La Formule 2 et la Formule 3 ont annoncé récemment l’utilisation d’un carburant durable dès l’an prochain en partenariat avec Aramco. En réalité, le pétrolier saoudien va utiliser les formules de promotion comme laboratoire géant pour l’arrivée des carburants de synthèse en F1 en 2026, en amenant des nouveautés petit à petit à partir d’un biocarburant.
"Nous avons l’intention de disposer d’un carburant d’appoint pour utiliser le moteur existant pour 2023 et de compléter la même formulation pour 2024" a expliqué Pierre Calendini, directeur des recherches sur les carburants d’Aramco.
"Donc notre prochaine étape sera en 2025 et 2026 pour commencer à inclure les composants synthétiques et ensuite ouvrir la voie à la Formule 1 pour 2026 avec un carburant entièrement durable, et venir avec un carburant entièrement durable en 2027 pour la F2 et la F3."
"La stratégie avec le biocarburant est un moyen d’obtenir ce que nous appelons des composants durables. Le carburant est un mélange de différentes molécules et nous pouvons commencer très rapidement à utiliser des composants bio-sourcés qui sont très proches de ce que nous produirons en 2024, puis les utiliser pour développer à partir de là."
"Ensuite, nous introduisons et augmentons la quantité de molécules fabriquées par le processus synthétique. Le carburant synthétique est un vaste programme. Nous investissons actuellement dans deux sites de production pilote, une en Arabie saoudite et une en Espagne."
"Donc cela apporterait en 2024 l’une des plus grandes productions pilotes pour les carburants synthétiques. Et ensuite, nous utiliserons nos molécules pour fabriquer le carburant pour la F2, la F3 et aussi pour penser à la Formule 1 pour les carburants de 2025, 2026 et 2027."
Didier Perrin, le directeur technique de la F2, confirme ces ambitions : "Nous avons une grande ambition avec Aramco, la F2 et la F3. Nous voulons être durables avec du carburant synthétique et la capture du dioxyde de carbone en 2027, c’est beaucoup plus ambitieux que d’être seulement durable."
"À partir de cet objectif, nous établissons une feuille de route en plusieurs étapes, dont la première sera en 2023 pour commencer avec le carburant durable. Mais le développement se poursuivra jusqu’à ce que nous atteignions l’objectif vraiment ambitieux d’être entièrement durable et synthétique en 2027."
Des moteurs similaires avec un carburant différent
C’est pour le moment Mecachrome qui fournit les moteurs en F2, souvent critiqués pour leur fiabilité. Il n’est pas prévu de changer de moteur, mais simplement d’adapter les blocs actuels aux nouveaux carburants.
"En ce qui concerne le moteur, pour l’instant et pour 2023, 2024, pour introduire le carburant dans ces moteurs, nous n’aurons pas à faire de changements matériels. Peut-être à partir de 2025 et certainement à partir de 2027, nous pourrions avoir à faire quelques ajustements sur le matériel, par exemple les injecteurs ou quelque chose comme ça."
"Mais pour le moment, pour 2023 et 2024, l’introduction du nouveau carburant se fait avec exactement le même moteur, juste une cartographie différente, et c’est beau. Fondamentalement, nous n’avons pas l’intention d’apporter de changement aux voitures pour l’année prochaine. C’est la beauté de ce projet, nous développons le moteur avec le nouveau carburant pour 2023."
"Les moteurs sont actuellement sur le banc d’essai et jusqu’à présent, nous n’avons pas eu besoin d’apporter de changement matériel au moteur, juste d’adapter la cartographie au nouveau carburant. Donc c’est vraiment bien pour les équipes, c’est vraiment bien pour nous. Et tout se passe très bien jusqu’à présent avec les moteurs existants."
En faisant cela, il est prévu que la fiabilité des F2, déjà mise en cause à plusieurs reprises, n’évolue pas : "C’est évidemment quelque chose que nous prenons en considération dans le cadre du partenariat avec Aramco, qui a déjà été impliqué dans quelques championnats avec des carburants durables. Nous avons obtenu certaines informations et nous en tenons compte dans le développement du moteur pour faire face à cet avenir durable."
"Donc oui, avec Aramco, nous tirons des leçons de l’expérience précédente et nous en tenons compte dans le développement actuel. Mais nous sommes convaincus que, du point de vue de la fiabilité, pour être tout à fait transparent, nous attendons exactement le même niveau de performance et de fiabilité."
Bruno Michel se veut rassurant sur la fiabilité
La F2 est déjà en train de tester ces carburants et leurs effets sur les moteurs actuels qui équipent les monoplaces conçues par Dallara. Bruno Michel, directeur de la F2 et de la F3, n’est aucunement inquiet face à ce changement.
"Nous faisons tous les tests nécessaires pour toute la présélection et la sélection du carburant que nous allons utiliser l’année prochaine et je peux vous dire avec certitude que le carburant ne sera pas du tout un problème de fiabilité" rassure le directeur. "Pour tout, y compris le moteur, nous sommes une catégorie monotype."
"Tout le monde court avec le même matériel. Et à un moment donné, vous pouvez être malchanceux, disons-le comme ça. A un moment donné, vous pouvez avoir des problèmes techniques qui n’ont rien à voir avec le moteur, ou qui n’ont rien à voir avec le carburant."
"Mais comme je l’ai dit, nous ferons tout ce qu’il faut en termes de tests parce que, comme vous pouvez l’imaginer, avant d’introduire un carburant, nous nous lançons dans un programme de développement très lourd."
"En ce moment, les moteurs et le carburant que nous allons utiliser l’année prochaine sont sur un banc d’essai pendant des heures et des heures avant que nous les mettions sur la piste, sur notre voiture de développement, et avant que nous les introduisions pour tout le monde."