La pandémie de Covid-19 force encore les équipes à être flexibles puisque rien ne garantit que toutes les courses prévues au calendrier pourront bien se dérouler.
Pour Beat Zehnder, le team manager d’Alfa Romeo qui a sous son aile toute la logistique et le fret, c’est un vrai casse-tête qu’il nous détaille. Et il fait voler en éclats certains a priori : les courses en Europe sont plus pénibles à organiser !
"Normalement, au début du mois de décembre, avant de partir en vacances de Noël, vous effectuez toutes les réservations de vols et d’hôtels jusqu’à la fin septembre de la saison à venir. Pour vous donner une idée, à l’heure actuelle, je n’ai réservé que jusqu’à Barcelone, soit pour les deux prochaines courses," explique-t-il.
"Dans le passé, cela m’aurait rendu terriblement angoissé. Aujourd’hui, il faut vivre avec."
Zehnder a trouvé une solution pour les courses européennes.
"Nous travaillons avec Edelweiss, une filiale de Swiss Air, et nous affrétons un avion entier à la fois. Le charter n’est actuellement pas beaucoup plus cher que les vols en classe économique. C’est du gagnant-gagnant entre le fournisseur et nous. Nous avons besoin de vols et ils ont besoin d’heures de vol pour leurs pilotes et l’équipage afin qu’ils conservent leurs licences. Mais nous ne le faisons pas seulement parce que c’est pratique, mais pour que nous puissions être dans notre bulle sanitaire."
Cependant, le charter ne fonctionne pas toujours. Après la course à Barcelone, une partie de l’équipe doit rester sur place avec Pirelli pour des essais avec les nouveaux pneus 18 pouces pour 2022. L’équipe reviendra donc progressivement en trois étapes.
"Nous prendrons des vols réguliers avec Swiss Air. Je ne peux pas organiser trois fois un vol charter," commente Zehnder.
Le voyage vers les essais hivernaux à Bahreïn a montré à quel point la logistique est difficile, alors même que ces dates ont été calées bien à l’avance.
"Nous avions en fait réservé le vol pour Bahreïn avec Lufthansa. Mais ensuite, ils ont annulé le transfert Zurich-Francfort. Ils nous ont dit que nous devions arriver un jour plus tôt et passer la nuit à l’hôtel de l’aéroport. Mais à la fin, le vol de Francfort à Bahreïn a également été annulé."
"Edelweiss nous a dépanné. L’avion pour Bahreïn était un A320, qui était bien sûr entièrement équipé de sièges économiques. Normalement, certains employés sont autorisés à voyager en classe affaires avec nous."
Et pour le fret, la planification devient compliquée et coûteuse, surtout lorsqu’il y a plusieurs courses d’affilée sans interruption majeure.
"En principe, les courses doubles et triples (2 ou 3 de suite) sont pires en Europe qu’à l’étranger. Pour les courses lointaines, il est vrai que vous voyagez un peu plus longtemps, mais en Europe, vous avez besoin de plusieurs chauffeurs pour les camions car vous devez conduire sans interruption."
"Prenez Portimao et Barcelone, les deux Grands Prix à venir. La distance entre les deux circuits est de 1300 kilomètres. Il faut trois pilotes chacun pour traverser sans interruption. Avec 20 camions vous devez donc embaucher 60 chauffeurs, qui doivent tous être testés pour le Covid. Cependant, seuls deux peuvent rouler dans un camion. Vous organisez donc des bus-lits avec des cabines qui roulent en parallèle. Du point de vue logistique et organisationnel, l’Europe demande beaucoup plus d’efforts."
La prochaine inconnue concerne notamment le Canada. Ce Grand Prix sera-t-il annulé, reporté, remplacé ?
"En fait, le fret maritime à destination de Bakou et de Montréal aurait dû partir le 21 avril. Mais maintenant, nous avons négocié quelques jours de plus. D’ici là, nous devons décider de la destination du fret maritime."
Autant dire que la décision de la FOM concernant la tenue du Grand Prix du Canada ne devrait plus tarder !