Les coïncidences sont parfois étranges, et le fait que la Formule 1 sorte son podcast Beyond the Grid avec Otmar Szafnauer la veille du licenciement de celui-ci a apporté son lot d’ironie. Dans cette émission, le désormais ex-directeur d’Alpine F1 revient sur le début de saison et explique, via ce bilan décevant, quels sont les problèmes de l’équipe.
"Ce n’est pas tout à fait ce que nous avions prévu. Je pense que nous avons fait un bon travail pendant l’hiver en nous rapprochant un peu plus de Mercedes et Ferrari, et je pense que nous faisions du surplace par rapport à Red Bull" a déclaré Szafnauer.
"Mais Aston Martin a fait un très bon travail en se plaçant entre nous et Red Bull, alors que l’année dernière ils étaient loin derrière nous. Nous voulions être une quatrième équipe beaucoup plus forte, mais nous étions principalement cinquièmes avec quatre équipes fortes devant nous."
"Lors d’une course sur deux, nous étions très compétitifs, principalement lors des courses où la sensibilité à la puissance est un peu plus faible, et nous nous en sortions bien. Nous nous sommes qualifiés quatrième dans la septième course et à Monaco, et nous avons terminé troisième et septième."
"Et encore une fois, c’est un circuit où, vous savez, c’est plus la voiture et le pilote. Et l’autre chose qui m’a fait plaisir, c’est qu’à Barcelone, où l’efficacité aérodynamique et la performance comptent vraiment, bien qu’il ait reçu des pénalités, Pierre s’est qualifié quatrième au mérite, à seulement 80 millisecondes de la première ligne."
"Cela me dit que nous avons fait un travail décent sur le châssis pendant l’hiver et qu’il nous appartient maintenant de nous assurer que les points correspondants viennent avec ce bon châssis, et nous n’y sommes pas encore parvenus."
Szafnauer pointe la malchance d’Alpine F1
Et s’il se montre dithyrambique avec Enstone, Szafnauer met en avant la malchance de l’écurie, mais refuse également de valider le bon travail du département moteur. On sait que l’équipe aurait un déficit de puissance, et lorsqu’on lui demande si l’équipe est au même niveau qu’en 2022, il pointe de nouveau le bon travail de la partie anglaise du team.
"Enstone l’est. C’est un peu masqué. Nous avons eu quelques problèmes à Bakou. Nous n’avons vraiment pas pu garder notre rythme. Nous étions en retrait. Il n’y a eu qu’une seule séance d’essais libres. Je pense que nous avons fait trois tours et que nous n’avons donc pas réussi à placer la voiture dans la bonne fenêtre."
"Nous n’avons pas du tout fait une bonne course à Bakou. Nous devions marquer de très bons points en Australie. A trois tours de la fin, drapeau rouge et départ arrêté, ce qui était du jamais vu. [Les deux pilotes] se percutent. Nous n’avons marqué aucun point."
"Nous avons eu d’autres malchances, notamment à Silverstone : nous avons terminé septièmes et nous n’avons pas pu dépasser Fernando [Alonso], même si je pense que nous étions un peu plus rapides que lui."
"Nous sommes rentrés pour faire l’undercut et juste au moment où nous rentrions aux stands, la voiture de sécurité est sortie, ce qui a ruiné notre course. Je suis un adepte de l’idée que c’est vous qui créez votre propre chance. Plus on travaille dur, plus on a de chance. Mais nous n’avons vraiment pas eu de chance cette année."
Un discours résolument tourné contre Viry-Châtillon, où Alpine produit les moteurs de ses Formule 1. Or, on ne peut pas s’empêcher de constater que même sur le tracé lent du Hungaroring, Alpine n’était pas à un niveau similaire à celui de Monaco. La faute revient, dans ce cas, aux parties de la voiture conçues à Enstone.
La faute notamment à des évolutions qui n’ont pas apporté des gains en performance suffisants par rapport à la concurrence. C’est peut-être ce manque de clairvoyance que paie aujourd’hui Szafnauer, alors que le Groupe Renault cherche à résoudre l’ensemble des problèmes au sein de l’équipe.