PDG d’Audi Formula Racing et supérieur d’Andreas Andreas Seidl, Adam Baker aura la charge de superviser l’arrivée du constructeur allemand en F1 (tout en continuant à gérer les programmes en DTM et en Formule E).
L’Australien presque quinquagénaire a une longue expérience dans le sport automobile en général et en F1 en particulier : il est passé par l’IndyCar, mais aussi par la F1 en travaillant pour Cosworth, Arrows, Jordan, Jaguar, Williams-BMW et BMW-Sauber.
Il s’est confié au journal espagnol AS sur les ambitions sportives du projet qu’il mène.
Tout d’abord, pour quelles raisons stratégiques Audi a-t-elle choisi d’investir autant pour une arrivée en F1, à travers Sauber ? Pourquoi la F1 est-elle si attractive ? Baker répond.
En clair, c’est tout le bilan de Liberty Media qui est salué : sur le plan de la nouvelle réglementation moteur, de l’attractivité de la F1 augmentée à travers Netflix, ou enfin sur le plan financier grâce aux budgets plafonnés, tout a été fait dans le bon sens, salue le PDG d’Audi Formula Racing.
« Il n’y a pas de raison unique, plusieurs facteurs se sont conjugués pour rendre la F1 extrêmement attractive pour les constructeurs automobiles, en particulier pour Audi. La F1 est dans une période de transition avec un concept de moteur plus durable - avec de nouvelles règles, qui introduiront des unités de puissance innovantes en mettant l’accent sur l’électrique, ainsi que des carburants plus durables. Cela s’inscrit dans la stratégie future d’Audi, axée sur la mobilité électrique. »
« En outre, la F1 a gagné en popularité. C’est de loin le meilleur outil médiatique et marketing du sport automobile, et l’un des meilleurs de tous les secteurs. »
« En même temps, la F1 a réussi à réduire ses coûts, ce qui la rend encore plus attrayante. Les moteurs 2026 seront assortis d’un plafond de dépenses, ce qui, en plus de limiter les coûts, offre une certitude quant aux budgets à long terme. Si vous souhaitez disposer d’une plateforme fantastique pour démontrer vos compétences et vos connaissances 24 fois par an, c’est ici qu’il faut être. »
Baker ne juge-t-il pas, cependant, que la F1 aurait dû passer à l’électrique ? Est-il suffisant d’avoir 100 % de carburants durables d’ici 2026, avec la nouvelle réglementation sur les unités de puissance ?
« La Formule 1 se positionne comme un laboratoire pour le développement de ces carburants après 2026, et leurs éventuelles applications commerciales et législatives. Ce sont des carburants qui peuvent être utilisés sur la route. Ils constituent une bonne solution pour faire avancer la décarbonisation des flottes de véhicules existantes utilisant des moteurs à combustion. »
« Si vous cherchez la solution la plus rapide pour réduire l’empreinte carbone dans le secteur de la mobilité, les carburants durables sont le meilleur moyen de résoudre ce problème grâce aux véhicules existants. »
Baker entend-il aussi participer à changer l’image d’Audi avec la F1, comme Mercedes y est parvenue ?
« La F1, c’est le pinacle du sport automobile. La course est dans l’ADN d’Audi, donc le mélange est parfait. Et la popularité de la F1 vous offre une plateforme parfaite pour démontrer notre expertise à un public mondial. La croissance de la F1 la rend encore plus attrayante. »
« Plus encore avec la variété des pays, avec la troisième course aux États-Unis. La F1 couvre les marchés les plus importants pour Audi, il s’agit d’un outil de sensibilisation mondial. »
Trois ans pour être vraiment compétitif
Le défi sportif pour Audi sera néanmoins immense : en tant que nouveau motoriste, les Allemands arriveront des années après Mercedes, Honda-Red Bull Powertrains, Ferrari et Renault. N’est-ce pas intimidant ? Ne peut-on pas craindre une catastrophe industrielle comme avec le dernier entrant en 2015 (Honda) ?
« Nous sommes conscients du défi qui nous attend. Il est intéressant pour Audi de s’engager en 2026 [avec un nouveau règlement sur les groupes motopropulseurs] car nous avons pris notre décision à temps. Nous avons 42 mois avant la première course. Au cours des 30 dernières années, ce doit être l’une des décisions les plus précoces de tout manufacturier. »
« En outre, 2026 est le début d’un cycle de réglementation, alors que d’autres motoristes sont généralement entrés au milieu d’un cycle. Les unités de puissance vont changer, mais aussi le châssis. D’une certaine manière, l’avantage des concurrents ayant une expérience passée peut être remis à zéro, et cela permet aux nouveaux motoristes d’être plus facilement compétitifs. »
Combien de temps faudra-t-il à Audi pour être compétitive ?
« Nous voulons être compétitifs dans les trois ans. C’est un objectif réaliste. Nous voulons nous battre pour les victoires dès la troisième année. »
Pour emmagasiner plus de données comme... plus d’argent, Audi envisage-t-il aussi de motoriser une autre équipe, en plus de Sauber ?
« La FIA peut nous demander de fournir des moteurs conformément aux règles. Si cela se produit, nous serons prêts, c’est certain. Mais pour l’instant, nous ne recherchons pas une équipe cliente, il est trop tôt pour cela. Nous allons nous concentrer sur notre programme avec l’équipe d’usine. »
2026 se prépare maintenant pour Audi et Baker : quel est le programme de travail pour les prochains mois ?
« Le travail à long terme commence maintenant, c’est-à-dire le développement de l’unité de puissance selon les nouvelles règles de 2026. La FIA continuera à travailler avec les équipes sur les règles de châssis pour 2026, qui pourraient être sensiblement différentes, et celles-ci seront, nous l’espérons, publiées dans leur première version à la fin de 2023, peut-être finalisées en 2024. Ensuite, nous commencerons le travail sur le châssis, nous alignerons les deux programmes et nous commencerons les essais en 2025 et la course en 2026. »