C’est un Fernando Alonso déjà impatient et exigeant qui a pu assister à la présentation de l’AMR23, dans les locaux en chantier de la nouvelle usine Aston Martin F1 à Silverstone.
Dans sa nouvelle tunique verte, comment l’Espagnol a-t-il jaugé ses premiers pas avec Aston Martin F1 ? Ne craint-il pas de rejoindre une équipe qui a commencé la saison dernière en ayant la 9e voiture, sur 10, la plus rapide du plateau ?
« Le passé de cette équipe, les noms précédents de cette usine [Force India, Jordan notamment] me font avoir confiance - tout le monde ici est humble, tout le monde ici a faim de succès. »
« Peut-être qu’ils n’ont pas eu l’expérience de se battre régulièrement pour des victoires, des championnats ou des podiums chaque week-end. Mais… »
Et c’est alors l’occasion pour Fernando Alonso de commencer la saison par un tacle envers... son ancienne équipe Alpine, qu’il accuse à demi-mot de s’être satisfaite de finir 4e au classement des constructeurs l’an dernier.
« Mais chez Aston Martin F1, ils ont confiance en eux, ils ont confiance en eux et ils savent qu’ils peuvent y arriver. Ils ne l’ont encore jamais fait [gagner], donc c’est très différent de toutes les autres équipes que j’ai rejointes ces dernières années - où ils avaient peut-être eu du succès dans le passé et où ils étaient juste dans une position confortable. »
« Ils étaient quatrièmes et ils étaient contents de l’être. Ils étaient cinquièmes, ils étaient contents de leur cinquième place. S’ils étaient septièmes, c’était la fête. Ici, on ne fête rien jusqu’à ce que nous gagnions, et c’est très attrayant. »
"J’attends beaucoup des gens avec qui je travaille"
Aston Martin F1 a montré les muscles au niveau financier, en construisant une nouvelle usine, ou en doublant la taille de son personnel, notamment en recrutant des pontes comme Dan Fallows (ex-Red Bull) et Eric Blandin (ex-Mercedes).
Fernando Alonso attend déjà beaucoup de ces recrues et leur fait savoir...
« Eh bien, c’est parce que je suis très exigeant dans tout ce que je fais. »
« J’attends beaucoup des gens avec qui je travaille. Je me donne à 100% et j’attends la même chose des personnes avec qui je travaille. »
« Depuis mon premier jour chez Aston Martin, j’ai ressenti exactement les mêmes valeurs de la part des personnes qui m’entourent. »
« Nous avons évidemment le leadership de Lawrence, que je connais depuis de nombreuses années maintenant. Il a eu beaucoup de succès dans beaucoup de choses et de projets différents dans sa vie et je vois qu’il n’y a aucun doute que la Formule 1 ne sera pas différente. Il réussira tôt ou tard. C’est quelque chose qui est très motivant. »
« Les nouvelles personnes qui rejoignent l’équipe - Dan Fallows, Eric - les meilleures personnes de chacun des concurrents, Aston Martin est allé les convaincre. Il y a donc quelque chose qui se passe dans cette équipe qui rend les choses spéciales. »
« Vous avez besoin d’investissements et vous avez besoin de talents en Formule 1. Nous avons l’investissement, nous avons les infrastructures, et nous avons le talent. Donc c’est juste une question de temps. Malheureusement, je n’ai pas 20 ans, mais je ferai de mon mieux pour aider l’équipe. »
Alonso garde les pieds sur terre pour 2023…
Quels objectifs réalistes Fernando Alonso peut-il se fixer pour cette année ?
Un troisième titre n’est évidemment pas possible à court terme : l’Espagnol en est conscient.
