La Mercedes était, de loin, la meilleure monoplace à Melbourne ; pourtant à Bahreïn, c’est Ferrari qui, sur le plan de la performance pure, a damé le pion aux Allemands.
Mercedes a toujours signé un doublé, mais la performance des Flèches d’Argent dans le désert, a interrogé voire agacé James Allison, le directeur technique de l’équipe, surtout après un week-end de rêve à Melbourne.
« A Melbourne, nous étions immensément solides, et tout semblait nous sourire. Nous nous attendions à un résultat bien plus difficile en Australie ; car après les essais de Barcelone, nous nous attendions à devoir peut-être chasser les Ferrari. »
« Mais au lieu de cela, nous avons volé dans presque chaque session, en qualifications, en course, en essais libres ; et nous avons juste pu, presque sans effort, mener la course et obtenir un résultat très solide. »
Pourquoi donc un tel différentiel de performance en l’espace de deux semaines ? James Allison a des réponses à apporter, certaines évidentes, d’autres non.
« Ce sont des pistes très différentes avec des caractéristiques différentes. Et dès le début, nous étions un peu mécontents de notre voiture à Bahreïn. »
« Alors qu’elle volait à Melbourne, notre voiture était, à Bahreïn, un peu nerveuse à l’arrière, et était un peu dure avec les pneus, ce qui nous fait souffrir d’un peu de surchauffe à l’arrière. Nous perdions ainsi un ou deux dixièmes par rapport à Ferrari. »
« C’est un résultat immense pour nous. Et un soulagement formidable après un week-end où nous n’étions pas compétitifs, et pas censés revenir avec autant de points » respire l’ancien directeur technique de Lotus.
Pour que Lewis Hamilton et Valtteri Bottas connaissent moins de difficultés en course, pourquoi ne pas avoir fait un deuxième relais en médiums, et non en tendres comme Ferrari ? James Allison l’a détaillé…
« Il faut revenir au début du week-end pour trouver la réponse à cette question. Chaque week-end, nous choisissons une certaine allocation de pneus. Et nous abordons le vendredi pour déterminer quel pneu nous donnera le meilleur résultat le samedi et le dimanche. Toutes les équipes le font. »
« Après le programme de vendredi, il était assez clair pour nous que les tendres nous donnaient les meilleurs résultats. Et nous avons donc choisi comment utiliser au mieux les tendres pour nous procurer un avantage en course. La solution a donc été d’adopter de faire une stratégie à deux arrêts, avec deux relais en tendres. »
« Ferrari était plus rapide en médiums, et c’est pour cela que les deux pilotes ont effectué leur deuxième relais en médiums. »
En tendres ou en médiums, ce qui est certain, c’était que Valtteri Bottas était bien moins performant que Lewis Hamilton en course – en qualifications, l’écart était faible. James Allison a-t-il compris pourquoi ?
« Après un très bon envol à Bahreïn, Valtteri a un peu souffert face à Lewis. Après la course, il disait que le ressenti de la voiture n’était pas bon pour lui, que l’équilibre était inconstant, que la voiture était peu stable, et qu’il n’arrivait pas à être constant comme à Melbourne. C’est difficile d’être certain sur ce point. Mais je pense que c’était une course très venteuse, ce n’était pas des conditions très faciles pour le pilotage, sur une piste qui use beaucoup les pneus arrière – et où il est difficile de conduire quand une voiture surchauffe trop ses pneus à l’arrière. De très petits facteurs peuvent créer un grand différentiel de performance. »
Grâce à ce week-end riche en enseignements, Mercedes sait maintenant dans quelle direction développer la W10…
« Marquer autant de points, et aussi revenir à l’usine avec des indications claires sur ce que nous devons faire, et des directions qu’il nous faut adopter pour développer notre voiture, nous permettra de ne plus souffrir des mêmes problèmes endurés à Bahreïn. »
« Et notre objectif, durant cette saison, sera d’amener assez de performance à la voiture pour être toujours devant, même quand nous trébuchons légèrement. »