La nouvelle a donc été officialisée aujourd’hui : Lawrence Stroll est devenu un investisseur majeur d’Aston Martin, et rejoindra le Conseil d’Administration de la marque en tant que président exécutif. Son arrivée permettra de faire de Racing Point l’écurie Aston Martin F1 à compter de 2021.
Lawrence Stroll, dont le poids dans le sport et dans l’industrie auto se renforce considérablement à l’issue de cette nouvelle, est revenu sur les raisons qui l’ont poussé à cet investissement significatif. Il a eu des mots en particulier pour la stratégie globale de la société – plus que sur l’équipe de F1.
« Au terme de la collecte de fonds de 500 millions de livres, je suis impatient de travailler avec le conseil d’administration et l’équipe de direction d’Aston Martin pour revoir et améliorer chaque aspect du domaine opérationnel et du marketing de la société. Je suis impatient aussi de continuer à investir dans le développement de nouveaux modèles et de nouvelles technologies et de commencer à rééquilibrer la production, afin de donner la priorité à la demande par rapport à l’offre. »
« Mes partenaires et moi-même sommes fermement convaincus qu’Aston Martin est l’une des grandes marques mondiales de voitures de luxe. Je crois que ce mélange entre le capital [nouvellement investi] et mon expérience dans l’industrie automobile et la création de marques mondiales à succès, fera qu’avec le temps, nous réaliserons le potentiel d’Aston Martin. »
Andy Palmer, directeur général d’Aston Martin, s’est lui aussi exprimé sur cette opération de rachat – qui ressemble à une opération sauvetage pour une entreprise en difficulté.
Pourquoi, tout d’abord, avoir fait confiance à Lawrence Stroll ?
« Lawrence et son consortium sont un groupe de personnes importantes, qui ont un certain poids, et c’est un grand signe de confiance dans Aston Martin et dans notre plan qu’ils aient investi en nous. Ils ont une grande expérience des marques de luxe » s’est justifié Palmer.
Il semble que, pour Andy Palmer, l’engagement de Lawrence en F1, auprès de son fils Lance et de Racing Point, ait aussi beaucoup compté dans la décision…
« Sur un plan plus personnel, Lawrence partage beaucoup de mes valeurs et de mes passions. Il a une passion pour la F1, et concernant la capacité de la F1 à pouvoir [être un argument] de vente pour des voitures Aston Martin, il peut voir la valeur du V6 hybride et plus encore. Et il aime les voitures ; c’est un investisseur qui veut s’engager. Il n’y aurait rien de pire qu’un investisseur désengagé. »
Pour Palmer, avoir une écurie officielle Aston Martin en F1 fait sens dans la stratégie globale du groupe, d’un point de vue commercial.
« En termes commerciaux, les marges bénéficiaires sont intéressantes [sur les voitures de série Aston Martin à moteur hybride], le marché est toujours en croissance et ouvert. Reliez cela à notre implication et à notre engagement dans la F1, plus l’arrivée de la Valkyrie en tant que voiture-star, et cela a du sens. »
La Valkyrie a été développée en partenariat avec Red Bull Technology ; or, le rachat par Lawrence Stroll signifie qu’Aston devra mettre fin à sa collaboration avec le groupe autrichien – futur concurrent en F1. Cela n’affaiblira-t-il pas durablement Aston, et notamment son projet de supercar Valhalla ?
« Valhalla a toujours été et continuera d’être une entreprise interne, tout comme est mené en interne le développement de notre moteur hybride V6 [pour les voitures de série]. »
Les ingénieurs de Racing Point pourront-ils travailler, à partir de 2021, sur des projets liés aux supercars Aston Martin ? Andy Palmer y pense clairement…
« Qui pourrait le dire aujourd’hui ? Mais c’est possible… »
Jusqu’à présent donc, Aston Martin était associée à Red Bull Racing en F1 ; désormais, c’est avec Racing Point que la marque unira ses destinées. Sur le plan marketing, n’est-ce pas prendre un risque que de passer d’une écurie de pointe à une écurie de milieu de grille ?
« Cela nous met face à un défi » admet Palmer. « Et, si vous parlez à M. Stroll, vous apprendrez rapidement qu’il n’est pas dans le paddock pour faire le nombre. Il investit dans l’équipe pour gagner, et nous ne voudrions pas nous engager avec une équipe qui n’a pas la moindre chance de monter sur le podium. »