Actuel 2e du championnat de F2, derrière Oscar Piastri, autre protégé de l’académie Renault, Guanyu Zhou a un profil intéressant, non seulement en raison de son talent brut, mais aussi en raison de sa nationalité. Pour qui veut percer sur le marché chinois, Zhou serait une cible de choix en effet…
Cependant jusqu’ici, la carrière de Zhou n’a pas été simple : car la culture du sport automobile n’est pas encore bien installée dans l’Empire du Milieu. Et ses parents n’étaient pas bien riches...
La première fois qu’il testa un kart, la réaction de Guanyu Zhou fut ainsi assez étonnante…
« J’avais peur. J’avais sept ans, ce qui est assez tard pour une première fois dans un kart, car la plupart commencent à trois ou quatre ans. J’étais à l’arrière d’un kart biplace avec mon père au volant. J’avais les yeux fermés pendant tout ce temps. Je ne les ai pas ouverts une seule fois. C’était comme être sur des montagnes russes ! »
« C’était difficile. Nous demandions à beaucoup de gens de déterminer ce qui était le mieux. Nous avons pris quelques décisions qui n’étaient pas les meilleures - mais je pense que c’est compréhensible quand vous n’avez personne pour vous montrer la bonne direction. »
C’est à 12 ans que Zhou arriva au Royaume-Uni, la terre du sport automobile, et bien sûr l’adaptation fut tout sauf simple.
« Je n’avais pas d’autre choix que de m’adapter, l’école était très différente. Par exemple, je n’ai jamais étudié les sciences en Chine, donc je n’avais pas de base. Il faut aussi apprendre la langue. Au cours de ma première année, je ne comprenais pas grand-chose, mais passer du temps avec des personnes uniquement anglaises m’a beaucoup aidé. »
La suite fut plus rassurante : 2e dans son premier championnat F4, Zhou fut accepté dans l’académie der Ferrari, avant de marquer le pas en F3 (trois campagnes d’affilée). Désormais protégé par Renault, il peut ambitionner le titre en F2 cette année. Il a même pu tester une F1, une Renault de deux ans. Et même l’Alpine de 2021, en EL1, en Autriche cette année... dans le baquet de Fernando Alonso,
« C’était grand. C’est ce que je voulais, me préparer le mieux possible pendant la saison de F2 pour être prêt dès que j’aurai une chance [en F1]. »
Au sein de Renault, Guanyu Zhou a son modèle tout trouvé : il est espagnol et double champion du monde...
« Fernando était mon idole en F1. C’est en 2005 que j’ai découvert la F1 après avoir assisté au tout premier Grand Prix de Chine l’année précédente. Je ne m’attendais pas à être dans son baquet. Il m’aide beaucoup et est très ouvert avec les informations. Avant l’Autriche, nous parlions déjà ensemble de la voiture, de ses sensations. Un champion du monde qui aide un jeune pilote, ça n’est pas arrivé souvent dans mon expérience. Ce qu’il a fait pour moi est assez surprenant. »
Cependant au-delà de ce tableau encourageant, l’horizon semble bouché pour Zhou chez Alpine : car Fernando Alonso est encore sous contrat l’an prochain, Ocon a été lui prolongé de trois ans et la concurrence est rude avec Piastri. Pas de quoi décourager le jeune pilote !
« Mon objectif de toujours est d’être un pilote de Formule 1. Pour l’instant, j’essaie de gagner le championnat de F2, de bien faire, et j’espère que cette opportunité en F1 viendra. »
Guanyu Zhou, pour convaincre Alpine, qui tente de percer le marché chinois, a donc un argument de poids : son passeport !
« Ces dernières années, le nombre de personnes qui connaissent le sport automobile en Chine a augmenté massivement. Je suis heureux de porter le drapeau chinois et de rendre les gens de chez nous fiers. Je n’ai pas encore atteint le plus haut niveau, mais c’est l’objectif. »