C’est avec une certaine gravité et émotion qu’Alexander Albon a évoqué, pour la BBC, non l’actualité de ces dernierès courses, mais plutôt sa résilience mentale après avoir été écarté du baquet Red Bull, à la fin de la saison 2020.
Le Thaïlandais s’était alors retrouvé sur la touche, sans volant, avec un poste de pilote de développement Red Bull en lot de consolation. Un rôle de l’ombre qui lui a beaucoup servi.
Mais début 2021, il était clair qu’Alexander Albon n’était pas dans un bon état mental – passé de pilote Red Bull titulaire à 3e pilote Red Bull.
« Tu es juste à la limite mentale de la panique et de l’inquiétude. »
« Je suis resté sur cette inquiétude pendant si longtemps… que tu commences à t’en moquer. Tu ne peux pas paniquer éternellement. On ne peut pas s’inquiéter éternellement. »
« Et je me suis dit : Je n’ai qu’à me donner à fond. Je dois juste tout mettre sur la table. »
« Je mentirais si je vous disais que je ne m’attendais pas à être écarté par Red Bull. J’avais l’impression de ne pas avoir été à la hauteur cette saison-là. Je savais qu’il y avait de fortes chances que cela arrive. »
« Je rêvais d’être en F1 depuis l’âge de quatre ans, j’en étais presque complètement obsédé. Vous rencontrez inévitablement ce chagrin d’amour où vous vous dites : "OK, est-ce la fin ? Et vous n’y avez passé que deux ans. »
« C’est un business brutal - et la rapidité avec laquelle tout s’est fait ! Wow, OK. »
Alexander Albon se souvient en particulier du moment où Christian Horner et Helmut Marko lui ont annoncé leur décision...
« Je me souviens de la réunion, je me souviens de tout aussi clairement que le jour. Et je dois dire que, premièrement, j’ai un réseau de personnes très fort. Ma famille. Mes amis. Et les gens autour de moi que vous voyez aujourd’hui. »
« Très, très rapidement - presque en l’espace d’une journée - je n’ai pas eu d’autre pensée que : Je vais revenir. Je ne voyais qu’un plan A. »
« Très rapidement, je me suis remis au travail. J’étais dans le simulateur très tôt en janvier. OK, quel est mon travail, comment vais-je revenir en F1 ? Et j’avais en quelque sorte un objectif et un plan pour y parvenir. »
« Je dirais que je veux la F1 plus que tout autre pilote. Tout le monde le dira. Mais je le crois sincèrement. Et je savais que je devais vraiment faire ce qu’il fallait, d’une manière assez étrange parce que je ne peux pas vraiment faire mes preuves sur la piste alors. »
C’est aussi dans ces moments que l’actuel pilote Williams a pu forger sa personnalité : une personnalité pas si lumineuse qu’il n’y paraît ?
« Le grand public se trompe sur moi. Ils pensent que je suis constamment ce gamin joyeux et insouciant, et que je n’ai pas faim ; ils pensent que je suis peut-être trop gentil. »
« Ils ne verront jamais le côté fougueux. Ils ne m’écoutent pas quand je conduis. Je suis naturellement très heureux. J’aime vraiment ce que je fais. C’est la raison pour laquelle je voulais tellement être en F1. Et j’ai l’impression d’avoir appris à en profiter et à me détendre. Mais il faut certainement avoir un côté fougueux si vous voulez être en F1. »
« En tant que pilote, vous devez presque être un combattant. Quand vous portez un casque, vous vous battez contre les autres pilotes. Et j’ai le feu. Je ne suis vraiment pas quelqu’un de gentil quand je porte mon casque. Parlez aux ingénieurs ici et ils vous le diront. »
Russell a plaidé pour son ami Albon
Pour retrouver un baquet et maintenir sa cote de popularité intacte dans le paddock, Alexander Albon a pu aussi compter sur le lobbying d’un certain George Russell - un ami proche.
« Il a joué un rôle, c’est sûr. Il a fait circuler mon nom. »
« J’ai couru contre George pendant une grande partie de ma carrière et je suis dans une position très reconnaissante car il respecte et croit en mes capacités. Il a mentionné mon nom plusieurs fois à Jost et au conseil d’administration ; j’en ai plaisanté mais c’est vrai, presque un peu trop, au point qu’ils ont dit qu’ils ne l’écouteraient pas ! »
« Helmut Marko et Christian Horner ont également convaincu Jost de me prendre. »
Un apprentissage utile
Reste que ce passage, pendant un an, dans les coulisses et l’ombre de Milton Keynes, s’il aura été difficile à supporter au début, aura été formidablement utile et productif tout compte fait, réalise Alexander Albon.
« J’ai compris les détails des équipes. J’ai compris le développement des véhicules et la collaboration étroite avec les gars pour la voiture Red Bull de cette année, et ainsi de suite. Mais je sentais aussi que je manquais un peu de confiance dans cette voiture de 2020. Et la confiance est l’une des choses les plus importantes. Vous ne pouvez pas l’enseigner. Vous ne pouvez pas travailler dessus. Vous devez juste vous sentir bien avec la voiture. »
« Vous le voyez avec les pilotes tout au long de la grille, ils vont dans une équipe et ils vont avoir des difficultés, puis ils vont dans une autre équipe et soudainement ça change. Il y a tellement d’exemples que je pourrais vous donner de pilotes qui ont eu des difficultés dans une équipe et qui ont ensuite excellé dans une autre. »
« Le temps que j’ai passé chez Red Bull m’a permis de comprendre que parfois, une voiture qui n’est pas confortable est une voiture plus rapide, et de comprendre cette relation entre l’équilibre de la confiance et la performance directe. »
« Je pense que c’est vraiment le fait de comprendre les caractéristiques d’une voiture qui m’a fait progresser, et le fait de comprendre ce dont la voiture a besoin pour aller plus vite. Aujourd’hui, je peux seulement dire que je me sens à l’aise. Je me sens en confiance avec la voiture. Je me sens en confiance avec l’équipe et je sais pertinemment que je conduis mieux que je ne l’ai fait en 2020. »
« Si je regarde ça presque égoïstement, indépendamment, j’ai l’impression que l’année s’est déroulée aussi bien que je pouvais l’espérer. »