Les innovations technologiques en F1, de nos jours, rejoignent les pas en avant fait sur le plan écologique. Ainsi au dernier Grand Prix de Grande-Bretagne à Silverstone, Lando Norris, auteur d’un excellent week-end par ailleurs, prenait, pour la première fois en F1, place sur un baquet fait entièrement de fibres composites « naturelles », soit donc d’origines durables.
Pour mémoire, les baquets en F1 sont, depuis les années 70, conçus en fibres de carbone, un matériau réputé pour sa résistance mais aussi pour sa légèreté. Cependant à l’heure du tournant écologique, ce composite d’origine « artificielle » n’aurait-il plus le vent en poupe ?
C’est ainsi que McLaren a réussi à développer le premier baquet 100 % composé en fibres d’origine naturelle pour son jeune pilote britannique.
McLaren a conçu ce baquet non seulement dans un but écologique, mais aussi de performance pure : car ce baquet est aussi plus léger (d’environ 9 %) et plus sécuritaire que les baquets « non-durables ».
Mais Lando Norris a-t-il pu ressentir des différences entre le baquet originel et celui amené à Silverstone ? Chez McLaren F1, l’ingénieur responsable du design, Scott Bain, explique qu’en réalité, les différences de sensibilité sont minimes voire inexistantes. Un vrai soulagement après une phase de construction compliquée, comme il l’explique.
« Le châssis n’a pas changé pendant la pause hivernale et Lando non plus, donc le baquet dans lequel il a couru est issu du même moule que celui utilisé pour fabriquer l’original. La raison pour laquelle il a fallu plus de temps que nous ne l’aurions souhaité pour courir avec le baquet est qu’il y a toujours une certaine prudence à apporter des composants hautement expérimentaux à la voiture. »
« L’année dernière, la pandémie a entraîné une grande incertitude, ce qui a rendu très difficile la planification des course. Et cela a été difficile cette année parce que nous avons perdu une heure d’essais libres - et encore plus de temps quand il y a les qualifications sprint. »
Et pourquoi donc Lando Norris a-t-il été le seul à recevoir ce baquet durable, et non Daniel Ricciardo ? Car l’Australien était un nouveau venu dans l’équipe, poursuit Bain.
« Parce que Daniel était nouveau dans l’équipe, nous ne savions pas exactement ce qu’il voulait de son baquet, donc nous avons pensé que le pari le plus sûr était de rester en fibre de carbone pour réduire les risques de problèmes. »
De plus il existe des différences de poids entre les deux pilotes : Daniel Ricciardo pèse un peu plus lourd que Lando Norris, ce qui fait qu’il requérait un baquet plus léger.
McLaren a aussi conçu un nouvel « ilot des ingénieurs » pour le week-end de Grand Prix, avec deux tiers de fibre de lin et un tiers de fibre composite de carbone, pour réduire là encore ses émissions. Et alors qu’un seul ilot était auparavant transporté de course en course, par avion, McLaren a jugé plus économique et écologique d’en construire cinq, mais de les transporter par bateau pour réduire le CO2 émis.
Bientôt d’autres applications chez McLaren F1 ?
Steve Foster, ingénieur en conception et technologie des composites de McLaren F1, estime que ces baquets et cet ilot durables ne sont qu’un début, et que McLaren pourrait développer d’autres applications de ces innovations dans les prochains mois.
« Notre compréhension des composites en fibres naturelles s’est considérablement améliorée depuis que nous avons commencé à travailler avec Bcomp l’année dernière. En développant le baquet de Lando, puis en mettant en œuvre la construction sandwich hybride dans le siège de Daniel, et en commençant à introduire la technologie en dehors de la voiture, nous avons appris beaucoup plus sur les composites en fibres naturelles : la façon dont ils se comportent, la façon dont ils durcissent, leurs forces, leurs faiblesses et la façon dont ils peuvent être utilisés avec d’autres matériaux. »
« Toutes ces connaissances sont constamment transmises à l’équipe et ouvrent des pistes, à la fois sur la voiture et en dehors, pour de nouvelles applications qui peuvent apporter un avantage concurrentiel et une innovation durable. La courbe d’apprentissage a été raide, mais c’est extrêmement excitant de travailler avec une technologie qui est une alternative moins chère, plus performante et, surtout, durable par rapport à la fibre de carbone. Nous avons fait de grands pas en avant avec les baquets de course, le pit-wall et l’îlot des ingénieurs, mais nous ne nous arrêtons pas là. Il y a plus à venir. »
Et bien sûr, ces innovations renforcent l’image verte de McLaren, ce dont le responsable de la durabilité Tim Bampton est bien conscient.
« L’utilisation de composites à base de fibres naturelles n’est pas seulement une innovation pionnière dans les meilleures traditions de McLaren Racing, mais elle contribue directement à nos engagements en matière de développement durable grâce à l’ingéniosité de notre personnel et de notre chaîne d’approvisionnement. Plus précisément, elle répond à nos deux principaux objectifs environnementaux, à savoir l’obtention d’un bilan carbone net nul d’ici 2030 et notre transition vers l’économie circulaire. »