Andy Stevenson, le directeur sportif d’Aston Martin F1, est présent dans l’équipe de Silverstone depuis l’époque Jordan. Il se souvient qu’Eddie Jordan lui a dit une fois ’tu ne dureras pas longtemps ici’, des mots qui ont eu un impact sur sa motivation.
"J’étais beaucoup, beaucoup plus jeune à l’époque et, même si je ne pouvais pas le voir à l’époque, en y repensant aujourd’hui, ce qu’Eddie était en train de faire était clair" se souvient Stevenson.
"Eddie essayait de me motiver. Ce n’est pas qu’il ne voulait pas de moi dans l’équipe. Ce qu’il voulait, c’était que je fasse le double du travail pour lequel il me payait - et c’est exactement ce qu’il a fait."
"Lorsqu’il m’a dit cela, je me suis dit ’je vais te prouver que tu as tort, je vais garder la tête baissée, travailler dur et rester ici’. Mais je n’ai pas eu l’impression de travailler dur. C’était facile parce que j’aimais ce que je faisais."
"Vous ne ressentez pas le stress et les tensions lorsque vous tirez satisfaction de tout ce que vous faites dans votre travail. C’est ce qui m’a permis de continuer chaque année et de rester ici aussi longtemps."
"Chaque année, on se projette dans l’avenir et on réfléchit à la manière dont les choses peuvent s’améliorer et à la manière dont on peut contribuer à cette amélioration. Avant même de s’en rendre compte, cela fait 35 ans que l’on fait ce travail !"
Deux fonctionnements "difficilement comparables"
L’équipe existe depuis 32 ans sous les identités Jordan, Midland, Spyker, Force India, Racing Point Force India, Racing Point puis Aston Martin, et Stevenson a vu cette évolution au fil des trois décennies qu’il a passées dans l’équipe.
"C’est une équipe phénoménale et ce que Lawrence Stroll nous a permis de construire ici grâce à son soutien et à sa vision est extraordinaire. C’est une chance inouïe. Nous sommes tous privilégiés d’être ici, de faire partie de cette aventure. L’équipe est tellement différente de ce qu’elle était dans le passé."
"On ne peut pas vraiment faire de comparaisons. Lorsque nous sommes arrivés pour la première fois en Formule 1 en 1991, nous n’étions même pas sûrs de pouvoir terminer la saison ! La seule comparaison que je puisse faire, c’est que ce qui se passe actuellement dans cette équipe est aussi excitant que ces premières années, si ce n’est plus."
"Arriver à un Grand Prix avec une voiture avec laquelle on peut vraiment rivaliser est très excitant. En 1991, nous avons terminé cinquièmes du championnat, mais nous nous qualifions à trois secondes de la pole position. Nous sommes beaucoup plus proches aujourd’hui."
Gagner le championnat avant de partir
Malgré ces 30 années en Formule 1, Stevenson n’a aucune envie de s’en éloigner, au contraire : "Il n’y a rien d’autre que je voudrais faire. Je suis très compétitif et c’est ce qui me motive."
"Je n’ai pas fini de travailler avec cette équipe. Je ne suis pas là pour gagner quelques courses, pas plus que les autres membres de l’équipe. Nous sommes ici pour gagner le championnat du monde, c’est l’objectif à long terme."
"Il a fallu beaucoup de travail pour en arriver là, mais nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. L’époque où l’on se battait au-dessus de nos moyens et où l’on se disait qu’une quatrième ou une cinquième place était suffisante est révolue."
Stevenson se sent davantage sous pression cette année que les saisons précédentes, ce qui n’est pas pour lui déplaire : "Pour ce qui est de maintenir ce niveau de performance, je ressens la pression, mais c’est aussi ce qui me motive."
"Une fois que vous y avez goûté, que vous vous êtes battu aux avant-postes et que vous êtes régulièrement monté sur le podium, vous ne voulez pas que cela s’arrête. Vous ne voulez pas que d’autres équipes commencent à faire mieux que vous."