Alors que Ross Brawn s’apprête à quitter la F1 à la fin de la saison, même s’il restera disponible pour la FOM pour son expertise, le Britannique s’est attardé sur le déroulement de cette saison.
Et nul doute qu’il attendait mieux après les premiers Grands Prix, en termes de duel entre Red Bull et Ferrari pour les deux championnats.
"Oui, c’est frustrant mais certainement encore plus pour Ferrari," confie Brawn.
"La chose positive est qu’ils ont une voiture qui évolue maintenant à l’avant. Mais permettez-moi de le dire ainsi : ils ont souvent agi de manière malheureuse. Je peux sympathiser avec eux parce que certains étaient là quand j’étais avec Ferrari."
"Il en va de même pour Mercedes, bien sûr. L’ingénieur en chef Andrew Shovlin ou le stratège James Vowles ne sont que deux des nombreuses personnes qui étaient déjà chez BrawnGP en 2009 lorsque nous avons remporté le championnat du monde avec Jenson Button. Même chez Alpine il y a encore des gens qui travaillaient avec moi quand on s’appelait Benetton."
"Red Bull a pu régler rapidement ses problèmes de fiabilité, alléger sa F1 et dérouler son savoir-faire, avec un Max Verstappen infaillible et en confiance."
Brawn admet être impressionné par le Néerlandais.
"Sa domination à Spa m’a rappelé Michael Schumacher à son meilleur. Lorsque vous avez une voiture parfaite et des pilotes comme Michael ou Max dans le cockpit, ils conduisent comme s’ils étaient sur une autre planète. Ensuite, en tant que spectateur, vous ressentez une certaine magie. Vous ne pouvez pas oublier qu’il y a toujours un autre pilote avec la même voiture qui ne peut pas faire la différence. Bien sûr, nous voulons des combats acharnés entre de nombreux pilotes. Mais en même temps, ne voulons-nous pas voir les magiciens qui se démarquent des autres ?"
"Max est la référence, sans aucun doute. Tout comme Michael. L’avenir montrera s’il peut tirer le maximum d’une journée de course où la voiture n’est pas si bonne. C’était l’une des nombreuses forces de Michael. Mais Max est encore jeune et il semble avoir fait un pas dans la bonne direction à cet égard également."
Hamilton est au crépuscule de sa carrière mais...
Quant à Lewis Hamilton, qui se dit toujours très motivé et volontaire pour décrocher un 8e titre mondial, "il est au crépuscule de sa carrière. Mais cela ne veut pas dire que c’est encore fini. Cette année, depuis extrêmement longtemps, il a une voiture avec laquelle il ne peut pas gagner. Il met donc beaucoup d’énergie à changer cela. Pour lui, c’est une sorte de test de son caractère et son envie de gagner. Il se pourrait bien que son équipier, George Russell, ait plus envie que lui encore."
"Vous pouvez comparer un peu la situation de Lewis avec le retour de Michael avec Mercedes en 2010. En tant que pilote, vous devez toujours décider si vous voulez faire partie de la solution ou du problème. Michael a redéfini son rôle à l’époque, il faisait donc partie de la solution et a aidé à construire l’équipe qui allait remporter huit titres consécutifs de constructeurs. Il s’est sacrifié pour l’avenir de l’équipe, pour ainsi dire, et a joué un rôle clé en jetant les bases de son succès."
Brawn en profite ainsi pour rappeler que le travail de Schumacher à l’époque était "sous-estimé".
"Il était toujours aussi rapide. Il l’a prouvé en 2012 avec la pole position à Monaco. Vous ne pouvez pas l’obtenir à moins que vous n’ayez toujours cette capacité spéciale. Et comme Lewis avec George, Michael avait un jeune équipier, Nico Rosberg, qui était incroyablement bon. Nico était également sous-estimé à l’époque. Tout le monde pensait qu’il n’était qu’un deuxième choix, mais c’était un gars très ambitieux et plus tard il est devenu champion du monde contre Lewis."
"Lewis reviendra, j’en suis convaincu. Tout comme son équipe. Je crois que les périodes de faiblesse que vous devez surmonter vous rendent encore plus fort. Je le sais par ma propre expérience."
"Il faut se rappeler que nous avons perdu de peu trois titres mondiaux avant d’y arriver chez Ferrari avec Michael en 2000. Les trois années précédentes ont été une rude épreuve. L’équipe aurait pu s’effondrer par déception. Mais c’était le contraire : nous nous sommes encore rapprochés et nous nous sommes améliorés. Nous avons beaucoup appris et avons finalement transformé nos faiblesses en forces."