En 2026, quand Audi motorisera pour de bon l’équipe Sauber qu’elle aura rachetée, Valtteri Bottas aura 37 ans. Le Finlandais sera-t-il alors assez affûté pour continuer à mener le projet de l’usine d’Hinwil dans sa nouvelle phase ?
2026 est cependant une échéance assez lointaine : pour le moment, Valtteri Bottas semble comme vivre une deuxième carrière, plus épanouie, dans une position de leader d’équipe qu’il n’avait évidemment pas chez Mercedes, aux côtés de Lewis Hamilton.
Alors, à quel point cette position de leader d’équipe, de mentor de Guanyu Zhou, de référence en somme, lui plaît chez Sauber ? Valtteri Bottas s’est confié alors que l’Alfa Romeo C43 a été présentée ce matin…
« Cela fonctionne absolument, je m’y plais et je ne voudrais pas être à un autre endroit. »
« J’ai eu suffisamment de temps pour me préparer à prendre le projet Sauber comme un vrai projet, je ne m’attendais donc pas à ce que tout se règle magiquement du jour au lendemain. Cela m’a aidé mentalement à ne pas être frustré si nous n’atteignons pas les objectifs. »
« Cinq ans dans ce rôle [de numéro 2 chez Mercedes] dans mon équipe précédente m’ont suffi. J’ai été là, j’ai fait ça et maintenant il est temps de faire quelque chose de nouveau. J’aime vraiment ça. »
Le fait de ne plus avoir des contrats d’un an, et d’être tout le temps sous pression, soulage énormément Valtteri Bottas...
« Ce que je ressens en F1 et dans ma vie en dehors de la F1… tout est dans un très bon équilibre maintenant et certainement, c’est un environnement avec moins de pression pour moi. Cela vient naturellement aussi quand vous êtes le pilote le plus expérimenté de l’équipe. Bien sûr, je veux toujours faire mes preuves, mais je n’ai pas besoin de faire mes preuves à l’équipe tous les six mois, car nous avons un contrat de plusieurs années. Cela fait donc une différence pour moi. »
D’autant plus que se faire battre par Lewis Hamilton à chaque saison a fini par beaucoup peser sur lui...
« Pour une nature aussi compétitive, il était difficile d’accepter que je n’étais pas aussi bon. Ce n’est que l’année dernière que j’ai pu accepter que Lewis était un meilleur pilote. Je me suis toujours demandé comment je pouvais le battre et gagner le championnat du monde. Ce furent cinq années assez épuisantes. Je voulais tout gagner tout de suite, et puis quand ça ne s’est pas fait, c’était difficile à accepter. »
Audi va-t-elle faire de Sauber une équipe championne ?
Même si Sauber a encore trois saisons à faire avant l’arrivée d’Audi, tout le monde se projette déjà sur 2026. Avec l’unité de puissance d’Audi, mais aussi et surtout son soutien financier et technique, Sauber a-t-elle le potentiel pour hausser son niveau de jeu, et devenir une équipe championne du monde ?
De ce qu’il a vu à Hinwil, qu’en pense Valtteri Bottas ?
« C’est réaliste d’y penser. Les infrastructures sont le facteur clé. Oui, nous pourrions faire avec quelques personnes de plus et oui, nous pouvons encore faire avec un peu plus d’argent. Mais la base est là. »
« La soufflerie est l’une des meilleures et les gens sont bons. On a l’impression que l’équipe est jeune et que beaucoup de gars ont essayé de sortir des sentiers battus, alors qu’ils auraient pu juste copier d’autres équipes, ce qui est bien. Je vois donc tout le potentiel. »
« Je m’attends à ce que l’année 2023 soit une étape supplémentaire, notamment en matière de constance et de fiabilité. Puis l’année suivante devrait être une autre étape. À un moment donné, Audi commencera à soutenir plus fortement l’équipe et alors nous verrons. »
« C’est évidemment plus loin dans le futur et mon contrat ne dure pas aussi longtemps. Mais tout le potentiel est là. »
Bottas aimerait être là quand Audi arrivera
Bien qu’il ait déjà 33 ans, il a encore plusieurs saisons devant lui, des saisons qu’il veut voir en tant que pilote Audi.
