La Formule 1 s’apprête à vivre un tournant avec l’arrivée des nouveaux règlements de 2022, et chaque équipe espère avoir développé un concept qui lui permettra soit de se maintenir en haut du classement, soit de faire un bond en avant dans la hiérarchie.
Et comme le montrent plusieurs exemples du passé, certaines écuries parfois au creux de la vague ont su profiter d’une nouvelle règlementation technique pour devenir la référence. Retour sur trois cas plus ou moins récents qui illustrent parfaitement ce phénomène.
2014 : Mercedes W05
Revenue en 2010 en tant qu’équipe à part entière, Mercedes a passé quatre ans dans l’ombre des top team (malgré le rachat de Brawn GP, titrée en 2009) qui étaient alors Red Bull, McLaren et Ferrari avant de devenir la référence absolue sous l’ère hybride.
C’est en effet l’introduction des V6 hybrides turbo en 2014, qui représentait le plus grand changement règlementaire de l’histoire de la F1 en termes de motorisation, qui a permis à la marque allemande de faire un bond en avant impressionnant. Alors qu’elle avait gagné trois Grands Prix en 2013, Mercedes s’est imposée 16 fois cette année-là en 19 courses et remporté haut la main les deux titres.
Si l’équipe basée à Brackley a autant dominé en 2014, c’est parce qu’elle avait commencé plus tôt que les autres le développement de son nouveau V6, effectuant de très nombreux essais. Sa grande connaissance du KERS était également un atout à ne pas négliger.
De plus, après le rachat de Brawn GP fin 2009, Mercedes s’est rapidement donné les moyens de devenir une grande équipe en Formule 1 grâce à un développement intense. Sans oublier bien sûr qu’outre le moteur, le châssis de la W05 était lui tout particulièrement réussi.
Tout ne fut pas facile et au sein de l’écurie, certaines personnes étaient même inquiètes en 2013 que le projet ne soit pas prêt à temps. Finalement, Mercedes a parfaitement négocié ce virage réglementaire qui lui aura permis de dominer la F1 à plate couture sous l’ère hybride avec 15 titres remportés sur 16 possibles depuis 2014.
2009 : Brawn-Mercedes BGP001
L’histoire incroyable de Brawn GP a démarré fin 2007 lorsque le nouveau directeur de l’écurie Honda, Ross Brawn, poussait son équipe à se concentrer sur la saison 2009 et les nouvelles règlementations aérodynamiques, le tout ayant pour but de simplifier les voitures en les débarrassant de nombreux appendices. Honda F1 est parti mais l’ingénieur britannique a racheté l’équipe parce qu’il croyait en sa création, baptisée Brawn BGP001.
La voiture est bien sûr célèbre pour son fameux double diffuseur. Cette astuce avait été jugée légale lors de la première course de la saison à Melbourne et l’histoire s’était conclue par un improbable doublé des Brawn, Jenson Button l’emportant devant Rubens Barrichello pour ce qui était le début d’un incroyable conte de fée.
Button s’imposera en tout six fois lors des sept premiers Grands Prix de la saison. Faute de développement et d’un budget conséquent, Brawn GP perdra en rythme au cours de la saison notamment face à Red Bull, mais le pilote britannique avait pris suffisamment d’avance en début d’année et décrochera finalement le titre pilotes lors du Grand Prix du Brésil, Brawn GP devenant par la même occasion championne du monde des constructeurs.
L’écurie sera finalement revendue à Mercedes qui fera son retour en tant qu’écurie en 2010. En une seule année d’existence, Brawn Grand Prix aura donc réussi à remporter 8 courses sur 19 disputées et remporté les titres pilotes et constructeurs, pour ce qui reste à ce jour l’une des plus grandes surprises de l’histoire de la Formule 1.
1998 : McLaren-Mercedes MP4/13
En 1998, la Formule 1 changeait de visage avec l’arrivée de monoplaces plus étroites (1,80 mètre de large contre 2 mètres auparavant) et l’introduction des pneus rainurés.
Et c’est McLaren qui aura profité au mieux de ce changement règlementaire, l’équipe basée à Woking ayant traversé une période plus compliquée les années précédentes. Certes, le recrutement du brillant Adrian Newey en provenance de Williams en Août 1997 était un peu tardif, mais l’ingénieur britannique avait déjà commencé à étudier les nouveaux règlements de 1998 au préalable.
Il a notamment eu l’idée de l’empattement long qui a permis de stabiliser la monoplace en plus de parvenir à abaisser le centre de gravité de celle-ci, ce qui a permis un transfert de poids plus "doux."
McLaren ira chercher le titre pilotes grâce à Mika Hakkinen, son premier depuis celui d’Ayrton Senna en 1991, en plus du titre constructeurs après une lutte intense contre Michael Schumacher et Ferrari. Le pilote finlandais ira même doubler la mise en 1999, pour ce qui fut globalement un vrai retour au premier plan de McLaren.