroyable. Je pense que c’est venu de sa confiance au volant. Il a creusé l’écart à raison d’une seconde au tour et, avant son premier arrêt, nous a demandé ce qu’il était advenu de ses concurrents ! Ce n’est pas le genre de chose que vous entendez généralement à la radio…
Fernando disposait d’une telle avance lors de son ravitaillement que tout s’est déroulé de manière très sereine. Jusqu’à ce qu’on entre dans les derniers tours de course évidemment. À ce moment-là, l’écart était si important que l’on a commencé à anticiper un souci éventuel – une crevaison ou bien un problème technique. Au final, rien de fâcheux ne s’est produit et Fernando a même pu prendre un tour à quasiment tout le peloton, jusqu’au cinquième, avant de s’imposer.
Ce fut un moment formidable, qui a galvanisé l’équipe entière. Il s’agissait du premier succès de Fernando en F1, du premier de Renault depuis son retour dans la discipline. Nous sommes rentrés à Viry avec le plein de motivation et de confiance, et surtout le sentiment de pouvoir jouer dans la cour des grands. Pour Fernando et le Renault F1 Team, tout a vraiment commencé avec le Grand Prix de Hongrie 2003. »