Comme nous vous le rapportions récemment, la FIA a décidé de durcir sa surveillance sur un sujet crucial des budgets plafonnés - car une faille majeure pourrait avoir été exploitée par plusieurs équipes.
La FIA soupçonne certaines équipes de rebasculer certaines dépenses liées à la F1 vers leurs entités technologiques subsidiaires : comme Red Bull Advanced Technologies du côté de Red Bull Racing, ou Aston Martin Performance Technologies du côté d’Aston Martin F1 (aucune équipe n’a été officiellement incriminée).
Bien évidemment, l’avantage à en tirer est massif, puisque les dépenses des groupes automobiles, au-delà de l’activité F1, ne sont pas plafonnées. Et cela a aiguisé la colère de Toto Wolff qui on le sait, soupçonne une certaine équipe au taureau ailé…
Du reste, quand on interroge Toto Wolff pour savoir s’il pense que des équipes exploitent ces failles réglementaires, sa réponse est sans ambages.
« Je pense que oui. Absolument. »
« Mais le travail que la FIA a réalisé pour nous auditer a été considérable et a demandé beaucoup d’efforts, et je ne doute pas qu’elle fera de même avec les autres équipes. Si quelqu’un s’est montré cavalier ou a triché, ils le découvriront. »
« L’audit, les questions qui nous ont été posées et la façon dont l’audit s’est déroulé ont été difficiles et diligents et ont demandé beaucoup d’efforts de notre part. »
« Bien qu’il soit difficile de faire respecter ces règlements sur le plafonnement des coûts, il est formidable de voir tous les efforts déployés pour les contrôler. »
« Je pense que nous avons reçu une centaine de questions pour lesquelles nous avons demandé plus de détails. Il me semble donc qu’il existe une bonne approche. »
Mais Mercedes n’est-elle pas aussi visée par la FIA ? L’équipe était-elle en règle, a-t-elle eu à changer quelque chose selon Toto Wolff ?
« Nous avons une seule entité, et cette même entité s’occupe de toutes les activités liées à la F1 et de certaines activités non liées à la F1, comme la Coupe de l’America, qui est la plus grande activité pour certains de nos clients non liés à la F1. »
« Tout est transparent. Tout est ouvert. Nous n’avons pas créé de filiales, ni d’autres sociétés, et il n’y a pas de participations croisées. Tout est sur la table. »
« À cet égard, nous n’avons rien à cacher. Chaque détail de notre travail en dehors de la F1 est présenté à la FIA, et j’espère que nous pourrons servir de modèle à d’autres équipes. »
Horner ne s’estime pas visé par la FIA
De son côté, Christian Horner ne s’estime pas particulièrement visé par le durcissement de la FIA. Il salue même le plus de clarté apportée par la nouvelle directive technique.
« Nous avons eu une période très constructive avec la FIA et, en tant qu’organisation, nous avons mis en place un grand nombre de processus pour se conformer aux règles. »
« Au fur et à mesure que les règlements et des choses comme cette directive technique numéro 45 s’affermissent, cela ne fait que créer plus de clarté. Je pense que le problème, au début, réside dans l’ambiguïté d’un tout nouvel ensemble de règles. Au fur et à mesure que les règlements mûrissent à bien des égards, ils deviennent plus clairs. »
« Nous n’avons pas eu à apporter de changements à la suite de cette directive technique. »
« Il est évident que toutes les structures commerciales sont très différentes. Par exemple, Ferrari agit comme une seule entreprise avec l’ensemble des activités liées aux voitures de route. Leur soumission est donc quelque peu différente de celle des équipes qui se concentrent uniquement sur la F1. »
« Chez Red Bull, nous avons Red Bull Racing, Red Bull Powertrains, Red Bull Advanced Technologies et Red Bull Advanced Services. Il s’agit donc d’une série de sociétés qui doivent toutes interagir les unes avec les autres. Mais nous avons travaillé en étroite collaboration avec la FIA, qui a fait un travail très approfondi. »
Déjà des conséquences pour McLaren
Ce n’est pas le cas chez Red Bull, mais la nouvelle directive technique émise par la FIA a pourtant déjà enclenché changements dans certaines équipes.
Chez McLaren par exemple, il a été créé la division McLaren Advanced Projects pour s’assurer de bien séparer les activités F1 du reste des activités du groupe McLaren.
Andrea Stella, le directeur d’écurie, explique la portée de ces changements.
« Nous nous félicitons de cette approche de la FIA et nous pensons qu’un contrôle rigoureux est absolument nécessaire. »
« La structure des équipes est assez complexe, ce qui peut créer des opportunités ou parfois un manque de clarté, et il pourrait y avoir une certaine exploitation des règles, disons. »
« Nous avons créé très récemment McLaren Advanced Projects, une unité d’ingénierie totalement distincte de l’activité de l’équipe de F1. »
« Elle a été créée à la lumière de ce que nous savions venir d’un point de vue réglementaire, et nous travaillons avec la FIA pour, le cas échéant, rendre le contrôle et les règlements encore plus stricts ici, parce que l’écart de coût est l’élément fondamental pour avoir une grille jouant à armes égales, ce qui rendrait ce sport et la course beaucoup plus excitants. »
La saga des budgets plafonnés n’est donc peut-être pas terminée... Une équipe sera-t-elle en infratction, comme Red Bull et Aston Martin l’an dernier ?