Après son aventure mitigée chez Arrows, Pedro de la Rosa fut sélectionné, par Jaguar, pour devenir son pilote titulaire, en 2001 et 2002.
Cependant, malgré l’argent engagé, Jaguar ne parvint jamais à décoller. L’équipe serait ensuite vendue à Red Bull pour devenir Red Bull Racing…
En 2001, l’Espagnol ne marqua que deux fois des points ; et aucune en 2002.
Pour Motorsport Week, il a analysé l’insuccès de l’équipe verte (anciennement Stewart GP) : à quoi cela était-il dû ? À l’argent, aux personnes, au matériel, à l’usine… ou aux pilotes ?
« Je regarde en arrière cette époque avec tristesse, car le projet dans son ensemble était fantastique. »
« Il semblait que nous avions le budget, nous avions l’opportunité. »
« Mais l’équipe n’était pas prête à avoir la voiture verte. Je pense que je dis toujours que le plus gros problème était d’avoir toute l’équipe peinte en vert, avec le logo Jaguar, parce que l’équipe n’avait pas la structure, n’avait pas la soufflerie, n’avait pas vraiment les outils pour être une équipe comme ça. Et c’est ce qui nous a coûté l’opportunité. »
« Nous n’avions pas de voiture rapide. Nous étions en pleine croissance, nous avions besoin de plus de temps et je regarde toujours en arrière avec tristesse parce que j’ai toujours pensé qu’il y avait eu des erreurs stratégiques qui nous ont fait perdre l’opportunité de développer l’énorme potentiel que l’équipe avait. »
« J’avais le sentiment que c’était l’équipe qu’il fallait. Nous étions si près de signer Adrian Newey et il est venu [peu après chez Red Bull]. Nous étions si près de faire quelque chose de spécial, mais Adrian n’est pas venu, et nous n’avons pas eu le temps d’investir dans la soufflerie. Nous devions utiliser une soufflerie aux États-Unis et toutes les deux semaines, nos aérodynamiciens partaient travailler là-bas, puis revenaient. »
« Le potentiel était énorme, mais nous n’avons jamais eu le temps de répondre à ces attentes. Mais comme je l’ai dit, le plus gros problème a été de peindre la voiture en vert alors que nous n’étions pas préparés pour cela… »
De la Rosa pointe aussi du doigt le faible apport d’Eddie Irvine : le vice-champion du monde et ancien de Ferrari était supposé tirer l’équipe verte vers le haut, mais sa certaine paresse ou son caractère colérique n’ont pas aidé alors la structure...
« D’une certaine manière, j’étais trop immature pour être chez Jaguar parce qu’il y avait des choses qui, avec mon expérience chez McLaren, m’auraient davantage aidé. »
« C’est ce que j’attendais d’Eddie parce qu’il venait de Ferrari. Il était deuxième du championnat du monde et je n’ai pas compris après cela qu’il n’ait pas souligné ce que nous ne faisions pas, ce dont nous manquions. C’était tellement évident, pour moi, après avoir été chez McLaren, de le voir.. il n’y avait aucune chance que Jaguar finisse par gagner. »
« C’était donc triste d’une certaine manière, mais j’ai passé de très bons moments ensuite (après Jaguar), chez McLaren. J’ai rencontré des ingénieurs, des gens, des mécaniciens, des amis, des pilotes incroyables, et j’ai eu l’occasion de travailler avec Fernando [Alonso] et Lewis [Hamilton], deux des meilleurs pilotes de l’histoire de la F1 dans la même équipe… »
Aston Martin F1 peut-elle éviter un destin à la Jaguar ?
Désormais, De la Rosa est ambassadeur d’Aston Martin F1. Deux équipes qui investissent beaucoup, deux équipes vertes, deux équipes ayant de grandes ambitions...
Alors l’Espagnol est bien placé pour le savoir : Aston Martin F1 peut-elle devenir la prochaine Red Bull... ou la prochaine Jaguar ?
« Cette première année chez Aston a été incroyable et j’ai pris beaucoup plus de plaisir que ce à quoi je m’attendais, principalement à cause des gens. L’ambiance dans cette équipe est formidable, mais elle l’était déjà en novembre 2022, alors que l’équipe n’avait encore remporté aucun podium. »
« C’est très facile quand tout va bien, mais nous avons eu des courses difficiles et l’ambiance n’a pas changé. Nous avons très bien commencé, puis nous sommes entrés dans des courses où nous partions de la ligne des stands, ce qui était très difficile pour nous tous, mais les gens sont restés les mêmes. »
« Je pense qu’Aston a fait une progression incroyable en 2022 et que cela s’est poursuivi pendant l’hiver et lors des premières courses, en 2023. La progression est constante. Elle est raide et je ne suis pas surpris pour être honnête. Je suis heureux que nous ayons réussi à être là où nous sommes, mais ce n’est pas une surprise compte tenu de ce que j’ai vu à l’usine et des gens de l’équipe. »
« Si vous allez sur notre campus, vous comprenez pourquoi nous sommes là où nous sommes. Ce n’est pas comme à Jaguar, où l’on se dit qu’il va falloir des années et des années pour y arriver. Nous avons tout ce qu’il faut. »