Les Accords Concorde actuels expirent en 2025. La F1 a donc plutôt le temps de voir venir, mais Liberty Media aimerait sans tarder lancer les négociations (voir notre article).
Il faut dire que le sport est dans une situation financière très favorable… grâce notamment à l’action de Liberty Media (budgets plafonnés, Drive to Survive…), qui aimerait rappeler tout ce que leurs équipes leur doivent aussi.
Mais un nouveau désaccord se profile entre la FIA et la FOM : le président de la FIA, Mohammed Ben Sulayem, ne voit aucune raison de lancer les négociations maintenant. La FIA met ainsi un nouveau caillou dans la chaussure de la FOM, alors qu’il faut rappeler que le conflit entre les deux entités a éclaté cette année.
« Les Accords Concorde sont un sujet que nous devons aborder, mais ils doivent s’adapter à tous les aspects. Vous avez les parties prenantes, les partenaires, vous avez la FIA, vous avez Liberty Media, et vous avez les 10 équipes, et nous avons en plus de cela 18 mois devant nous » a ainsi soutenu Mohammed Ben Sulayem à l’Associated Press.
« Notre maison n’est donc pas en feu. Nous devons nous parler et obtenir ce qu’il y a de mieux pour nous tous. »
On sent bien la volonté, une fois de plus, pour Mohammed Ben Sulayem, de montrer ses muscles face à la FOM. Le président de la FIA réaffirme la centralité de sa Fédération dans le sport, comme un avertissement à Stefano Domenicali...
« Si vous voulez une FIA forte, nous devons travailler ensemble et nous devons donner du pouvoir à la FIA parce que la FIA est le régulateur, ils sont les propriétaires des championnats [pas commercialement]. Quand vous allez aux Etats-Unis, par exemple, vous pouvez parler aux grands constructeurs et la raison pour laquelle nous pouvons le faire est qu’il s’agit d’un championnat de la FIA. S’il ne s’agit pas d’un championnat de la FIA, il finira comme la WWF (catch américain), sans régulateur, sans organe directeur. Il faut un organe directeur. »
« Vous pensez vraiment que ces multinationales vont gaspiller leur argent dans quelque chose dont elles n’ont pas confiance ? Nous avons le temps, nous ne nous précipiterons pas parce que nous avons 18 mois. Nous voulons un meilleur accord global pour la FIA, pour Liberty et pour les équipes. Nous sommes sur la bonne voie, mais c’est un marathon. »
Mohammed Ben Sulayem sur la défensive
La F1 a certes besoin d’un régulateur, mais aussi d’un régulateur compétent. Or Mohammed Ben Sulayem semble chercher encore ses marques à la tête de la FIA.
Il est vrai qu’il n’est pas arrivé dans un contexte facile, alors que la polémique d’Abu Dhabi 2021 enflammait encore le paddock. Et l’Emirati avait aussi beaucoup à apprendre !
« Je ne savais rien. Je ne connaissais pas certains aspects financiers. Honnêtement, je ne savais rien ! »
Quant aux attaques personnelles qu’il a dû endurer, notamment suite à des accusations de harcèlement ou de sexisme, Mohammed Ben Sulayem défend évidemment son précarré.
Mohammed Ben Sulayem était-il néanmoins prêt pour ce nid de requins politiques qu’est la F1 ?
« Bernie Ecclestone a déclaré qu’il était étonnant de voir que le président, c’est comme une balle lancée aux Italiens, aux Français aux Britanniques, et le président n’était pas autorisé à quitter cette certaine zone. Avec mon parcours et ma couleur de ma peau, il m’a fallu 12 ans, sans relâche, pour en arriver là. »
La plus dure polémique ayant opposé FIA et FOM aura été sur la valeur du sport, quand Mohammed Ben Sulayem avait minoré la valeur de la F1. Ce à quoi la FOM avait répondu dans un communiqué incendiaire.
« N’importe quel membre de la direction [de la FOM peut-être : Stefano Domenicali et Greg Maffei] aurait pu décrocher le téléphone. Je suis accessible. Quelqu’un l’a-t-il fait ? Non. Ils ont attaqué. »
« J’aime la dignité, le respect et les valeurs doivent faire partie de tout accord. Je pense que tout cela a été inutilement contre-productif. Cela a-t-il changé quelque chose ? Non. Je vais vous dire ce que je suis devenu : plus fort. »