Le futur départ de Honda de la F1 met bien sûr en lumière l’avenir du sport et la pertinence, pour un motoriste, d’évoluer dans un environnement hybride et très coûteux, alors que la Formule E a par exemple le vent en poupe avec sa formule 100 % électrique.
Faut-il être alors pessimiste pour le sport ? Telle n’est pas l’opinion de Mattia Binotto.
L’Italien prend d’ailleurs un malin plaisir à soulignement que contrairement à Mercedes, Honda ou Renault, Ferrari n’a jamais quitté le sport, par fidélité mais aussi par conviction.
« Je pense certainement que nous partageons tous le fait que ce n’est pas génial de perdre Honda. Honda est certainement un grand nom de la Formule 1. Ils ont été un grand nom, ils sont aujourd’hui un grand nom. »
« Je pense que c’est dommage que nous n’ayons que trois motoristes, et d’une manière ou d’une autre, c’est quelque chose dont il faut s’occuper, pour essayer d’attirer plus de constructeurs de groupes propulseurs pour l’avenir. D’un autre côté, ce n’est pas une surprise que les motoristes rejoignent ou quittent ce sport. Ce n’est pas la première fois. Cela s’est toujours produit - sauf une fois, c’est notre cas chez Ferrari. »
« Nous savons que la Formule 1 est de toute façon dans une bonne période. Elle va se développer. C’est très positif, ce qui se passe avec la croissance de la F1 vers la durabilité. Je pense que nous avons de grands défis à relever, donc je pense que nous devrions... ce n’est certainement pas une grande nouvelle, mais nous devons rester positifs parce que je pense que la F1 a un grand avenir devant elle et je pense que c’est en quelque sorte à nous de tenter de l’améliorer et d’attirer - éventuellement - de nouveaux équipementiers. »
Cependant Mattia Binotto priorise tout de même le contrôle des coûts, à l’image de ses homologues… C’est sa priorité pour le règlement 2026. Et d’avancer la même idée que Cyril Abiteboul l’avait fait il y a quelques semaines : plafonner les budgets moteurs après ceux des équipes.
« Que pouvons-nous faire pour nous améliorer ? Il est certain que les moteurs sont très chers aujourd’hui. Le coût du développement est très élevé et je pense que si l’on compare avec ce qu’il était il y a quelques années, il a beaucoup augmenté. Nous devons contrôler ces coûts, nous devons essayer de les réduire. En fait, nous avons simplement changé les règlements, nous avons essayé de geler autant que possible les développements de moteurs, nous avons essayé de réduire le fonctionnement des bancs d’essai pour les prochaines années, ce qui est certainement un pas en avant, mais finalement pas suffisant. »
« Je pense que nous aurons maintenant l’occasion de mettre en place une toute nouvelle réglementation en 2026 et je pense qu’en concevant cette nouvelle réglementation, nous devons non seulement décider quels seront les choix techniques ou les technologies que nous avons l’intention de développer, mais aussi examiner le coût du produit lui-même. Lorsque nous avons élaboré ou décidé de la réglementation de 2014, nous nous sommes beaucoup concentrés sur le format hybride, sur les technologies, en nous assurant que la F1 était en quelque sorte une plateforme d’innovation - mais nous avons complètement oublié le coût. Et je pense que ces dernières années, le coût de l’unité de puissance a certainement été trop élevé. »
« Maintenant, je pense qu’il s’agira d’une discussion importante que nous devrons éventuellement accélérer, essayer de comprendre la vision du format de l’unité de puissance du futur, parce que c’est le coût, c’est la technologie qui sera à nouveau un élément clé pour attirer de nouveaux motoristes ; si nous pouvons même éventuellement anticiper pour 2026, je ne sais pas vraiment. Je pense que le timing est très court, mais nous devons certainement accélérer la discussion et comprendre le format de l’avenir. »
De son côté, Toto Wolff regrette aussi un manque de communication de la F1 sur l’efficience des unités hybrides… Et d’avancer la même idée : plafonner, aussi, le coût des moteurs.
« Nous avons commencé à faire passer le message en 2014, avec Bernie (Ecclestone), le chef indien (sic), que tout cela n’est vraiment pas bon pour la Formule 1, que le bruit n’est pas suffisant et que, d’une manière ou d’une autre, on ne peut pas vendre son produit en en parlant de manière négative. Il nous manque donc toujours le message disant que ces moteurs sont une technologie hybride fantastique mais... ils sont beaucoup trop chers. Nous devons donc introduire un plafond de dépenses pour les groupes propulseurs qui soit clair, comme nous l’avons fait pour le châssis, afin de le rendre plus durable et d’attirer d’autres équipementiers à l’avenir. »