Les classements définitifs de la saison 2021 sont désormais connus. Cependant, ils recèlent encore d’informations et de données, révélant, de manière éclairante, quoiqu’imparfaite, le poids réel de tel ou tel pilote dans les résultats de l’équipe.
Il peut être ainsi utile de calculer quel pourcentage a "pesé" chaque pilote, s’agissant du nombre de points, dans le résultat global de son équipe. Ceci pour essayer de démontrer par les chiffres l’importance critique d’un pilote dans une équipe particulière ; ou encore pour essayer de voir si une équipe a surperformé (par rapport au potentiel de sa monoplace) grâce au niveau fort, égal et constant de ses deux pilotes ; ou enfin pour cerner si une équipe, qui avait une bonne voiture, aurait pu mieux se classer si son deuxième pilote aurait été plus performant.
Bien entendu il ne s’agit ici que d’une approche comparative ayant des limites. Notamment parce que les circonstances de course (crash, fiabilité, chance globale, arrêts aux stands) ne s’équilibrent pas forcément au cours d’une année. La mesure est aussi plus fragile lorsque les équipes luttent pour des petits points, une seule course pouvant avoir de grandes conséquences. En miroir, les écarts sont naturellement plus élevés dans les écuries de pointe où l’on joue pour de plus gros points.
Red Bull
Les chiffres : Max Verstappen a inscrit 67,5 % des points de l’équipe, contre 32,5 % pour Sergio Pérez.
Commentaire : La domination d’un pilote (Verstappen) chez Red Bull a toujours été de mise depuis le départ de Daniel Ricciardo. Cela se confirme avec ces chiffres qui font donc que le Néerlandais a marqué plus des deux tiers des points de son équipe.
Pour autant, il faut relativiser l’opinion générale selon laquelle Sergio Pérez aurait bien plus rapporté de points qu’Alexander Albon. En vérité l’an dernier, le Thaïlandais avait inscrit 32,9 % des points de Red Bull. Un chiffre proche donc de Checo, quoiqu’à relativiser puisque l’an dernier par définition, Max Verstappen luttait moins pour des gros points. Si Sergio Pérez avait marqué en proportion de points autant que Valtteri Bottas chez Mercedes (voir ci-dessous), Red Bull aurait également pu lutter plus longtemps pour le titre. Mais il est vrai aussi qu’il faut rappeler qu’à Abu Dhabi par exemple, Sergio Pérez a subi un abandon précipité alors qu’il était 3e (il risquait de semer de l’huile sur la piste.)
Mercedes
Les chiffres : Lewis Hamilton a inscrit 63,2 % des points de l’équipe, contre 36,8 % pour Valtteri Bottas.
Commentaire : Là encore il s’agit de relativiser l’opinion générale : non, Valtteri Bottas n’a pas fait une saison catastrophique en comparaison des attendus d’un deuxième pilote et de Sergio Pérez. Certes le Finlandais ne découvrait pas son équipe ; mais il a terminé solide 3e au championnat pilotes et a inscrit un peu plus de points relativement par rapport à Sergio Pérez. Cependant il est vrai que l’an dernier, il avait inscrit 38,91 % des points de l’équipe alors même que Lewis Hamilton luttait plus régulièrement pour des victoires.
L’écart restant très élevé au bout de plusieurs saisons, la décision de Toto Wolff de remplacer Valtteri Bottas par George Russell est donc aussi compréhensible.
Ferrari
Les chiffres : Carlos Sainz a inscrit 50,9 % des points de l’équipe, contre 49,1 % pour Charles Leclerc.
Commentaire : De toutes les équipes du plateau, Ferrari est celle ayant le total le plus équilibré entre ses deux pilotes. Et c’est même Carlos Sainz qui devance Charles Leclerc. Cela démontre bien que la Scuderia a fait un excellent choix en recrutant l’Espagnol, qui pousse Charles Leclerc dans ses retranchements et qui se révèle être une machine à points, aussi discrète qu’efficace. L’an dernier pour rappel, Sebastian Vettel n’avait inscrit que 25 % des points de l’équipe – il était bien en bout de parcours à la Scuderia.
Alors que Ferrari était loin d’avoir la troisième meilleure voiture au total, l’efficacité combinée de ses deux pilotes, qui plus est dans une bonne entente, a permis à Maranello d’obtenir ce succès marquant son redressement.
McLaren
Les chiffres : Lando Norris a inscrit 58,2 % des points de l’équipe, contre 41,2 % pour Daniel Ricciardo.
Commentaire : McLaren est ainsi le miroir de Ferrari. La recrue Daniel Ricciardo a eu toutes les peines du monde à s’adapter à la MCL35M, qui insistait sur les faiblesses de l’Australien (la McLaren est la plus difficile au freinage et à la rotation en entrée de virage, alors même qu’il s’agissait d’une des forces de Daniel chez Red Bull). La conséquence ne s’est pas faite attendre pour McLaren puisque ce manque de régularité a sanctionné la perte de la 3e place au classement des constructeurs.
Le doublé de Monza aura été davantage un feu de paille qui a masqué une claire inconstance du deuxième pilote de l’équipe, expliquant en bonne part le relatif échec au classement de l’équipe. Avec deux pilotes plus efficaces, McLaren aurait sans doute pu lutter jusqu’au bout face à Ferrari pour la 3e place…
A suivre : L’analyse de la 2e partie du plateau dans un prochain article...