A son arrivée chez Williams, Jost Capito indiquait avoir mis fin à la « culture du blâme » (voir notre article) à Grove : autrement dit, les ingénieurs avaient peur de pointer du doigt des dysfonctionnements, de peur d’en être accusés. On sait ce que cela a coûté à l’équipe en termes de progrès structurels depuis…
Zak Brown, le PDG de McLaren Racing, a veillé à mettre en place une politique similaire de transparence et d’ouverture à Woking, mettant fin également au management de « Dark Vador » (Ron Dennis selon Zak Brown).
Toto Wolff, chez Mercedes, s’est aussi attaché à libérer la parole : dans un but de bien-être pour les employés ; mais aussi de performance car comment régler un problème s’il n’est pas signalé ?
Le patron de Mercedes F1 s’est confié à Daniel Roth, directeur exécutif de LinkedIn…
« Il est très important d’encourager chaque membre de l’équipe à s’exprimer, car ce n’est que si nous créons un environnement sûr où chacun peut réellement participer à l’optimisation des performances de l’équipe que vous serez plus performant que les autres. »
« Nous avons donc une devise : "Vois-le, dis-le, répare-le". Mais c’est plus facile à dire qu’à faire. Si vous ne bénéficiez pas d’un environnement sûr, si vous avez l’impression que votre supérieur ne vous donne pas les moyens d’agir et que vous risquez de perdre votre emploi, vous ne le faites pas. Et à cet égard, nous essayons d’être super transparents et cela doit commencer par moi-même. »
C’est pour cette raison que Toto Wolff aime se promener dans l’usine Mercedes, pour voir ce qui cloche et interroger l’ingénieur quidam...
« J’aime comprendre : Qu’est-ce qui arrive aux personnes qui me rendent directement des comptes ou à l’organisation dans son ensemble ? J’aime me promener et entendre les opinions dans toute l’usine. J’aime m’engager avec nos gars du côté de l’ingénierie. »
« Et à cet égard, nous essayons de créer un environnement de haute performance avec une énorme charge de travail, mais en même temps, un endroit sûr. Nous essayons de faire en sorte que les gens aiment ce qu’ils font, ce qui n’est pas toujours facile. C’est ma tâche principale. »
Cette auto-critique de l’équipe commence par Toto Wolff lui-même : le patron donne l’exemple en s’exprimant tout haut à l’usine sur ses torts et ses erreurs.
« C’est toujours avec le leader que ça commence. Je suis honnête sur mes propres performances. Si je ne suis pas performant, si je fais des erreurs, je suis le premier à le dire. Et je pense que les gens ont vu qu’il s’agit d’un environnement dans lequel vous pouvez admettre vos erreurs et faire mieux la prochaine fois, lentement mais sûrement. »
« Cela s’est répercuté dans l’organisation. Les gens voient que c’est un endroit sûr. Vous ne serez pas renvoyé si vous échouez. Et c’est quelque chose que j’applique de façon permanente. »