Entre 2020 et 2021, quelles équipes ont le plus progressé ? Le plus régressé ? Pour le savoir, une mesure utile et éclairante est de comparer le nombre de points marqués en 2021 par rapport à 2020.
Mais bien sûr, il y a eu cinq de courses de plus en 2021 que durant la saison 2020. Par conséquent, pour établir de manière plus fiable et comparer le nombre de points marqués en moyenne, nous avons appliqué un coefficient neutralisateur entre les deux calendriers : c’est-à-dire que le nombre de points en 2020 a été multiplié par 1,294 (pour faire « comme si » la saison 2020 avait compté 22 courses, et non 17).
Il est alors possible de voir quelle équipe a notamment le plus souffert, en proportion, des modifications aérodynamiques de 2021, autour du fond plat notamment, qui ont bien plus que prévu chamboulé la hiérarchie…
Mercedes F1
Les chiffres : 613.5 points en 2021, contre 741 (573*1,294) en 2020. Soit une baisse de 17,2%.
Commentaire : Mercedes a en effet souffert du changement de règlement aérodynamique, et, par ricochet, du regain de forme de Red Bull. Il n’est pas surprenant de voir l’équipe de Brixworth ainsi décrocher, mais le constat qui ressort, est que cela aurait pu être bien pire. En effet, sans parler des déboires de fiabilité d’unité de puissance aux essais hivernaux, il faut aussi comparer la perte de points de Mercedes par rapport à celle d’Aston Martin F1 (une voiture à la philosophie très proche). En comparaison donc, Aston a perdu presque 70 % des points de Racing Point de 2020 à 2021, tandis que Mercedes a bien réussi à limiter la casse, surtout en deuxième moitié de saison.
Cela démontre que Lewis Hamilton, malgré une voiture au potentiel moins certain, s’est battu comme un lion dans sa monoplace, pour arracher le moindre centigramme de performance. Cela démontre aussi la performance d’ensemble de Mercedes qui malgré une perte sèche de performance et de points, a su assurer une nouvelle domination au classement des constructeurs. Que sera-ce en 2022, si le règlement joue de nouveau en faveur de Mercedes ? Attention à la concurrence.
Red Bull
Les chiffres : 585.5 points en 2021, contre 413 en 2020. Soit une hausse de 41,65 %.
Commentaire : Derrière Ferrari, c’est Red Bull qui a le plus progressé en 2021 par rapport à 2020. Il ne fait donc nul doute que le changement de règlement du fond plat, en rebattant les cartes, a permis à Milton Keynes de se refaire une santé. La « machine » Max Verstappen a bien sûr aussi assuré un maximum d’unités pour Red Bull, en menant par exemple plus de la moitié des tours.
Le total aurait pu être encore plus élevé si Sergio Pérez avait su hausser son niveau de jeu, ou si la malchance n’avait pas frappé Red Bull plusieurs fois (Bakou, Hungaroring, abandon tardif de Sergio Pérez à Abu Dhabi…). En somme, cette hausse spectaculaire redit combien Max Verstappen doit aussi son titre à ce changement de règlementation aérodynamique imprévu, qui sans le Covid n’aurait pas été peut-être mis en place sous cette forme. Ce qui n’enlève bien sûr rien à son mérite.
Ferrari
Les chiffres : 323.5 points en 2021, contre 170 points en 2020. Soit une hausse de 90,3 %.
Commentaire : C’est LA progression la plus forte du plateau. Cela s’explique par deux facteurs principaux. Tout d’abord, naturellement, il est plus facile de rebondir quand on part de plus bas : et en effet la Scuderia partait de très, très bas en 2020 (6e place au classement des constructeurs) avec un moteur anémié. La nouvelle unité de puissance, sans être au niveau des meilleures, a permis à Maranello de se faire une vraie cure de jouvence. L’aérodynamique a été aussi plus réussie, notamment à la faveur du nouveau règlement. Mais on ne pourrait trouver tout cela que bien normal étant donné que Ferrari a le plus gros budget du plateau, avec Red Bull et Mercedes.
La deuxième raison expliquant ce rebond spectaculaire tient à la régularité des deux pilotes, Carlos Sainz et Charles Leclerc, qui ont presque marqué le même nombre de points. C’est ce qui explique aussi que Ferrari a pu marquer des points de manière très régulière, là où Sebastian Vettel était, sauf à Istanbul, aux abonnés absents l’an dernier.
McLaren
Les chiffres : 275 points en 2021, contre 261 en 2020. Soit une hausse de 5,4 %.
Commentaire : Finalement, la hausse des performances n’est pas si spectaculaire pour McLaren. Ce qui est immédiatement sanctionné par la perte de la 3e place au classement des constructeurs, car pour rester à ce niveau, il ne faut pas baisser les armes. Malgré le doublé de Monza, McLaren a ici payé en particulier des erreurs de stratégie (Lando Norris à Sotchi) et, plus sûrement, le manque de compétitivité générale de Daniel Ricciardo tout au long de l’année.
Le redressement de McLaren a-t-il atteint ses limites ? Une équipe-cliente, en délicatesse financière, et à la soufflerie datée, peut-elle encore espérer faire mieux en 2022 ? Rien n’est moins sûr.
Analyse de la 2e partie du tableau à venir...