La pandémie a bouleversé le calendrier des habituels essais hivernaux. D’ordinaire, ils se tiennent fin février à Barcelone. Mais puisque le premier Grand Prix de l’année aura lieu à Bahreïn, fin mars, il a été décidé (pour des raisons de logistique et de coût) de déplacer les essais hivernaux de Barcelone à Bahreïn – du 12 au 14 mars prochain.
Ce changement est significatif pour les équipes, qui devront faire face à un environnement inédit depuis une décennie. Même si de nombreuses pièces ont été reportées d’une année sur l’autre, et même si le circuit de Bahreïn (où eurent lieu deux Grands Prix l’an dernier et des essais privés en 2017 et 2019) est bien connu, plusieurs points sont à considérer avec attention.
La première différence, ce sera bien sûr au niveau du tracé du circuit, avec des conséquences techniques sur les données aérodynamiques recueillies. Le circuit diffère évidemment dans ses caractéristiques de celui de Barcelone, ce qui complique les comparaisons par rapport à l’an dernier. Le troisième secteur de Barcelone en particulier est très apprécié des équipes, avec ses virages lents – portion dont manque un peu Bahreïn. La surface de Bahreïn est aussi plus dure pour les pneus. Les Pirelli (nouveaux cette année) vont donc fonctionner différemment. L’appui général avec lequel courent les F1 est aussi moins élevé qu’à Barcelone.
Ainsi les équipes pourraient davantage s’intéresser à des points plus pertinents pour Bahreïn : comme la motricité en sortie de virage, et la dégradation des pneus arrière (mis à rude épreuve à Sakhir).
Le deuxième grand changement est une bonne nouvelle : c’est la météo. Il a même pu neiger par le passé à Barcelone, à la mi-février. Cette fois, au milieu du désert, les températures devraient osciller autour de 20 degrés dans l’air – bien plus chaud qu’à Barcelone. Il y aura aussi moins de risques de pluie, ce qui devrait faciliter le temps de roulage des équipes.
Au niveau des pneus, le temps plus chaud aura aussi des conséquences : les données seront plus représentatives du reste de la saison. Par conséquent les tests de résistance à la dégradation thermique, l’évaluation de la bonne fenêtre de fonctionnement des pneus, devraient être ainsi plus pertinents. Quand on sait que les Pirelli changent cette année, ce n’est pas rien !
Du point de vue opérationnel, le changement de date est aussi à considérer. Les données seront immédiatement applicables sur le premier Grand Prix de l’année à Bahreïn et les essais hivernaux pourront ainsi jouer, aussi, le rôle d’essais libres grandeur nature.
Cela signifie que la hiérarchie du plateau devrait être connue plus rapidement. Car Bahreïn est un circuit assez représentatif au calendrier, tandis que Melbourne, l’habituel premier Grand Prix, est assez atypique avec son visage urbain.
Le changement géographique aura aussi des conséquences opérationnelles importantes. Car Barcelone est un circuit bien plus proche des bases des équipes, au Royaume-Uni, en Italie ou en Suisse (deux heures d’avion contre sept pour Bahreïn). L’envoi de pièces et autres matériels prendra ainsi bien plus de temps et devra passer impérativement par avion, alors qu’à Barcelone, les équipes peuvent envoyer des armées de camions. Avec l’équation du coronavirus et du Brexit qui viendra tout compliquer, ce sera un casse-tête logistique pour le plateau ! Gare à ne démolir aucune pièce car les « spare parts » pourraient vite manquer aux plus petites équipes…
Enfin la cinquième grande différence, c’est le temps de roulage, drastiquement réduit, de 6 à 3 jours, en une seule fois. Cela veut dire que les équipes n’auront pas de semaine d’intervalle pour trouver des solutions à d’éventuels problèmes (souvenons en 2019 que Mercedes avait fait de grands progrès entre les deux semaines).
Cela veut dire aussi que les débutants ou revenants (Nikita Mazepin, Mick Schumacher, Yuki Tsunoda, Fernando Alonso…), ceux qui découvrent aussi une nouvelle voiture après avoir changé d’équipe (Sebastian Vettel, Daniel Ricciardo, Carlos Sainz, Sergio Pérez…) n’auront qu’une journée et demi d’essais. Williams va même donner (ou plutôt vendre) une journée entière d’essais au pilote d’essais Roy Nissany…
Les ingénieurs auront également très peu de temps pour récolter de nouvelles données. C’est peu, et le simulateur ne peut pas tout !
Mais du côté face de la médaille, la plupart des F1 emportent beaucoup de pièces de l’an dernier, ce qui devrait rendre l’évaluation de la fiabilité et de la performance plus aisée.
Pour ces essais atypiques à bien des égards, rendez-vous donc une semaine tout juste, le 12 mars !