Au classement pilotes de la saison 2001, Fernando Alonso, pilote Minardi, fut officiellement devancé (à la meilleure position finale, sans point inscrit) par… Tarso Marques, son tout premier coéquipier !
23 ans plus tard, Fernando Alonso court toujours en F1, étant devenu, devant Kimi Räikkönen, le pilote le plus expérimenté de la discipline.
Pour Aston Martin F1, les deux hommes se sont retrouvés le temps d’une rencontre.
Tarso Marques se souvient de l’accueil qu’il avait réservé en 2001 à Fernando Alonso, chez Minardi. S’attendait-il à faire équipe avec un tel crack du sport ?
« J’avais entendu parler de Fernando comme d’un jeune talent prometteur dans les catégories juniors. Je savais qu’il était très jeune et très rapide, mais la première fois que je l’ai rencontré, c’était seulement deux semaines avant la première course de la saison 2001. »
« Il avait signé chez Minardi avant moi – j’ai rejoint l’équipe plus tard, car je devais initialement courir en IndyCar cette année-là avant qu’ils ne me contactent. L’une de mes responsabilités était de guider Fernando, car j’avais plus d’expérience – c’était l’une des principales raisons pour lesquelles l’équipe m’avait engagé : pour essayer d’aider Fernando. »
On dit que Fernando Alonso n’est pas le plus facile des coéquipiers à avoir, mais ce n’était pas le cas du jeune Fernando en tout cas, selon Marques…
« J’ai tout de suite apprécié sa personnalité, et il est devenu un ami. Je n’ai jamais vraiment eu de coéquipiers en tant qu’amis, mais Fernando a été le premier avec qui je m’entendais vraiment bien. J’ai toujours dit que les pilotes de course ne peuvent pas être amis – beaucoup de ce que l’on voit à la télévision n’est pas vrai – mais avec lui, nous nous entendions vraiment. »
« Fernando a toujours été quelqu’un de timide, mais en même temps, il est heureux et à l’aise avec les gens qu’il connaît bien. Il était très jeune et réservé, tout comme moi, quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, mais au fur et à mesure que nous avons appris à nous connaître, nous nous sommes vraiment bien entendus. »
« Il est très loyal et se souvient de ceux qui l’ont soutenu dès le début de sa carrière et tout au long de celle-ci, et il les traite bien. C’est évidemment quelqu’un de très compétitif ; après tout, c’est un pilote de F1 et un champion du monde, mais c’est aussi une personne vraiment charmante et je ne pense pas qu’il ait changé depuis le jeune homme de 19 ans que j’ai rencontré il y a des années. »
« Évidemment, nous étions beaucoup plus proches à l’époque où nous étions coéquipiers, et je ne le connais plus aussi bien qu’avant, mais lors des quelques fois où nous nous sommes revus depuis, nous avons toujours passé un bon moment, et cette belle relation est toujours là. »
La saison 2001 fut cependant particulièrement complexe : Minardi n’avait tout simplement pas une F1 compétitive et ses pilotes ont souffert en fond de grille.
« En 2001, nous étions dans une situation difficile car Minardi n’avait pas les moyens financiers pour améliorer la voiture. Nous essayions de nous entraider et d’aider l’équipe, et nous passions beaucoup de temps ensemble – cela a créé un lien. Nous avons passé des vacances ensemble. Je connais un homme très drôle, qui adore faire des blagues et taquiner les gens ; il est vraiment sympa. »
Alonso, le maître de l’adaptabilité
Tarso Marques a eu d’autres coéquipiers durant sa carrière, comme Coulthard ou Fisichella : à quel point Fernando Alonso était-il au-dessus de tous ces pilotes ?
« J’ai eu de grands coéquipiers dans ma carrière : David Coulthard, Giancarlo Fisichella, Jarno Trulli, Mark Webber ; mais Fernando était de loin le meilleur. »
« Il avait un talent naturel immense, et sa détermination était incroyable – et c’est toujours le cas aujourd’hui ; il est vraiment concentré et professionnel. »
« La chose la plus impressionnante chez Fernando était sa capacité à apprendre les circuits très rapidement, bien plus vite que la plupart des autres. Même sur un nouveau circuit, il était très rapide tout de suite, trouvant la limite en quelques tours. Certains pilotes ont beaucoup de mal avec ça. »
Marques note également un autre point fort de Fernando Alonso : son adaptabilité.
« Il est tellement talentueux qu’il peut contourner les problèmes de la voiture. Même si la voiture n’est pas bonne, il adapte son style de conduite et la rend rapide malgré tout ; c’est ce qui le rend spécial. De même, si les conditions météorologiques changent pendant une course, il s’adapte rapidement et continue à aller vite. »
Et Fernando Alonso, c’est bien sûr un rythme de course formidable…
« Peu importe les conditions, la piste, la voiture, il tire toujours le meilleur de l’équipement disponible et il peut le faire sur toute la durée de la course. Certains pilotes peuvent tenir une ou deux boucles à fond – faire cela pendant toute la course n’est pas facile – mais lui est capable de piloter toute une course à la limite. »
« En 2001, il était difficile de se démarquer car la voiture avait des difficultés – parfois on terminait 16e mais on savait que c’était un bon résultat et qu’on avait tiré le maximum de la voiture – mais je me souviens d’une course où Fernando avait un rythme incroyable, c’était au Grand Prix d’Espagne. Il a terminé 13e et pendant la course, il était très rapide, tirant tout ce qu’il pouvait de la voiture en roulant constamment vite. »
« Parfois, quand un pilote vient des formules juniors, même s’il est rapide, il a du mal en F1, mais Fernando, c’était le contraire. Tout le monde savait qu’il était spécial à l’époque. »