Être un pilote de F1 n’est pas une sinécure, c’est le moins que l’on puisse dire. Tout pilote doit constamment être au top-niveau, pour rester parmi les 20 heureux élus de la F1.
C’est ainsi qu’à certaines reprises, l’an dernier, entre deux courses hors d’Europe, George Russell faisait l’aller-retour vers le simulateur Mercedes, afin de se préparer au prochain Grand Prix. Un programme qu’on imagine exténuant.
Comment George Russell fait-il pour être au quotidien si dévoué, si impliqué ? Et cela ne nuit-il pas à sa santé physique ou mentale à force ? À ses proches ? Le pilote Mercedes a évoqué ses questions pour le podcast "Beyond the Grid".
« On m’a appris que si l’on voulait accéder à la Formule 1, si l’on voulait y parvenir, il fallait se surpasser par rapport à tous les concurrents, en particulier ceux qui bénéficiaient d’un soutien familial ou d’un sponsor potentiel, car c’est le seul moyen de faire ses preuves en Formule 4, en Formule 3 ou en Formule 2. C’est ce que nous avons fait et cela ne m’a jamais quitté depuis. »
« J’ai appris depuis mon plus jeune âge, probablement par mon père, que l’on ne retire de la vie que ce que l’on y met. Nous étions dans une position privilégiée parce que nous pouvions faire du karting. Ma famille a pu nous soutenir, moi et mes frères et sœurs, dans la vie. Nous n’avons jamais eu de difficultés, mais nous étions loin d’être assez riches pour nous approcher de la Formule 1 avec le soutien financier dont nous disposions. Ma famille le savait. »
George Russell dit que ses proches l’ont toujours soutenu dans son accession vers la F1 : mais à partir de quel âge a-t-il commencé à penser vraiment sérieusement à la F1 ?
« Je pense que dans mon esprit, c’était à l’âge de 11 ans, quand je me suis dit "c’est sérieux et c’est ma vie, ma passion". Mais à 11 ans, on ne comprend pas vraiment la Formule 1. Vous vivez dans l’instant présent. Vous êtes trop jeune et naïf pour comprendre vos rêves. Mais je voulais être pilote de course et je voulais gagner. Si l’on fait le lien entre les deux, on pense évidemment la Formule 1, le summum du sport. »
« Mais c’est peut-être à l’âge de 15 ans que j’ai été assez vieux et assez mûr pour comprendre les défis à relever pour atteindre la Formule 1, pour comprendre que j’avais déjà consacré huit ans de ma vie et de la vie de ma famille à cela, et que c’était là que je voulais être. Comme je l’ai dit, à l’âge de 11 ans, vous ne comprenez pas vraiment que votre famille vous conduise d’un bout à l’autre du pays, qu’elle investisse son temps, son argent et ses efforts pour vous. Vous vous amusez comme un fou, vraiment. »
Parlons justement de la famille Russell. Même si George Russell est Britannique, là où la majorité des équipes de F1 sont basées, il a fallu tout de même quitter le domicile familial, vivre une vie unique, loin du foyer... Cela a-t-il été facile à (faire) accepter ? Et comment la famille Russell, qui ne roule pas sur l’or, a pu financer la carrière du prodige jusqu’à l’arrivée de la filière Mercedes ?
« Oui, mes parents ont toujours été passionnés par la course automobile. Lors de ma première année en voiture, nous avions quelques sponsors, mais c’est ma famille qui me soutenait. C’était notre dernière chance de progresser davantage, car nous savions que nous n’avions plus d’argent pour aller au-delà de la Formule 3. Cette année-là a été très tendue, car c’est à ce moment-là que j’ai compris qu’il s’agissait de ma dernière chance. Je me disais : si je ne gagne pas cette année, comment vais-je obtenir le soutien nécessaire pour courir en Formule 3 ? Ma famille ne peut pas supporter cela et je ne voudrais pas qu’elle vende la maison pour me donner cette opportunité. »
« Mais grâce à Mercedes, parce que nous connaissions Gwen Lagrue [le responsable du programme des jeunes pilotes de Mercedes] - et que nous savions à quel point Gwen est une personne et un manager formidables - et grâce à l’influence de Toto, mes parents ont compris que j’étais entre de très bonnes mains et qu’ils devaient presque me laisser voler, plutôt que de s’accrocher à mes ailes. Je leur suis très reconnaissant de l’avoir fait. »
« Mes parents me soutiennent chaque jour. Ils regardent chaque séance. »
« Mon père a mon onboard sur son iPad et l’écran de chronométrage sur son ordinateur portable, avec la télévision en arrière-plan. Il est en même temps sur FaceTime avec mon frère, qui regarde la séance à la maison avec ses trois enfants et sa femme. Il y a aussi ma sœur, qui est à la maison avec son mari et son chien. Ma sœur et mon frère n’ont jamais remis en question le soutien que mes parents m’ont apporté, et je ne serais pas ici aujourd’hui sans cela. »