La C41, présentée aujourd’hui par Alfa Romeo, reprend, comme l’oblige le règlement, une bonne partie des pièces de la saison dernière.
Jan Monchaux, le directeur technique, a dû ainsi faire face à une situation inhabituelle – construisant une voiture B plus qu’une nouvelle monoplace – mais qu’il comprend parfaitement, comme il l’a confié à l’occasion de la présentation de sa création.
« Il est très inhabituel en Formule 1 de ne pas pouvoir construire une voiture entièrement neuve pour la nouvelle saison, mais cela a du sens dans ces circonstances et avec l’objectif de maîtriser les coûts. »
Alors qu’il faut aussi préparer le grand changement de règlement pour l’an prochain, Alfa Romeo va-t-elle faire comme Haas et sacrifier le développement de la F1 2021 ?
« En termes de développement pour la saison, nous prévoyons de faire des mises à jour tout au long de l’année, mais certainement moins que pour une campagne régulière, en raison de la fin du règlement actuel. »
La stabilité du line-up avec Kimi Räikkönen et Antonio Giovinazzi, devrait aussi aider au développement technique de la voiture...
« Un élément crucial est que, dès le début, vous sachiez avec certitude ce que vos pilotes aiment et ce qu’ils n’aiment pas. La voiture 2021 est une évolution très proche de celle de l’année dernière et, sachant ce que Kimi et Antonio veulent, nous avons pu nous concentrer sur l’atténuation des aspects qu’ils n’aimaient pas. Si nous avions eu un tout nouveau pilote, peut-être avec un tout nouveau style de pilotage, cela nous aurait présenté un défi supplémentaire - surtout dans une saison où le temps d’essai est extrêmement limité. La stabilité des pilotes aide certainement nos ingénieurs à se concentrer sur les outils qui leur permettent d’être confiants au volant et de tirer le meilleur parti de la voiture. »
Le développement de la F1 2022 n’a-t-il pas été trop affecté par la pandémie selon Monchaux ?
« Pas tellement je pense. Après l’annulation du Grand Prix d’Australie l’année dernière, le sport s’est arrêté au moment où nous aurions commencé à travailler sur la voiture de 2021. Lorsque nous sommes revenus, nous l’avons fait en sachant que le règlement avait changé : nous pouvions nous concentrer sur le développement de la voiture pour 2020, qui serait reportée en grande partie pour 2021, et donc nous n’étions pas trop affectés. »
« Nous nous concentrons sur 2022, qui va être une révolution complète : nous aurons une voiture complètement différente et cela représente une grande opportunité de faire un bond en avant, plus proche de la tête de grille. Ce n’est un secret pour personne que nous allons privilégier le développement de la voiture de 2022 au cours de cette année. Moins nous mettrons de ressources sur la voiture de 2021, plus nous pourrons en mettre sur la voiture de 2022, surtout avec le plafond budgétaire en place. »
2021, c’est en effet aussi l’entrée en lice des budgets plafonnés. Qu’est-ce que cela va changer selon Monchaux ? Est-ce qu’Alfa Romeo pourra bientôt rejoindre les écuries de pointe grâce à ces budgets nivelés ?
« Je ne pense pas que le plafonnement du budget ait un effet sur la compétitivité des équipes en 2021. Le plafond budgétaire n’est introduit que pour cette saison, alors que les voitures de 2021 étaient déjà terminées : il y aura bien sûr des développements en cours de saison, mais avec le règlement qui reste stable par rapport à l’année dernière, je ne m’attends pas à une révision majeure de la hiérarchie, seulement des changements mineurs. Nous commencerons à voir un peu plus d’impact à partir de 2022, lorsque toutes les équipes auront le même plafond budgétaire pour développer la voiture : je pense que cela permettra de réduire les écarts de performance, même si le plein effet de la nouvelle réglementation ne se fera sentir que dans quelques années. Les grandes équipes ont non seulement l’argent et les personnes pour leur donner un avantage, mais aussi un avantage technologique dont elles bénéficient, et l’effet de cela prendra quelques années à s’estomper. »
« De plus, il ne faut pas oublier que le plafond budgétaire ne couvre pas l’unité de puissance, le cœur de la voiture, qui sera toujours un grand différenciateur et donc un avantage pour les meilleurs de la classe. Dans l’ensemble, cependant, je suis convaincu que d’ici deux ou trois ans, les écarts seront réduits. »