« J’ai les pieds sur terre. Ils ne donnent pas d’attentes irréalistes. Ils savent où nous sommes. »
« Ils savent que l’année dernière, seules trois équipes ont terminé dans le même tour que le leader - Red Bull, Ferrari et Mercedes. Toutes les autres avaient un tour de retard, y compris Alpine, qui a terminé quatrième du championnat, et McLaren. »
« Nous savons que ce genre d’écart en Formule 1 est très difficile à combler en deux ou trois mois. Mais voyons si nous pouvons faire une bonne saison, avoir une bonne fiabilité et faire en sorte que l’équipe grandisse au cours de la saison. »
« Mais pour le titre, je crois qu’il y a une possibilité. Je ne pense pas cette année, je suis honnête là-dessus et j’ai les pieds sur terre. »
Pour 2023, une victoire n’est-elle pas au moins possible ?
« Peut-être que dans la deuxième partie de l’année, nous pourrons nous rapprocher d’une victoire. S’il y a une opportunité dans des conditions changeantes, si l’opportunité se présente, nous ne la manquerons pas. »
« Mais au début, je m’attends à des courses difficiles jusqu’à ce que nous trouvions où la voiture fonctionne, et dans quelle fenêtre nous devons travailler avec les réglages. »
« Je ne peux pas dire à qui que ce soit que nous allons nous battre pour les victoires cette année. Je mentirais si je disais cela. »
Un projet de long terme pour Alonso avec Aston Martin F1 ?
Si Fernando Alonso est ainsi tant optimiste pour l’équipe de Silverstone, c’est qu’il voit tous les investissements consentis en coulisses...
« La chose la plus importante pour moi cette année est de m’assurer que cette voiture et cette base sont celles avec lesquelles nous développerons les futures Aston Martin. »
« L’année dernière, le package a connu quelques difficultés, comme nous l’avons tous vu de l’extérieur. L’équipe a traversé quelques difficultés au cours de la saison et s’est beaucoup améliorée à la fin de l’année, donc ces difficultés sont certainement très bonnes quand vous les comprenez. »
« Je pense que c’est la première vraie nouvelle voiture avec cet ensemble de règlements que, espérons-le, Aston Martin pourra développer à l’avenir. »
« Donc, pour moi, ce sera la plus grande chose cette année : développer la voiture tout au long de la saison pour terminer 2023 en sachant que cette voiture est une référence pour les futures voitures Aston Martin. »
« En ce qui concerne la nouvelle usine et la nouvelle soufflerie, cela prendra du temps, c’est plus un bénéfice à long terme que nous verrons. »
« Mais à court terme, vous verrez également avec la nouvelle voiture qu’il y a beaucoup de choses montrant que l’équipe peut se développer rapidement. »
« Ce projet est très ambitieux et a beaucoup de choses à prouver mais aussi beaucoup de choses à vivre dans les prochaines années. Je sais que mon temps n’est pas illimité derrière le volant mais je vais essayer de rendre ce processus aussi court que possible et d’aider l’équipe autant que je le peux. »
Alonso derrière Stroll en début de saison ?
Si l’on revient au court terme et au tout début de saison, Fernando Alonso ne se met pas de pression : avec seulement un jour et demi d’essais hivernaux par pilote, il sait que son adaptation risque d’être difficile dans l’AMR23.
Selon lui, ce ne sera donc pas surprenant de voir Lance Stroll le battre sur les premiers Grands Prix !
« Je suis conscient que je ne serai pas à 100% à Bahreïn, pas en Arabie saoudite, peut-être pas en Australie. Donc c’est un peu injuste, peut-être (de me comparer à Lance en début d’année). »
« Avec Lance, j’ai ce point de référence en quelque sorte car il est depuis quelques années dans l’équipe. Je sais ce qu’est être à 100 %, donc je peux m’en rapprocher dès les premiers instants. »
« Mais la F1, c’est le seul sport au monde où vous faites un jour et demi d’entraînement... puis vous jouez un championnat du monde. Les cinq ou six premières courses chez Alpine, je luttais beaucoup pour sentir l’avant de la voiture, les différents réglages de la direction assistée, toutes ces choses. »