« J’ai maintenant 33 ans, j’ai toujours l’impression d’avoir des choses à apprendre. Je peux encore être plus rapide que maintenant. J’ai l’impression d’avoir beaucoup à donner à la Formule 1, donc je prévois de rester un moment en F1. »
« Je suis vraiment ouvert sur mon avenir. J’aime les États-Unis et il y a beaucoup de catégories intéressantes dont l’IndyCar, mais ce n’est pas encore dans ma tête. Je me verrais très probablement avec Audi, si c’est possible. »
« Je pense que c’est une énorme opportunité pour Sauber et que cela pourrait être un projet vraiment très intéressant auquel participer. »
Retour à 2022...
La deuxième moitié de saison 2022 ne présage cependant rien d’extraordinaire pour Sauber cette année : car l’équipe a marqué 51 de ses 55 points lors des 10 premiers Grands Prix de la saison. Le bilan fut donc rachitique et famélique en deuxième moitié de saison...
« Ce fut un défi pour nous, certainement. Une fois que nous nous sommes habitués à marquer à chaque course et même dans le top 6, soudainement, ne pas pouvoir marquer de points pendant une longue période devient frustrant - parce que nous avons pris goût à être constamment dans le top 10. »
« Il y avait différentes raisons à cela. L’une d’entre elles était la fiabilité, il y a eu quelques incidents et d’autres équipes nous ont dépassés dans la course de développement. Les évolutions nous ont permis de revenir dans le top 10, ce qui est notre place. »
Quand Sauber apporte des évolutions, au moins, cela fonctionne donc : ce qui rend optimiste le Finlandais. Qui reconnaît cependant que Sauber doit travailler sur un de ses points faibles, la production en temps rapide des pièces.
« Et ces évolutions avaient été planifiées il y a très, très longtemps. Une faiblesse que nous avons en tant qu’équipe est la vitesse de production. Les gens travaillent d’arrache-pied pour produire les pièces, mais nous n’avons tout simplement pas assez de personnel. J’espère que cela va s’améliorer à l’avenir. »
« Je peux voir une différence par rapport à Mercedes. Je ne sais pas en détail combien de temps il fallait pour fabriquer un aileron avant, alors qu’il est prêt et conçu, mais le délai est définitivement plus long ici que chez Mercedes. »
Bottas sur son style de pilotage
Chez Sauber, Valtteri Bottas s’est également très bien adapté au nouveau règlement aérodynamique de 2022 comme au style de pilotage de la Sauber. D’où est venu ce surcroît de confiance ?
« J’ai trouvé le rythme et le feeling avec la voiture assez rapidement et je n’ai pas eu à changer grand-chose dans mon style de pilotage, il n’y a pas eu énormément de travail d’adaptation. Tout était assez naturel. »
« Je ne sais pas si c’est le règlement, mais j’ai l’impression que la voiture est peu sensible en termes de performance. Si je veux que la voiture se comporte comme je le veux, elle le fera. Parfois, dans le passé, cela rendait la Mercedes beaucoup plus lente en termes de temps au tour, mais ici, chez Sauber, elle semble moins sensible et je peux régler la voiture un peu plus comme je le veux vraiment et ce n’est pas plus lent, nous ne perdons pas d’appui ou de performance. »
« Cela m’a juste donné confiance. Et certains des réglages que j’ai pu mettre en œuvre à partir de mon expérience précédente signifie que mécaniquement nous avons un peu plus de marge de manœuvre maintenant pour régler la voiture. »
« Sur le plan aérodynamique, nous allons dans la bonne direction. À basse vitesse, nous étions assez bons, la voiture était assez agréable et stable dans tout le virage, mais à haute vitesse, l’arrière est notre faiblesse. Donc je pense qu’avec le design de la voiture 2023, tout va dans le sens d’une fenêtre d’équilibre qui devient un peu plus constante. Cela devrait ouvrir encore plus d’outils de réglage. »
Valtteri Bottas semblait aussi parfois plus à l’aise que Lewis Hamilton chez Mercedes dans des situations spécifiques, notamment quand la voiture était limitée en entrée de virage...
« Je ne peux pas confirmer cette théorie à 100 %. C’est possible. J’ai souvent eu tendance à être fort en début d’année avec la nouvelle voiture, mais je n’ai toujours pas réussi à m’expliquer pourquoi. »