À l’heure où la Formule 1 s’apprête à tourner la page des règlements de 2022 basés sur l’effet de sol, Fernando Alonso dresse un constat sans détour : les ambitions initiales de la FIA n’ont pas été atteintes. Pour l’Espagnol, ces monoplaces censées rapprocher le peloton et revitaliser les duels en piste n’ont finalement pas tenu leurs promesses.
Conçus pour permettre aux F1 de se suivre de plus près et de réduire la dépendance à l’aileron arrière, ces règlements entrent dans leur quatrième et dernière année d’utilisation avant un nouveau changement majeur en 2026. Mais Alonso, doyen du plateau et témoin privilégié de deux décennies d’évolution technique, n’y voit pas grand-chose à regretter.
"Si on parle des attentes de ces réglementations, se suivre plus près, avoir de meilleures actions en piste, ce n’était pas vraiment un succès," tranche-t-il.
"Peut-être un peu lors de la première année, mais pas après. Donc je ne pense pas que ces voitures vont vraiment nous manquer."
Alonso dispose du recul nécessaire pour juger la direction prise par la catégorie reine. Et son avis est clair : cette génération a atteint les limites de ce qu’elle peut offrir.
"Je pense que ces voitures sont vraiment trop lourdes. Elles sont trop grandes et, avec l’effet de sol et les hauteurs de caisse actuelles, nous pilotons d’une manière qui n’est pas vraiment amusante… et probablement pas idéale non plus pour suivre les autres voitures."
Pourtant, l’Espagnol reconnaît que les performances en virage des monoplaces actuelles resteront difficiles à égaler.
"Je ne vais pas regretter cette génération de voitures, je pense. Mais l’année prochaine, nous irons probablement plus lentement, et là, nous les regretterons peut-être, car nous voulons toujours être aussi rapides que possible."
L’amélioration des courses était pourtant l’un des piliers du changement réglementaire en 2022. Certains ingénieurs espéraient même que le DRS deviendrait inutile. Mais si les débuts ont montré des signes encourageants, l’écart s’est de nouveau réduit à mesure que les équipes ont affiné leurs concepts.
Le resserrement du peloton a intensifié la compétition… mais rendu les dépassements plus complexes, faute de différence de performance suffisante entre les voitures.
George Russell, représentant d’une génération plus jeune mais très sensible aux évolutions techniques, partage largement l’opinion du double champion du monde.
"Oui, mon avis est similaire à celui de Fernando, vraiment," confirme le pilote Mercedes.
"Je pense que ça n’a pas été la génération la plus agréable à piloter. Des F1 super rigides, très basses, ce qui a créé beaucoup de défis."
Lui aussi pointe du doigt des voitures toujours plus imposantes depuis 2017.
"Depuis 2017, les voitures sont énormes, et je pense que cela a généré d’autres problèmes. Je pense que nous attendons tous un changement, un nouveau départ avec 2026, et c’est toujours excitant. La direction est la bonne : des voitures plus petites, plus légères. Peut-être pas assez, mais dans le bon sens."
"Et comme toujours, on va sûrement regretter les bonnes choses, comme la performance à haute vitesse, tout en oubliant les aspects négatifs. C’est juste ainsi que va la vie."
Quant à Max Verstappen, pourtant si dominateur sur l’ère 2022 - 2025 dans son ensemble, "ces voitures ne me manqueront pas."
"Au début, c’était bien pendant un certain temps, mais plus maintenant. Je pense qu’on peut quand même mieux se suivre, avec un peu plus de contrôle en tout cas."
"Avec les anciennes voitures, on avait vraiment un survirage ou un sous-virage extrême à certains endroits, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Maintenant, il y a juste moins d’appui aérodynamique et le problème est que l’aspiration de ces voitures n’est plus aussi efficace. Sur certains circuits, cela ne suffit tout simplement pas pour dépasser."
"Pour être honnête, je ne les ai pas trouvées très agréables à conduire. Cela n’a pas été confortable du tout, toutes ces années : mon dos est en ruine et j’ai toujours mal aux pieds."
"Physiquement, ça n’a pas été idéal. Quand on fait des examens, les résultats ne sont pas bons. D’un autre côté, si on regarde le motocross, on n’a rien à redire. Mais si on se souvient de ce que c’était ou de ce que ça pourrait être, je préfère ce qu’on avait en 2015-2016."