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Alguersuari aurait pu être l’équipier de Raikkonen chez Lotus à la place de Grosjean

Il a dit non… avant d’apprendre son renvoi de Toro Rosso

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Jaime Alguersuari a eu une carrière éclair en F1 ; et une carrière d’ailleurs précoce : il était devenu en 2009, au milieu de la saison, le plus jeune pilote à alors faire ses débuts en F1, chez Toro Rosso.

Au bout de deux saisons et demi, l’Espagnol perdit pourtant son volant dans la filière Red Bull – avant de se reconvertir avec succès, on le sait, dans une carrière inattendue de DJ.

Avant de faire ses débuts en F1, Alguersuari avait notamment évolué en Formule Renault 2.0. en 2006. Le plateau y était alors très relevé puisqu’y concouraient la même année Sergio Pérez, Oliver Turvey, Marcus Ericsson ou encore Brendon Hartley !

« C’était une année très difficile » se souvient aujourd’hui Alguersuari.

« Je concourais contre des pilotes plus âgés que moi et qui avaient de l’expérience dans cette catégorie - au moins deux ou trois ans d’expérience avec beaucoup d’essais. »

Helmut Marko n’était alors pas le dernier à rappeler au jeune pilote de la filière Red Bull ses piètres résultats…

« Helmut a toujours mis beaucoup de pression, mais je pense qu’il m’a beaucoup aidé. Beaucoup de gens critiquent Helmut pour ses manières, mais je pense que c’est la bonne chose à faire. En fin de compte, Red Bull paie pour votre carrière, ils font beaucoup d’efforts et d’investissements pour vous. Si vous devenez pilote de F1 et que vous avez l’opportunité de conduire une voiture gagnante, vous devez gagner. »

Devenu par la suite champion de F3 Britannique, Alguersuari évolua en Formule Renault 3.5. La saison se passait bien quand au milieu de l’année 2009, Toro Rosso l’appela pour remplacer au pied levé Sébastien Bourdais, licencié brutalement.

À 19 ans et 125 jours, Alguersuari devint donc le plus jeune pilote à faire ses débuts en F1 (record depuis battu par Max Verstappen, Lance Stroll et Lando Norris).

Les courses furent cependant difficiles, en 2009 comme en 2010 pour Alguersuari. Il évoluait de plus dans une Toro Rosso qui avait raté le virage du F-Duct, le précurseur du DRS.

« Tout le monde en demandait plus, mais nous manquions de performance. Beaucoup de gens ne connaissent pas certaines données et certains faits, mais en 2010, il y avait le F-Duct, que McLaren avait inventé et que les équipes avaient copié, et tout le monde l’avait sauf deux, trois équipes - nous étions l’une d’entre elles. Nous avons essayé de le préparer, mais nous n’avons jamais réussi à le faire. »

« En 2010, la seule équipe qui a marqué des points sans F-Duct était Toro Rosso. Nous étions très fiers car nous savions que cela faisait une énorme différence en termes de performances. »

Alguersuari avait ainsi du potentiel en réserve et il le montrait en 2011 : saison lors de laquelle il inscrit 26 points, soit 11 de plus que son coéquipier Sébastien Buemi.

« Nous nous battions avec Mercedes à l’époque et nous les devancions - j’ai battu Michael Schumacher et Nico Rosberg. »

« Nous faisions du bon travail. Avec cette voiture et les performances que nous demandions, nous ne pouvions pas espérer mieux. Nous ne pouvions pas gagner une course, et si les gens pensaient que nous pouvions le faire, ils se trompaient lourdement. »

Un licenciement express de chez Toro Rosso, et une occasion ratée avec Lotus

Et pourtant... Durant l’hiver 2011-2012, Red Bull décida de remercier Buemi comme Alguersuari, pour les remplacer par Daniel Ricciardo et Jean-Éric Vergne.

À l’âge de 21 ans seulement, Alguersuari se retrouvait donc sans volant. Et sans perspective.

