Après Red Bull et dans une moindre mesure Aston Martin F1, quelles seront les prochaines équipes à avoir enfreint le règlement financier sur les budgets plafonnés ? La FIA a rappelé qu’elle est en train d’auditer les budgets pour l’année 2022, un processus qu’on imagine particulièrement complexe.
Federico Lodi, Directeur du règlement financier pour les catégories monoplaces à la FIA (F1 et Formule E), est en charge de cette supervision. Et les attentes sont grandes alors que certains médias, notamment en Allemagne, ont rapporté que deux ou trois équipes seraient en infraction.
Mais Lodi appelle chacun à garder la raison : auditer prend du temps, et certes, s’il est regrettable d’attendre l’été 2023 (au mieux) pour connaître l’existence (ou pas) d’infractions, la FIA fait tout pour accélérer les délais.
Comment fonctionne d’ailleurs le processus ?
« Nous en sommes effectivement à la troisième année de ce règlement. Le premier cycle complet d’examen a eu lieu en 2022 sur la base de la soumission de 2021 et, dans l’ensemble, l’expérience a été positive pour nous et pour les équipes. Nous sommes maintenant bien avancés dans l’examen de 2023 des candidatures de 2022. »
« Le processus fonctionne comme suit : avant la soumission complète, il y a une soumission provisoire qui est mandatée pour le 30 juin de la saison en cours, donc pour la saison 2022, les équipes nous auraient envoyé leur soumission provisoire en juin de l’année dernière - et la soumission complète le 31 mars de cette année. La soumission provisoire a pour but de permettre aux équipes de comprendre où elles en sont dans leurs prévisions de dépenses, et pour nous d’essayer d’anticiper toute discussion qui pourrait en résulter. Il y a donc un peu de travail préparatoire avant que les données complètes ne soient soumises. »
Et pourquoi ne connaît-on pas encore la liste des équipes ayant enfreint les budgets plafonnés pour l’an dernier ? Le temps commence à presser...
« Toutes les équipes ont présenté leur dossier complet avant le 31 mars et le premier mois suivant cette date est consacré à l’examen approfondi des informations soumises. Et lorsque nous parlons de soumission, il ne s’agit pas seulement de quelques feuilles. Chaque soumission est composée d’un document de 150 à 200 pages, ce qui signifie qu’il y a beaucoup de documents à examiner. Le premier mois est donc généralement consacré à un examen détaillé de toute la documentation afin d’identifier les domaines qui nécessitent une analyse un peu plus approfondie. »
« Nous identifions ensuite les questions de suivi et demandons plus de documentation, si nécessaire, en préparation de notre arrivée prévue dans les usines et infrastructures des équipes. »
Lodi confirme donc que les audits sur place de la FIA ne se font qu’après-coup et a posteriori, en cas de doute. En premier lieu, la FIA fait confiance aux documents soumis par les équipes.
« C’est après que nous entreprenons un audit sur place, qui commence généralement au début du mois de mai. À partir de là, nous passons des mois sur la route, à visiter les équipes les unes après les autres et à approuver leur dossier. »
La FIA souhaite bien accélérer les délais d’examen des dossiers. La FOM et Liberty Media aussi : Stefano Domenicali n’a jamais manqué de mettre gentiment la pression à Mohammed Ben Sulayem sur ce point... Mais tout cela est compliqué, souligne Lodi.
« Maintenant, je suis convaincu que les doutes que tout le monde avait l’année dernière ont été clarifiés. J’espère donc qu’à l’avenir, nous aurons de moins en moins de différences d’interprétation en ce qui concerne les règlements. Même s’ils discutent encore chaque semaine de la manière d’interpréter les choses. »
« Simplement, plus tout le monde s’habitue au règlement, plus vous vous habituez au processus, plus nous sommes structurés, plus il est clair que le temps sera réduit. Mais nous devons être réalistes, car je ne pense pas qu’il soit possible de finaliser l’examen au bout d’un mois ou de 45 jours. Cela dépend aussi des conclusions, car s’il faut ouvrir une enquête formelle, cela prend du temps. Il y a des avocats impliqués, des conseils consultatifs, et le processus est donc long. Mais nous avons un objectif clair à l’esprit, à savoir accélérer le processus. »
« Je pense que la première année, il y avait un peu d’incertitude, car c’était la première fois qu’une réglementation financière était introduite dans le sport automobile professionnel. Pour les équipes, c’était un peu difficile, parce que les règlements sont objectivement compliqués, parce que les activités que nous devons réglementer sont compliquées. »
La FIA entre pédagogie et répression
Afin de mener avec efficacité ces contrôles, Lodi assure aussi que la FIA est en dialogue constant avec les équipes, pour améliorer le processus et faire évoluer les règlements en cas de faille. Comme récemment sur les dépenses écologiques.
« Bien sûr, les règlements ne sont pas gravés dans le marbre. Il est clair que certaines modifications doivent être apportées. Et nous essayons constamment de faire évoluer les règlements. C’est un processus d’apprentissage pour tout le monde. Nous essayons donc, chaque année, d’améliorer le cadre réglementaire. »
« De toute évidence, ces différences d’interprétation ont conduit à des modifications du règlement ou à des clarifications dans un souci de clarté. Il s’agit donc d’un processus évolutif. Nous avons le Comité consultatif financier qui est composé d’un représentant de la FIA, d’un représentant de la FOM et d’un représentant de chaque équipe. Cet organe est là pour discuter et proposer des amendements aux règlements qui seront présentés à la Commission F1 et à l’étape finale, le Conseil mondial du sport automobile. »
« L’année dernière, le nombre de demandes de clarification a varié considérablement d’une équipe à l’autre. Je pense que c’est une autre leçon que tout le monde a tirée de l’année dernière. Ce que nous avons constaté après l’année dernière, c’est qu’aujourd’hui, presque toutes les équipes sont très ouvertes et essaient de discuter avec nous de tous les doutes qu’elles ont à l’avance. C’est un autre aspect qui, nous l’espérons, réduira le risque de malentendus. »
Le règlement financier est-il donc assez solide aujourd’hui ? La FIA est-elle prête à sévir de manière plus forte qu’avec Red Bull l’an dernier ?
« Le règlement est plus solide, je pense, oui. En tant que régulateur, si nous constatons une infraction, nous devons faire notre travail. Je comprends que le calendrier n’était peut-être pas idéal pour les fans, mais les règles sont là pour être respectées et nous devons faire ce que nous avons à faire. Malheureusement, s’il y a une infraction, les règlements la trouveront et il y aura des conséquences. »