Même Red Bull attend une grille très resserrée cette année. Il est vrai que les écarts, au chronomètre dans le paddock, n’ont cessé de se réduire de Grand Prix en Grand Prix en 2023 – même si l’impression générale a été faussée par la pluie de records établis par Max Verstappen Red Bull.
Chez Aston Martin F1, Mike Krack est conscient qu’Aston Martin F1 pourrait tout aussi bien jouer les podiums que le top 10, au vu des faibles écarts, cette année.
Le patron de l’équipe verte appelle donc aujourd’hui les siens à rester mobilisés à 100 % (au minimum…), car le vent tourne rapidement sur cette grille aux performances compressées.
« La Formule 1 est sans conteste le championnat le plus compétitif de tous. Si l’on considère les tendances de développement de ces dernières années, la grille de départ est de plus en plus serrée. Vous devez être à votre meilleur niveau, tout le temps, et même cela n’est pas une garantie de succès. Si vous avez une semaine où vous n’êtes pas à la hauteur, vous perdez. »
« La Formule 1 vit une période intéressante. Un budget plafonné est entré en vigueur il y a trois ans, plafonnant les dépenses de chaque équipe. Au cours de cette décennie, le niveau de performance de chacun sera nivelé, tout le monde aura les mêmes dépenses en outils et des effectifs similaires. Ce sera un sport où les équipes qui sauront utiliser ces outils avec la plus grande efficacité et tirer le meilleur parti de leur personnel obtiendront les meilleurs résultats. »
« Il y a dix équipes en Formule 1, chacune conçoit sa propre voiture et en sort une nouvelle chaque année. Des équipes de 500 à 800 personnes ont travaillé isolément pour produire 10 prototypes de voitures différents. Et à Bahreïn, sur cinq kilomètres de circuit, l’écart de performance était de 0,7 %. »
Aston Martin doit changer de mentalité
Aston Martin F1 ne reste donc pas inerte et continue de se transformer. La nouvelle usine est en voie d’achèvement, mais l’infrastructure à elle seule ne pourra pas tout faire, poursuit Mike Krack.
Ce qu’il faut à Aston Martin F1, c’est un changement de mentalité. L’ex-Racing Point doit apprendre à penser comme Ferrari ou Red Bull, pas comme Force India.
« L’équipe grandit rapidement. Elle se transforme en une organisation plus grande et plus compétitive, capable de courir en tête de la grille de F1. Il ne s’agit pas seulement d’infrastructures, de ressources et d’effectifs. C’est aussi une question d’état d’esprit. »
« Il est très facile d’être un outsider... Cette équipe a bénéficié de ce statut pendant des années. Elle a fait de bonnes choses avec des ressources limitées et a apprécié ses triomphes occasionnels d’autant plus qu’ils étaient très rares. C’est facile parce qu’il n’y a pas d’attentes. »
« À l’autre bout de l’échelle, il y a des vainqueurs en série en F1, et ils ont le travail le plus difficile parce qu’ils sont tenus d’opérer à un niveau incroyablement élevé. Nous sommes sur la bonne voie pour devenir l’une de ces équipes, et si nous sommes honnêtes, nous avons encore une énorme pente à gravir. »
« Nous devons apprendre à faire face à ce niveau d’exigence. »
« Pour une équipe comme la nôtre, qui tente de franchir une nouvelle étape pour s’installer dans le peloton de tête, le plus important est d’avoir un plan. Au cours des trois dernières saisons, nous avons vu beaucoup d’investissements dans de nouvelles installations et un effort de recrutement pour les utiliser - et il est tentant de vouloir que tout produise des résultats tout de suite. Mais cela ne fonctionne pas comme ça. »
Aston a aussi recruté des ingénieurs de renom, comme Dan Fallows venant de Red Bull, mais là encore, le talent ou la compétence pure ne font pas tout. Il faut aussi le bon état d’esprit.
« Nous avons la chance d’être dans un secteur très attractif, d’avoir une marque très reconnaissable et un projet très ambitieux auquel les gens veulent participer, ce qui nous aide à recruter les meilleurs et les plus brillants - mais au-delà de cela, construire une équipe gagnante, c’est trouver des personnes qui correspondent à ce que l’on recherche. »
« Il ne suffit pas de trouver un candidat ayant les bonnes compétences. Nous devons trouver la bonne personne. De nombreux candidats nous arrivent très bien formés et souvent dotés d’un ensemble de compétences exceptionnelles - mais ce dont nous avons besoin, c’est d’une personne qui allie cela aux capacités de travail en équipe qui font le succès de la F1. »
« La stabilité émotionnelle est importante, de même que l’adhésion à notre culture et la gestion de la pression dans un environnement ultra-rapide. C’est un sport qui s’adresse à des personnes sereines qui restent calmes dans des situations de haute pression. »