« Tout était si étrange. »

« J’ai reçu un coup de fil de Franz Tost, qui a duré une minute, et il m’a dit qu’il avait de mauvaises nouvelles, que Red Bull ne soutenait plus ses deux pilotes - c’est tout. J’ai appelé Helmut... Je pensais qu’il s’agissait d’une blague, du genre, ‘Qu’est-ce qui se passe ici ?’ »

« Je sais que la décision n’était pas basée sur les résultats ou sur une décision sportive. C’était autre chose, mais je ne sais pas quoi. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils me disent au revoir de cette manière. »

« Cela dit, je dois dire que je suis toujours très reconnaissant de ce qu’ils ont fait, parce qu’ils m’ont donné une chance de devenir pilote de F1, ils m’ont donné une chance de piloter pour Toro Rosso et de vivre une merveilleuse aventure dans ma vie, qui est de voyager à travers le monde, de rencontrer tant de gens différents et d’être en F1. »

Or Alguersuari aurait pu rebondir chez Lotus... s’il n’avait pas refusé une offre précédemment de l’équipe noir et or ! Il s’en mord aujourd’hui les doigts... et c’est Romain Grosjean qui put le remercier à l’époque.

« Lotus, ils voulaient que je signe à Abu Dhabi et je n’ai pas signé parce que je pensais que je faisais du bon travail chez Toro Rosso. J’espérais pouvoir devenir pilote Red Bull l’année suivante, ou dans deux ans. Ma saison s’était très bien passée, alors pourquoi devrais-je m’inquiéter de ma place ? »

« Je me sentais tellement frustré par la situation, c’est le mot. Je ne savais pas comment y faire face. J’ai reçu un appel téléphonique de la BBC, et j’ai donc travaillé pour eux en 2012, en commentant les courses de F1, mais j’ai beaucoup souffert. Je ne comprenais pas… il pouvait y avoir des pilotes en F1, que j’avais battus toute ma vie, j’avais fait ma meilleure saison, je venais de dire non à un contrat chez Lotus, et tout d’un coup, je me retrouvais hors de la F1... »

« C’est alors que j’ai reçu un coup de téléphone de Paul Hembery, de Pirelli. J’ai fait des essais de pneus pour eux, ce qui était bien, parce que j’ai réussi à retourner dans la voiture, à faire du kilométrage, à comprendre les pneus. J’ai reçu des appels d’autres équipes qui souhaitaient m’engager, mais elles me demandaient de l’argent, que je n’avais pas, et je n’ai donc pas pu revenir en F1. »

Alguersuari alias DJ Squire

Après cette expérience avec Pirelli et une peu concluante en GT, Alguersuari (qui a aujourd’hui 33 ans seulement) s’est donc tourné vers la musique, et il est devenu ‘DJ Squire’, rencontrant un certain succès derrière les platines, notamment à Ibiza.

« La musique prenait beaucoup de place dans ma vie, je produisais des morceaux et commençais à sortir des disques sur de petits labels, je faisais mes premiers concerts. Je me suis dit que si je devais changer, c’était maintenant et pas quand j’aurais 40 ans, parce qu’il faut construire une carrière musicale, il faut investir beaucoup de temps en studio pour faire de la musique, et être dans l’industrie, c’est comme une autre carrière de coureur. »

« J’ai commencé en tant que DJ Squire et tout a évolué. Après quelques années, j’ai décidé de créer mon propre label, Anims. Nous sortons de la musique d’autres artistes européens et de ma propre musique. Nous avons également lancé un projet avec un autre artiste, "Pole Position", et nous créons beaucoup de musique pour la fin de l’année. »

« C’est évidemment un processus lent, parce qu’il y a beaucoup de concurrence, beaucoup de gens expérimentés et beaucoup de bonne musique, mais c’est très amusant et agréable, et nous sommes en train de construire. J’ai beaucoup de projets en cours, je suis très heureux de la façon dont les choses se déroulent et j’ai vraiment hâte d’être à l’avenir. »

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