Stoffel Vandoorne était un des plus grands espoirs de la F1 quand il est arrivé, comme titulaire, chez McLaren F1. Le Belge, qui avait écrasé la F2, débuta cependant dans une équipe anglaise en pleine déconfiture.
Pendant deux années, en 2017 et 2018, il se fit de plus outrageusement dominer par Fernando Alonso. Si bien qu’en 2019, McLaren F1 écarta Vandoorne pour titulariser un autre grand espoir, Lando Norris.
Aujourd’hui pilote de réserve d’Aston Martin F1, Vandoorne se souvient de ses débuts en F1… et de la désillusion qui s’ensuivit. Ne nourrit-il pas de grands regrets d’être arrivé dans la mauvaise équipe au mauvais moment ?
« La route vers la F1 a été longue et lorsque j’y suis arrivé, mon temps sur la grille a montré à quel point ce sport peut être difficile. Il faut être là au bon moment et au bon endroit. Si vous regardez la carrière de nombreux pilotes, vous verrez qu’elle s’est décidée au cours des deux premières années de course dans la série. Si vous faites vos débuts dans une voiture compétitive et que vous terminez régulièrement dans les trois ou cinq premiers, les gens ont une perception complètement différente de vous, de vos capacités et de votre aptitude à devenir pilote de F1 ».
« Ces deux années en F1 ont été dures, vraiment dures. La F1 était mon rêve, mais cela ne fonctionnait pas comme je l’avais espéré. Il m’a fallu beaucoup d’efforts pour y arriver, mais lorsque j’y suis parvenu, je n’y ai pas pris autant de plaisir que je l’aurais cru. »
« La situation n’est pas facile. Vous venez de séries juniors où tout le monde concourt avec les mêmes machines et où, si vous êtes suffisamment bon, vous pouvez vous battre pour les premières places chaque année, et vous vous retrouvez soudain dans une position où ce n’est pas possible - parce que la voiture que vous avez est tellement loin du rythme. C’est un choc pour le système et vous devez trouver d’autres moyens de vous motiver. C’est difficile et cela ronge votre passion pour ce sport. »
Stoffel Vandoorne a cependant su brillamment rebondir. Pilote de réserve Mercedes F1 après 2018, il est aussi devenu champion du Monde de Formule E en 2022 et a terminé sur le podium des 24 Heures du Mans en 2019.
« Avec le recul, si je suis honnête, à la fin de l’année 2018, j’avais besoin de faire une pause avec la F1, de changer d’environnement, et depuis lors, j’ai eu la chance de courir dans différentes séries et voitures, avec différentes équipes, et c’est ainsi que j’ai redécouvert ma passion - mon amour pour la course à nouveau. J’ai été couronné champion du monde de Formule E, je suis monté sur le podium aux 24 heures du Mans et j’aide Aston Martin à se battre pour obtenir des points réguliers, des podiums et sa première victoire en Formule 1. »
Un role de l’ombre chez Aston Martin F1
Pilote de réserve d’Aston Martin F1 aux côtés de Jak Crawford, Stoffel Vandoorne ne souffre-t-il cependant pas d’être sur le banc de touche de la F1 ?
« Ce n’est jamais facile pour un pilote de perdre son baquet en F1, et c’était difficile à accepter au début. Après toutes ces années de travail acharné, de dévouement et de sacrifices, vous n’arrivez pas à croire que vous en êtes arrivé là - cela ne fait pas partie du scénario, ce n’est pas comme ça que les choses sont censées se passer. »
« En tant que pilote d’essai et de réserve chez Aston Martin, j’aide les plus jeunes membres de notre équipe de pilotes et l’un des conseils que je leur donne constamment est de profiter du voyage. Ce sport est ultra compétitif ; piloter une F1 est une opportunité rare, il faut donc en profiter au maximum. Quelles que soient les difficultés, il faut savourer l’expérience, les bonnes comme les mauvaises, et en tirer le meilleur parti - on ne sait jamais combien de temps on en aura l’occasion. C’est ce que j’ai compris depuis ma dernière course en F1. »
« Ne vous méprenez pas, tout n’est pas facile aujourd’hui. Le fait d’être pilote d’essai et de réserve en Formule 1 comporte des défis particuliers en raison des limites imposées à la quantité d’essais que l’on peut effectuer. »
Le quotidien de Stoffel Vandoorne n’est peut-être pas enthousiasmant, mais il est indispensable pour l’équipe de Silverstone.
« Je passe beaucoup de temps dans le simulateur d’Aston Martin, à développer la voiture et les concepts futurs, à aider l’équipe à se préparer pour les courses à venir et le challenger de l’année prochaine. C’est un programme intense, mais il y a des mois où je suis beaucoup moins dans le simulateur que d’autres - généralement lorsque je participe à d’autres courses. Je passe probablement 25 jours par an dans le simulateur - des journées de huit ou neuf heures - et ce sont des journées intenses où l’on fait au moins 150 tours. »
« Outre le travail sur le simulateur, l’autre aspect essentiel de mon rôle réside dans les week-ends de course auxquels je participe. J’assiste à 11 ou 12 Grands Prix par an et je fais exactement la même chose que Lance et Fernando sur le circuit, à l’exception du pilotage. J’assiste à toutes les réunions d’ingénierie et de stratégie, donc si je devais remplacer Lance ou Fernando, je suis complètement dans le rythme du week-end et il me suffirait de monter dans la voiture. Je sais que chaque fois que j’aurai l’occasion de piloter la voiture, je la saisirai à pleines mains. »
Stoffel Vandoorne reste donc dans l’univers de la F1... mais un retour comme titulaire semble irréaliste, même si le Belge l’espère bien sûr dans un coin de sa tête.
« J’admets qu’il serait difficile de dire non, surtout quand on voit où en est ce sport aujourd’hui. Il s’est considérablement développé au cours des deux dernières années. C’est toujours le summum et c’est là que tous les pilotes veulent être. Il faut rester réaliste quant aux opportunités, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver en F1. »
« J’ai un état d’esprit différent de celui que j’avais il y a quelques années. Je suis très satisfait de ma situation actuelle, ce qui n’aurait pas été le cas auparavant - je n’en ai pris conscience que ces dernières années. Je sais maintenant ce que je veux et ce que je ne veux pas, et je ne l’ai appris qu’en jouant différents rôles et en participant à différentes séries. Je me sens plus complet en tant que personne. »
« J’aime à nouveau ce que je fais. »