Dans le cadre de la sortie de ’Brawn GP : la course impossible’ sur Disney+, que nous avons eu la chance de voir en avant-première, Ross Brawn est revenu sur cette aventure hors du commun dans l’histoire de la F1. Quatorze ans plus tard, il peine toujours à croire que cela se soit passé ainsi.
"C’était un conte de fées auquel on n’aurait jamais cru s’il s’était agi d’une fiction, mais il s’est réellement produit, ainsi que les circonstances qui l’ont motivé. Il est difficile d’imaginer que cela puisse se reproduire" admet Brawn à Talksport. "Tout s’est mis en place au bon moment, avec les bonnes personnes et un très, très fort vent arrière."
Pour Brawn, le documentaire est très représentatif de ce qu’était l’aventure, car il est "à propos des gens. Fin 2008, lorsque Honda a annoncé son retrait, nous étions 700 personnes et leurs emplois étaient en jeu."
"Ils ont tous travaillé énormément, dans l’incertitude totale de ce qui allait se passer. Si l’un d’entre eux avait déposé ses outils, nous n’aurions pas survécu. Ils ont tous travaillé avec un engagement et un dévouement incroyables pendant cet hiver, sans savoir ce que leur réservait l’avenir."
"Sans cela, nous n’aurions rien eu, c’est donc l’histoire de l’engagement, du dévouement et de la passion des gens. Pendant cette période d’incertitude, nous savions que, même si nous survivions, nous ne pourrions pas maintenir une équipe de cette taille parce qu’elle avait été financée par la puissance de Honda."
"En tant que petite équipe privée, nous avons presque dû réduire la taille de l’équipe de moitié. Mais c’est ce qui m’a toujours marqué : l’engagement et le dévouement de ces personnes."
"Il y a des jours où j’ai voulu m’en aller"
Lorsqu’il a pris la décision de racheter Honda, le Britannique révèle qu’il a eu une demande de sa femme Jean : "Ma femme était habituée à ce que je fasse des choses assez ambitieuses, mais ce projet était vraiment en haut de la pile des choses que j’avais acceptées. Elle m’a dit : ’Écoute, fais ce que tu veux, mais n’hypothèque pas la maison’."
"Et c’était sa seule contrainte. Quand vous êtes au milieu de tout ça, vous regardez les options qui s’offrent à vous, et soit vous vous retirez, soit vous essayez de faire quelque chose. Il y a eu des jours où j’ai voulu m’en aller, mais les gens autour de moi ne m’ont pas laissé faire."
"Je pense que j’ai pu faire la même chose avec eux, qu’il y avait des jours où ils en avaient assez. Ils ne voyaient tout simplement pas comment cela pourrait fonctionner. Mais nous avons tous réussi à nous convaincre les uns les autres que nous devions continuer à pousser, et les résultats sont arrivés."
Brawn a enfin un mot pour les pilotes, Jenson Button et Rubens Barrichello, dont il salue la constance et la prudence : "Les pilotes ont été parfaits. Nous n’aurions pas pu rêver d’une meilleure paire de pilotes avec Rubens et Jenson, car ils étaient rapides, mais aussi matures, et ils n’ont pas fait d’erreurs. Nous n’avions pas de pièces détachées."
"Nous avons abordé ces premières courses avec deux voitures et les pièces qui les composaient, mais très peu d’autres choses, très peu de pièces de rechange, pas de châssis de rechange, très peu de carrosserie. Si nous avions eu un accident, il y aurait eu une voiture qui n’aurait pas pu courir, et ils ont été formidables. Je n’aurais pas pu imaginer un meilleur duo de pilotes."