Afin de renforcer le contrôle du règlement financier et des budgets plafonnés, la FIA est passée de 4 à 10 auditeurs (voir notre article).
Cela reste très peu : car les auditeurs (sur le plan comptable ou technique) sont censés vérifier, a posteriori seulement, les déclarations des équipes sur l’utilisation de leurs budgets. En clair, par exemple, il s’agit de vérifier si une équipe n’a pas ‘omis’ de déclarer certaines évolutions, ou si elle n’a sous-estimé la valeur d’une pièce, d’un ‘run’ en soufflerie, etc.
C’est donc un travail titanesque et potentiellement explosif. Sur le papier, la FIA a bien le pouvoir de sanctionner rétroactivement une équipe, jusqu’à lui retirer des points, voire plus.
On attend d’ailleurs toujours le résultat des enquêtes de la FIA pour l’année 2022. Plusieurs équipes, peut-être Red Bull, Aston Martin F1 ou Mercedes, seraient en infraction… Verdict courant septembre !
Passer de 4 à 10 auditeurs, cela représente un progrès donc pour la FIA.
Paul Monaghan, l’ingénieur en chef de Red Bull, a-t-il confiance dans le processus du règlement financier ? La FIA a-t-elle les moyens de mesurer techniquement ce que font les équipes ?
« Je ne peux pas commenter ce que la FIA fait au sein des autres équipes. C’est à nous de démontrer notre légalité. De par la nature des règlements actuels, même depuis 2010 lorsque la restriction des essais aérodynamiques est entrée en vigueur, la FIA doit effectuer une sorte d’audit pour établir que nous sommes dans la légalité, ce qui dure depuis un certain temps. »
« Aujourd’hui, le champ d’investigation est plus large, nous avons une liste croissante de pièces listées, il faut prouver qu’on les respecte. Nous sommes interrogés sur les budgets plafonnés, nous sommes interrogés sur toutes sortes de choses et comme je le dis, la seule façon de prouver que nous sommes dans les règles, c’est en visitant l’usine de l’équipe. Cela peut être aléatoire, cela peut être planifié. Je suppose que personne n’a rien à cacher et que nous ne devrions donc pas le craindre. C’est un peu gênant, mais c’est la vie de temps en temps, n’est-ce pas ? »
Au sein de la FIA, c’est Dominic Harlow, ancien de Force India, qui supervise aujourd’hui l’équipe des auditeurs techniques (les ingénieurs qui ont les compétences techniques pour s’intéresser par exemple aux pièces F1, pas les auditeurs financiers spécialistes des comptes).
Tom McCullough, responsable de la performance chez Aston Martin F1, a toute confiance en un ancien de l’équipe de Silverstone.
« Oui, Dominic et son équipe... Nous connaissons Dominic depuis de nombreuses années, ainsi que certains de ses collègues, et ils viennent ici et font leur travail. La gouvernance est très importante, qu’il s’agisse de l’aspect financier ou de l’aspect technique, et vous savez, il n’y a rien à cacher, cela fait partie du travail. »
Enfin Enrico Cardile, le directeur du département châssis chez Ferrari, peut-il assurer que pas un centime de trop n’a été dépensé à Maranello ?
« Chez Ferrari, nous travaillons avec la FIA pour nous conformer à tous les règlements. Et nous faisons confiance à la FIA pour ses contrôles. Rien à ajouter. »