Marcin Budkowki, le directeur exécutif d’Alpine F1 Team, a intégré l’équipe (ex Renault F1) en avril 2018 après avoir occupé des fonctions chez Prost GP, Ferrari, McLaren et au sein de la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA).
Le Polonais est maintenant bien établi et a conservé son poste clé au sein de la direction. Il se confie sur la saison à venir et ses attentes.
Quelles sont vos attentes pour la saison 2021 de Formule 1 ?
La pandémie de Covid a provoqué le report de la nouvelle règlementation à 2022 et de nombreux éléments des voitures ont été gelés pour 2021. Cette saison s’inscrit donc comme une prolongation de 2020. Cependant, la FIA a imposé certains changements aérodynamiques pour réduire les appuis et protéger les pneumatiques. Nous avons ainsi été contraints de redévelopper l’arrière de la monoplace et nous avons travaillé pour améliorer chaque aspect qui n’était pas déjà homologué.
En raison de cette stabilité relative du règlement, nous n’attendons pas trop de bouleversements dans la hiérarchie, mais les écarts sont tellement infimes en milieu de tableau que nous prévoyons des batailles extrêmement serrées sur chaque circuit. Nous savons que de petites différences de performances peuvent faire une grande différence dans la position finale au championnat. Nous espérons repartir sur la lancée de la dernière saison, notamment la seconde moitié où nous avons signé trois podiums, et poursuivre sur cette dynamique cette année.
Quels sont les défis auxquels l’équipe a dû se préparer pour cette année ?
L’année qui s’est écoulée a naturellement été difficile pour tout le monde. Du point de vue de la Formule 1, nous avons dû composer avec les restrictions imposées par la pandémie, mais les organisations de F1 sont agiles et douées pour répondre à ce type de défi. Dès que nous avons pu rouvrir l’usine, nous avons dû nous adapter aux règles de distanciation sociale avec une grande partie du personnel travaillant à domicile. Cela a eu un impact sur le travail collaboratif puisque nous n’étions plus côte à côte pour échanger des idées et travailler de façon créative, mais nous avons pu adopter des approches innovantes. Nous avons aussi dû ajuster notre manière d’opérer pour maintenir notre capacité de production tout en préservant la santé des membres de notre équipe.
Comment l’équipe équilibre-t-elle la saison 2021 avec les préparatifs pour 2022 ?
En plus du report de la nouvelle réglementation, il a également été décidé début 2020 d’imposer une interdiction temporaire du développement aérodynamique pour 2022, à la fois en soufflerie et en CFD jusqu’au 1er janvier dernier. Cela amène des défis intéressants, dans la mesure où nous devons être prudents entre la tentation de développer l’A521 le plus longtemps possible et la montée en puissance du projet 2022. C’est un numéro d’équilibriste auquel toutes les écuries sont confrontées, mais ces changements sont d’une ampleur inédite en F1, ce qui renforce l’importance de commencer tôt sur le concept initial. Toutes les équipes font face à ces décisions et il sera fascinant de voir à quel moment les autres basculeront leur attention sur 2022 et l’impact que cela aura sur la saison actuelle.
L’équipe a un nouveau duo de pilotes, que pensez-vous de Fernando Alonso et Esteban Ocon ?
C’est un superbe duo. La motivation de Fernando est incroyable et c’était véritablement impressionnant de l’observer à l’œuvre au volant et avec ses ingénieurs aux essais d’Abu Dhabi l’an passé. Il a le professionnalisme d’un pilote expérimenté combiné à la faim d’un jeune loup. Esteban est monté en régime tout au long de l’année dernière et a été récompensé par une deuxième place bien méritée au Grand Prix de Sakhir. Esteban travaille très dur et je m’attends à un nouveau pas en avant puisqu’il pourra capitaliser sur son expérience lors de sa deuxième campagne parmi nous. Il est important qu’ils travaillent bien ensemble et avec l’équipe comme nous voulons qu’ils jouent un rôle crucial dans le développement de la voiture cette année tout en nous fournissant des retours essentiels au simulateur sur les directions à prendre pour 2022.
Qui est Marcin Budkowski ?
Diplômé de l’École Polytechnique de Paris en 1999, Marcin poursuit ses études jusqu’en 2001 à l’Institut Supérieur de l’Aéronautique et de l’Espace (ISAE SUPAERO) et à l’Imperial College de Londres, où il se spécialise en aéronautique et en aérodynamique.
Budkowski commence sa carrière en F1 en tant qu’aérodynamicien chez Prost GP en 2001 avant de rejoindre Maranello pour travailler avec Ferrari entre 2002 et 2007, une période marquée par la conquête de plusieurs titres mondiaux.
Parti chez McLaren en 2007, il endosse différents rôles techniques à l’usine et en piste, notamment l’année du sacre de Lewis Hamilton en 2008, puis il est nommé aérodynamicien en chef en 2012.
Après sept années chez McLaren, il épaule Charlie Whiting à la FIA en tant que coordinateur technique et sportif du groupe de travail dédié à la F1 dès 2014, puis responsable du département technique de la FIA pour la Formule 1 à partir de 2017.
Budkowski est basé au siège d’Enstone dans l’Oxforshire. Il supervise les opérations d’Alpine F1 Team, mène les équipes responsables du développement, de la production et de l’exploitation de la voiture tout en veillant à la bonne harmonie et à la coopération entre les entités châssis et moteur. Il représente également l’écurie au sein de la Commission F1 et contribue à l’élaboration de sa stratégie globale en étroite collaboration avec Laurent pour s’assurer que l’équipe atteigne ses objectifs.
Enfin il parle couramment quatre langues : le polonais, l’anglais, le français et l’italien.