L’écurie Renault F1 fonctionne, depuis son retour dans la discipline reine en tant qu’équipe d’usine, sur un mode original et contraignant : le département châssis est situé à Enstone, tandis que le département moteur est basé à Viry-Chatillon. Ce fonctionnement dual ne semble pas optimal à première vue.
Ainsi, Nick Chester, qui dirigeait la partie châssis, a été récemment remercié pour résultats insuffisants. Pat Fry et Dirk de Beer sont venus numériquement le remplacer. A Viry, c’est Rémi Taffin qui est chargé du développement moteur. Enfin, Cyril Abiteboul, le directeur général, veille sur l’ensemble de la structure.
Dans cette organisation complexe, le rôle de Marcin Budkowski, le Directeur exécutif, est encore mal connu du grand public. Si l’ancien de la FIA devait résumer son rôle, en peu de mots, qu’aurait-il ainsi à répondre ?
« Je plaisante souvent en disant que Nick [Chester] conçoit la voiture [du temps où il était encore là] et moi l’organisation » répond-il ainsi.
« Mon rôle aujourd’hui consiste principalement à construire une organisation solide. Il s’agit de gestion, un poste dont les attributions vont au-delà du domaine technique et couvrent également l’aspect opérationnel : production des pièces, approvisionnement, livraison. »
Ce rôle peut sembler baroque pour Budkowski, un aérodynamicien de formation qui avait évolué dans ce rôle chez Prost GP ou chez Ferrari. Il veillait aussi d’ailleurs, à la FIA, sur le département technique.
Ou bien Renault ferait-elle en sorte, pour ne pas éveiller les soupçons, de masquer les véritables attributions de sa recrue de choix ?
Le principal intéressé s’en défend ainsi : « Je suis responsable de tout ce qui concerne la production et la livraison de la voiture. Tous les départements techniques et opérationnels - ainsi que les ressources humaines - sont sur ma liste de responsabilités. Cela va du recrutement des personnes occupant des rôles-clefs dans l’équipe, aux changements dans la structure organisationnelle : promotion ou mutation des personnes dans différents rôles, changement de la manière dont les départements fonctionnent. Cela peut aussi concerner l’allocation des différents budgets, que ce soit à court ou à long terme. »
N’aurait-il ainsi aucun rôle dans l’aspect technique de la conception de la voiture ?
« Je participe parfois aux grandes décisions techniques qui guident la conception des voitures, mais j’essaie de laisser les personnes directement impliquées décider de ces choses. Je n’en suis pas assez proche au quotidien, mais je m’y intéresse évidemment beaucoup car c’est mon domaine. »
Les attributions du Directeur exécutif de Renault semblent bien vastes... l’emploi du temps n’est-il ainsi pas trop contraignant, voire inhumain ?
« Nous sommes tous ici parce que nous aimons la course - nous ne pourrions pas autrement faire face à la pression, aux heures de travail à effectuer, à la sueur et aux larmes que le travail exige. En réalité, les déplacements prennent beaucoup de temps et ma valeur ajoutée est surtout celle que j’apporte à l’usine - mais je veux vraiment être sur la piste et en contact avec les voitures, les pilotes, les mécaniciens. Si vous êtes à l’usine, vous n’avez pas tout ce point de vue. Vous pourriez presque oublier que vous travaillez dans la course automobile. Les tâches quotidiennes de gestion d’une équipe sont toutes très intéressantes - mais vous voulez faire de la course. »
« C’est très frustrant quand les performances sont décevantes, mais vous éprouvez de la joie, quand vous vous rappelez que vous avez beaucoup de chance. La F1 était ma passion quand j’étais adolescent, et être capable de travailler dans un domaine qui vous passionne est une situation très privilégiée. »