Avec Alfa Romeo ou bien sûr Ferrari, Pirelli dispute également un Grand Prix à domicile, ce week-end à Monza.
Courir en Italie, est-ce que cela change beaucoup d’abord le quotidien de Mario Isola, le responsable du manufacturier pneumatique ?
« Je peux dormir à la maison. C’est une bonne chose pour les personnes qui voyagent autant que nous. C’est une bonne opportunité. »
« Sinon, pas vraiment de changements, à part que nous avons un format différent pour l’allocation des pneus, ce qui a évidemment un impact sur nos opérations. Mais le reste est identique. »
Parlons donc de l’allocation alternative des pneus, testée pour la deuxième fois ce week-end. Elle a été beaucoup critiquée par les pilotes, notamment parce qu’elle réduit le roulage en essais libres.
« Avec si peu de pneus pour les essais, cela nous force à économiser des pneus tout le week-end, » expliquait Alonso hier soir.
« Nous devons donc nous excuser auprès des fans. Nous n’avons tout simplement pas pu faire beaucoup de tours car nous n’avions qu’un seul set pour la séance. Nous nous excusons auprès de tous les fans qui sont venus ici. Nous l’avons également fait en Hongrie à cause de ce format. »
Mais Pirelli y voit aussi du positif, par exemple pour la durabilité environnementale. Les critiques des pilotes ne seraient-elles pas fondées ?
« Je suis positif à ce sujet. J’ai entendu certains pilotes se plaindre du nouveau format. Je pense qu’avec quelques ajustements, cela pourrait fonctionner. A Budapest, nous avons eu des EL1, qui ont été affectés par la pluie, et il a donc été décidé de rester sur le même format afin de comprendre si cela fonctionne ou si nous avons besoin de faire autrement - quand je dis ’nous’, c’est le sport qui veut aller dans cette direction. »
« On n’a qu’à dire aux pilotes de ne pas se plaindre du manque de pneus - non, je plaisante ! Je suis certain que nous avons vu en EL1, ici à Monza, beaucoup de voitures rouler, des stratégies différentes : certains utilisant les durs, d’autres les médiums ou les tendres, donc les trois composés peuvent être une bonne option pour la course. »
« Nous avons décidé de prendre des pneus un cran plus tendres, ceci grâce au format, parce qu’ils ont pour la course, au moins deux jeux de durs, médiums et tendres. Une bonne répartition. Le format des qualifications est différent, mais c’est un format normal, standard. Evidemment toutes les équipes se concentrent pour avoir un maximum de tendres pour les qualifications, et cela affecte l’allocation pour la course. Donc je suis toujours positif à ce sujet et je suis sûr que nous pouvons trouver une bonne solution pour l’avenir. »
Appel d’offres, pneus sans couvertures chauffantes : l’avenir en ligne de mire
Si l’on parle désormais du moyen terme, Pirelli est toujours en négociation avec la FIA pour rester le manufacturier unique. Cependant la concurrence de Bridgestone pourrait se faire plus vive que prévu (voir notre article).
Mario Isola est-il confiant ? Quelles sont les nouvelles ?
« Pas de nouvelles par rapport à la dernière fois que nous nous sommes parlés. Nous avons présenté notre offre. Évidemment, l’appel d’offres est assez compliqué et il y a beaucoup de détails qui doivent être discutés avec la F1, la FIA et les équipes. Ce n’est pas seulement pour la Formule 1, mais aussi pour les séries support, comme la Formule 2, la Formule 3 et la F1 Academy. Il s’agit donc d’un ensemble assez complexe. J’espère et je suis toujours positif à ce sujet. »
« La seule échéance était que nous présentions la spécification technique, le document technique, et que la FIA nous dise si nous étions un soumissionnaire approuvé, ce qui s’est produit il y a quelques mois, et maintenant la négociation commerciale n’a pas d’échéance. »
En attendant d’être fixé sur son avenir avec Pirelli, Mario Isola prépare l’avenir de la F1, et notamment les pneus 2024. Et surprise : malgré la décision de ne pas utiliser les pneus sans couvertures chauffantes l’an prochain, Pirelli va tout de même continuer à mener des tests en la matière, pour 2025, notamment à Monza... puis à Fiorano pour des tests de pneus pluie (très critiqués aujourd’hui).
Et Mario Isola d’expliquer pourquoi développer les pneus pluie est si difficile…
« Pour Monza, nous avons décidé de poursuivre le développement des pneus sans couvertures, même si l’appel d’offres n’est pas encore décidé, car malheureusement, à Spa, le temps était pluvieux et nous n’avons donc pas pu tester les prototypes dont nous disposions. Et dans ces prototypes, nous avons quelques concepts que nous voulons développer pour l’avenir. C’est également intéressant pour nous de comprendre. Nous utilisons la Formule 1 pour développer la technologie et le savoir-faire de l’entreprise, c’est donc une bonne opportunité. »
« Pour Fiorano, la situation est légèrement différente. Nous savons que nous devons améliorer les pneus pluie, car il est difficile de les tester. Et nous ne pouvons aller qu’au Paul Ricard, sur le circuit court, où nous pouvons arroser la piste. Aussi à Fiorano, mais malheureusement les deux sont des circuits à faible sévérité et quand nous allons à Spa, quand nous allons à Silverstone et que nous mettons beaucoup d’énergie sur les pneus, le résultat est différent. Les pilotes surchauffent les pneus et perdent en performance. Nous devons donc tenir compte de cette indication provenant de Spa afin d’améliorer les pneus pluie. Nous devons également finaliser le développement des intermédiaires sans couvertures chauffantes pour l’année prochaine. »