Alors qu’Aston Martin F1 n’a plus rien à jouer en cette deuxième moitié de saison, tous les regards sont naturellement tournés vers 2025 et plus encore 2026 et sa nouvelle réglementation.
La saison prochaine, qui verra la triple arrivée à plein régime d’Andy Cowell, Adrian Newey et Enrico Cardile, devrait donc être une année de transition pour l’équipe de Silverstone.
En 2025, à quoi donc ressemblera une année réussie ? Ou bien l’an prochain n’aura-t-il que peu d’intérêt ? Mike Krack, le patron d’Aston Martin F1, a répondu à ces questions stratégiques.
« Pour l’année prochaine, l’objectif immédiat est de commencer la saison dans une meilleure position que celle avec laquelle nous avons entamé cette année, et, à partir de ce qui sera, espérons-le, une base solide, prendre de bonnes décisions de développement et améliorer continuellement la voiture. »
Mais Mike Krack le reconnait, 2026 sera davantage prioritaire que 2025. Cela se ressentira au niveau des évolutions.
« 2025, ce sera une saison spéciale, car nous passerons rapidement au travail sur la voiture de 2026 et les nouvelles réglementations, ça arrivera rapidement. Je pense que personne n’apportera de nouvelles pièces en piste après la pause estivale, à moins qu’il n’y ait une grande bataille pour le titre. »
« Notre objectif pour l’année est d’arriver à Melbourne avec une voiture de course beaucoup plus rapide et plus facile à piloter. Actuellement, il y a un gap entre les quatre meilleures équipes et les six autres, et nous sommes du mauvais côté. Le succès, l’année prochaine, sera de combler cet écart et de transformer les quatre meilleures équipes en un top cinq. Si nous revenons dans la ligue majeure, si nous faisons partie de ce groupe, ce sera un succès. »
La nouvelle soufflerie et le nouveau simulateur du campus technologique AMR devraient permettre à Aston Martin F1 de réduire l’écart sur les écuries de pointe.
Mike Krack peut-il en dire plus sur ces outils essentiels de nos jours ?
« Le potentiel du nouveau simulateur et de la soufflerie est énorme. La soufflerie de Mercedes à Brackley que nous utilisons actuellement est excellente, mais avoir son propre tunnel sur site élève les choses à un autre niveau, d’autant plus que la soufflerie sera techniquement la plus avancée et établira une nouvelle référence. »
« Pourquoi est-ce un élément décisif ? Parce que cela offre plus de flexibilité. Actuellement, nous devons exécuter nos essais en soufflerie les uns après les autres. Si nous avons une panne de modèle ou un problème de fiabilité, nous perdons ces essais. Les restrictions de tests aérodynamiques dans lesquelles la F1 évolue font de ces essais une ressource limitée et précieuse. »
« Avoir notre propre tunnel va désengorger l’opération, mais aussi permettre à nos aérodynamiciens d’être plus créatifs. Tout sera si proche : l’atelier de modèles est juste à côté de la soufflerie. Nous pourrons interrompre un essai, attendre une heure ou deux pendant que de nouvelles pièces sont produites, et recommencer. »
Quand l’équipe commencera-t-elle à voir les bénéfices de ces nouvelles installations révolutionnaires ?
« Mettre en service une soufflerie est un travail de spécialistes, et nous avons la chance d’avoir une équipe très passionnée qui s’occupe de ce travail. Il y a de grands leaders dans ce groupe. Ils n’obtiennent pas l’attention accordée aux pilotes, à la direction ou à l’équipe de conception, mais ils sont probablement sous encore plus de pression, et ils y font face calmement et dirigent leurs équipes de manière exceptionnelle. »
« Nous ne verrons pas de résultats immédiats dès que la soufflerie opérationnelle. Comme pour tout nouvel outil, il faut apprendre à l’utiliser correctement. Il ne s’agit pas simplement de l’allumer pour obtenir instantanément de meilleurs résultats ou une meilleure fidélité. Le premier objectif est de reproduire la constance et la qualité que nous obtenons dans notre soufflerie actuelle. Cela n’est pas facile, car ce tunnel a été perfectionné pendant 20 ans. Après cela, nous devrons développer et continuer à nous améliorer. »
Quant au nouveau simulateur, il s’agit également d’une nouveauté peut-être décisive pour Aston Martin F1.
« Cela a également été une entreprise énorme, avec une équipe dédiée qui a versé toute son expérience pour en faire un modèle de référence. Comme pour la soufflerie, je vais souvent voir tout le monde pour accroître ma propre compréhension, et le simulateur est tout simplement incroyable. Il va améliorer notre fidélité, améliorer tout le circuit de rétroaction du pilote. J’ai vu une démonstration et j’ai été absolument bluffé. C’était comme être dans Star Wars. »
Newey pour exploiter la meilleure soufflerie du monde
Après les moyens techniques, il y a les hommes : Adrian Newey et Enrico Cardile arriveront bientôt, de Red Bull et de Ferrari, pour tirer profit de toutes ces nouveautés.
Ils doivent être enthousiastes et Mike Krack aussi impatient qu’eux…
« J’ai vraiment hâte. Avec Enrico, nous gagnons une immense expérience dans la gestion et la direction d’une organisation technique ; avec Adrian, on obtient cette créativité incroyable et cette compréhension globale du véhicule. Je suis enthousiaste à l’idée de les avoir ici parce que, premièrement, ils vont nous aider à faire des voitures plus rapides, et deuxièmement, je vais beaucoup apprendre d’eux. »
Le mois dernier, Andy Cowell a aussi rejoint l’équipe en tant que PDG du groupe. Il ne s’occupera pas directement du moteur cependant, malgré son rôle qui était le sien chez Mercedes F1 précédemment.
« Il est totalement investi, n’a pas mis longtemps à prendre ses repères. Il apprend encore comment nous fonctionnons, mais il n’a pas peur de poser des questions et il n’hésite pas à apporter du changement. Les échanges sont vraiment collaboratifs, et il s’intègre rapidement. Andy est quelqu’un qui sait être sérieux quand il le faut, et qui peut rire quand ce n’est pas nécessaire. C’est un leader très fort, mais aussi un bon auditeur. »