Fille de Frank et officiellement directrice adjointe de Williams, Claire a de multiples chantiers à mener pour redresser l’équipe, et éviter qu’elle ne sombre sportivement et financièrement.
Claire tire sa légitimité principale de son père… mais cette filiation prestigieuse ne l’empêche-t-elle pas aussi d’agir plus librement, sans être tournée toujours vers le passé de l’équipe ? Qu’est-ce qui l’emporte chez elle ? La passion pour Williams, ou la peur de dilapider tout ce que son père aura construit ?
« C’est l’équipe de notre famille, donc beaucoup de choses se jouent là-dessus. Si j’ai accepté ce travail, c’est notamment parce que je voulais préserver l’héritage non seulement de mon père, mais encore de ma mère, dans ce sport. C’est un héritage dont nous sommes extrêmement fiers. Donc il y a cette pression. »
« Et je prête vraiment une attention extrême à la réputation de cette équipe. Je me soucie profondément des gens qui travaillent pour nous et je veux m’assurer qu’ils soient dans une équipe dont ils peuvent être fiers, une équipe qui puisse survivre durant de nombreuses, nombreuses années encore dans ce sport. »
« Donc je m’investis énormément. Mais pour rien au monde, je ne ferais autre chose. J’adore ce que je fais. Je suis très chanceuse de faire ce que je fais. Et je trouve, en fait, ce défi probablement plus motivant dans la situation actuelle – plus motivant que si nous étions juste tranquillement installés à la 4e place, en signant occasionnellement un podium. »
« Il faut combattre avec âpreté si vous voulez connaître du succès dans n’importe quel sport. Parce que le succès est une immense récompense. Il faut aller le chercher. Demandez juste à Toto Wolff. Cela lui demande une immense quantité de travail, la chance n’entre pas nécessairement en compte. »
« Je suis préparée pour cela et j’ai retroussé mes manches. Je vais me battre avec chaque parcelle de mon être, pour réussir ce que je veux que Williams réussisse, et je n’abandonnerai pas avant d’y arriver. J’irai me battre s’il le faut, mais je continuerai à me battre pour cette équipe, parce que je crois en elle. Je crois qu’elle a sa place dans ce sport, je crois qu’elle y est tout à fait légitime, et qu’elle ne devrait pas être là où elle est en ce moment. »
Claire Williams se sent en réalité redevable de l’entreprise construite par son père, Frank.
« Je dirais qu’il n’y a jamais aucun conflit en moi, parce que j’ai Williams vraiment chevillée au corps, dans chaque fibre de mon corps ! J’ai grandi dans cet environnement. Frank ne laissait jamais son travail au bureau, il l’amenait à la maison, et nous en faisions tous partie, nous regardions tous ce qui se passait chez Williams. Donc cela fait partie de qui je suis, et je sais donc comment mon père travaillait. Je suppose que j’ai suivi ses traces, surtout parce que j’ai appris de lui avec les années. »
L’ombre paternelle n’est-elle pas, pour autant, trop écrasante ?
« J’ai aussi ma propre manière de travailler, et je veux aussi laisser ma propre trace chez Williams. Donc j’ai beaucoup de travail à faire pour mener à bien notre transformation culturelle, la transformation de l’entreprise. Je dirige tout cela, donc je laisse ma trace sur l’équipe. Mais jamais je ne voudrais perdre l’héritage de Frank et Patrick [Head]. Donc il est important pour moi de protéger le passé, mais aussi de construire et de protéger le futur. »
« Je ne suis pas dans la situation de Christian Horner ou Toto Wolff. Chaque directeur d’écurie a énormément de pression, de la part des actionnaires. Effectivement, je suis la représentante de la famille, ce sont mes actions. Donc mes décisions, je ne dois pas m’en inquiéter, elles vont seulement coûter le futur de ma famille, pas le futur de la famille de quelqu’un d’autre. »
« Donc il s’agit de pressions véritablement différentes. Certainement, je ne voudrais pas être la personne qui aura abaissé Williams, qui aura mis l’écurie à genoux, ce serait terrifiant, et je suppose que cela me pousse à me battre encore plus dur. »