Tony Fernandes est surtout connu, dans le monde de la F1, pour être l’ancien propriétaire de Caterham, l’écurie défunte ; mais, dans le monde des affaires, il s’est surtout distingué pour avoir relancé la moribonde compagnie aérienne AirAsia, rachetée pour un dollar symbolique au début du siècle.
Néanmoins, la relance de la compagnie malaise a-t-elle été effectuée selon les règles du droit ? C’est ce dont doutent les autorités britanniques, américaines, et françaises, qui ont intenté un procès anti-corruption contre Airbus, dans lequel AirAsia était impliquée.
Pour que les poursuites soient abandonnées à son encontre, Airbus a accepté de payer une amende record de 3,5 milliards d’euros, dont plus de 2 milliards reviendront à la France.
Parmi les accusations lancées contre Airbus, figure un contrat de sponsoring douteux impliquant directement Caterham F1. En résumé, selon les accusations portées par la justice britannique, Airbus cherchait à ce que AirAsia lui achète des avions (plutôt qu’à Boeing) ; pour « persuader » AirAsia de faire le bon choix, EADS (filiale d’Airbus) aurait accordé un très généreux contrat de sponsoring à l’écurie Caterham F1, à hauteur de 50 millions d’euros. Le logo Airbus apparaissait en effet sur les monoplaces vertes du temps de leur présence sur les circuits de F1.
La juge Victoria Sharp est ainsi revenue sur ces accusations : « Le paiement abusif consistait en 50 millions de dollars versés [par EADS] aux directeurs et/ou employés des compagnies aériennes AirAsia et AirAsia X dans le cadre d’un parrainage d’une équipe sportive [Caterham]. »
« L’équipe sportive était détenue conjointement par AirAsia Executive 1 et AirAsia Executive 2, mais n’avait aucun lien juridique avec AirAsia et AirAsia X. »
Ces accusations ont contraint Tony Fernandes à se retirer (pour deux mois pour le moment) de son poste de PDG d’AirAsia – il reste dans l’entreprise en tant que conseiller spécial, sans pouvoir de décision. Selon la compagnie, ce retrait permettra à l’enquête de se mener avec le plus de sérénité : « l’objectif principal sera d’examiner les allégations dans la mesure où elles concernent [AirAsia], et de prendre toute mesure nécessaire sur la base de cet examen. » L’avenir de Tony Fernandes est donc plus qu’incertain…
AirAsia a également justifié le partenariat accordé par Airbus à Caterham F1, une équipe qui n’a pourtant jamais brillé dans le sport : « L’implication d’Airbus dans le sponsoring de l’équipe sportive était une affaire bien connue et largement médiatisée, qui a apporté à Airbus une [meilleure] image de marque et d’autres bénéfices. Le parrainage de l’équipe sportive a fait l’objet d’une évaluation interne et a été approuvé avant d’être examiné et approuvé par le conseil d’administration d’AirAsia. »
De son côté, Tony Fernandes a « nié catégoriquement toute allégation de faute ou de mauvaise conduite », dans un communiqué commun avec Datuk Kamarudin, le président du conseil exécutif, lui aussi visé par ces accusations.
« Comment aurions-nous pu nuire aux entreprises auxquelles nous avons dédié nos vies, afin qu’elles aient l’envergure mondiale qu’elles ont aujourd’hui ? »
« Caterham F1, la société qui aurait été indûment sponsorisée par Airbus, était à l’époque une écurie de Formule 1 qui voyageait tout autour du monde, pour promouvoir entre autres AirAsia, AirAsia X, GE et Airbus. »
« Pendant toute la période où nous étions actionnaires de Caterham, la société n’a pas fait de bénéfices et a finalement été cédée pour [1 livre] en 2014. Du début à la fin, il s’agissait d’un exercice d’image de marque et non d’une entreprise à but lucratif. »