Romain Grosjean découvrira, après la F1, l’IndyCar cette année – même s’il ne courra pas sur des ovales pour épargner, émotionnellement, sa famille et ses proches. Un pilote de F1 passant en IndyCar ? L’histoire en est remplie.
Avant Romain Grosjean, quels pilotes de F1 se sont lancés outre-Atlantique ?
Mark Blundell par exemple, quand Sauber lui préféra Johnny Herbert en 1996, opta pour le championnat CART Indycar World Series. Après une saison difficile, marqué par un crash de folie pour son second départ à Rio, Blundell (qui faisait équipe avec un ancien de la F1 aussi, Mauricio Gugelmin) réussit une saison 1997 bien plus convaincante. Il finit 6e du classement (son coéquipier 4e), avec quelques victoires pour l’occasion, sans pour autant menacer le champion Alex Zanardi (qui avait fait le même chemin auparavant et allait refaire le chemin inverse, du CART à la F1).
Avant lui, Nigel Mansell était allé disputer une saison en Indy Car World Series, tout juste auréolé de son titre de champion du monde en F1 avec Williams, quand l’équipe britannique a attiré Alain Prost pour la saison 1993. Le Britannique a décroché le titre de Rookie de l’année... parce qu’il a décroché le titre ! Avec dix podiums dont cinq victoires, Mansell a battu Emerson Fittipaldi, ainsi que les spécialistes de la discipline tels que Paul Tracy, ou le champion 1992, Bobby Rahal.
Comme Mansell, Rubens Barrichello, le recordman de départs en Grand Prix après Kimi Räikkönen, avait 40 ans lorsqu’il tenta l’aventure IndyCar chez KV Racing Technology, et à l’occasion du changement réglementaire de 2012. Le Brésilien obtint un podium à Milwaukee et deux tops 5 en fin d’année. Sa régularité lui permit d’obtenir un classement final respectable. 11e de ses premières 500 Miles d’Indianapolis, Rubens est même élu Rookie of the year. Mais Barrichello n’eut pas de seconde chance. C’est pourquoi Rubinho se retourna vers son pays et les Stock Car V8 series, où il finit champion en 2014.
Takuma Sato a lui connu un destin américain particulièrement brillant. Le Japonais est même devenu une valeur sûre du championnat. Il n’a certes jamais fini mieux que 8e en 2017, avec Andretti Autosport (avec plus de dix saisons passées dans la discipline). Mais surtout, il a remporté à deux reprises les 500 Miles d’Indianapolis, en 2017 justement, et l’an dernier, et est ainsi rentré dans la légende américaine.
Justin Wilson, l’ancien pilote Minardi, peut aussi éclairer par son parcours Romain Grosjean : principalement parce qu’il courut dans la même équipe, celle de Dale Coyne. Avec cette petite structure, à l’époque, Wilson a réalisé de très solides performances. Il a gagné à une reprise, en 2012, et a fini 6e du championnat l’année d’après. En 8 participations aux 500 Miles d’Indianapolis, son meilleur résultat fut une 5e place, en 2013. Mais bien sûr, l’histoire de Wilson s’arrêta si brutalement, si brusquement, à Pocono, en 2015, où il reçut une blessure mortelle (débris de la voiture de Sage Karam) à la tête. C’est d’ailleurs pour des raisons de sécurité que Romain Grosjean ne courra pas sur ovale et aux 500 Miles d’Indianapolis… Le décès de Wilson, intervenu quelques années après celui de Dan Wheldon, et après l’accident de Felipe Massa en Hongrie, a encouragé la FIA à accélérer le développement du Halo, et l’IndyCar celui de l’Aeroscreen.
Le parcours de Johnny Herbert pourra lui servir de contre-exemple à Romain Grosjean. Arrivée en Champ Car avec de grandes ambitions, l’ex-coéquipier de Michael Schumacher échoua même de se qualifier en 2002 aux 500 Miles d’Indianapolis avec Duesenberg Brothers Racing.
Un parcours qui ressemble, du moins pour cette conclusion, à celui de Fernando Alonso ! Car bien sûr, chacun se souvient des tentatives, infructueuses (surtout la deuxième), de Fernando Alonso pour tenter de rafler la triple couronne (les 500 Miles d’Indianapolis sont le seul titre qui lui manquent, après le titre mondial en F1 et les 24 Heures du Mans).
Engagé avec McLaren Racing en 2019, Fernando Alonso ne réussit pas même à se qualifier, comme Herbert en son temps donc. Il était cependant passé bien plus proche de la victoire deux ans auparavant. Candidat à la victoire avec McLaren-Andretti en 2017 (photo), il avait vu ses espoirs partir en fumée, provoquée par la casse du moteur Honda
En 2020, avec Arrow McLaren SP, il put se qualifier, sans être jamais menaçant pour la victoire (26e en qualifications, 21e en course). Nul doute que l’Espagnol retentera ces prochaines années, après l’aventure Alpine… pour y retrouver Romain Grosjean, qui sait ?
Les parcours de Marcus Ericsson, Max Chilton et Alexander Rossi, et leurs critiques postérieures sur la F1, seront traités dans un second article…