Jenson Button, titré en F1 en 2009, était un de ceux qui étaient désignés pour interviewer le nouveau quadruple champion du monde du sport samedi soir à Las Vegas.
Le Britannique a souligné à nouveau le talent du Néerlandais et ses qualités, qui lui ont permis de remporter un nouveau titre avec une monoplace cette fois bien moins performante qu’en 2023.
"Quand l’année a commencé à Bahreïn, nous pensions que ce serait une promenade de santé et ce fut le cas pour quelques courses. En dehors de la piste, il y avait beaucoup de choses à dire et l’équipe était un peu fracturée."
"Le départ d’Adrian Newey a été un gros problème, mais je ne pense pas que cela ait eu tant d’effet cette année. C’était une sorte de spirale infernale."
"Quand vous regardez Max en piste, il semble calme et essaie de marquer autant de points que possible, sans stresser à l’idée de ne pas avoir la voiture la plus rapide."
"Il s’est mis en tête : ’Je ne vais pas gagner beaucoup de courses, je vais juste faire de mon mieux à chaque course’. Et je pense que la dernière course au Brésil, c’était juste wow, il a tout remporté avec cette victoire. La reconnaissance du public, des médias, sur son accomplissement. Et c’est ce qui a finalisé son championnat."
L’influence du départ d’Adrian Newey de Red Bull reste un point d’interrogation sur les performances de la RB20 en 2e partie de saison.
"Certainement. Ce n’est pas uniquement dû à Adrian. Mais il était très doué pour les détails. C’est ce que Red Bull a perdu avec le départ d’Adrian."
"Il pouvait prendre du recul, il faisait la plupart des travaux aérodynamiques sur sa planche à dessin, ce qui ne coûte rien, puis il pointait certaines choses et disait ’il faut que ceci ou cela soit légèrement mieux conçu. Il est clair que ça, ça leur manque."
Verstappen a donc du sortir son meilleur pilotage et faire le travail en piste... mais aussi se protéger en dehors.
"C’est une façon plus normale de gagner un championnat," ironise Button.
"L’année dernière a été extrême et restera dans l’histoire en termes de domination. Max n’avait pas besoin de pousser sa voiture, c’était clair."
"Max a aussi dû gérer des aspects extra-sportifs pour la première fois, avec la fracture chez Red Bull entre Horner, des ingénieurs, son père... Tout ce qui se passe, en dehors de la piste, est difficile pour un pilote."
"Mais avoir un membre de la famille impliqué également ? Mentalement, c’est vraiment difficile."
"Cela montre la force de Max, car la plupart des pilotes de course auraient du mal à gérer ça. Là aussi, Max a réussi à ne pas se laisser stresser. Ou en tout cas, personne ne l’a remarqué."
Vers la fin de sa carrière chez McLaren, le Britannique a affronté Verstappen lui-même en Formule 1. Sa dernière saison remonte à 2016, lorsque le Néerlandais a été promu chez Red Bull Racing avant le GP d’Espagne. Qu’a-t-il vu alors ?
"J’ai couru contre Max à la fin de ma carrière et voir où il pouvait placer la voiture était la chose la plus impressionnante. Par exemple, au départ, il y avait trois voitures côte à côte et il pouvait trouver un moyen de s’y glisser. Il pouvait placer la voiture et avait confiance en lui et en la voiture plus que quiconque dans des conditions vraiment difficiles."
"Il a donc un talent extrême et je pense que cela vient évidemment de son expérience en karting, de ses parents, très compétitifs. Mais je pense aussi que le côté gaming, le nombre d’heures qu’il a passées à jouer, des jours et des jours et des années de simulateur, je pense que cela a également aidé son talent et l’a établi comme l’un des meilleurs que nous ayons jamais vu."