Ancien de BAR, Honda, Brawn et Mercedes, James Vowles est désormais le directeur d’écurie de Williams F1.
Il a donc travaillé avec les plus grands de la F1 – notamment Michael Schumacher puis Lewis Hamilton chez Mercedes.
En 10 ans à Brackley, James Vowles a vu le septuple champion du monde évoluer, en tant que pilote bien sûr, mais aussi en tant que personne.
Tout d’abord, selon James Vowles, Lewis Hamilton a fini par accepter que ne pas remporter un Grand Prix n’était pas forcément synonyme d’échec. Il a appris toute la valeur des ‘points intermédiaires’, les 2e et 3e places, qui étaient les moments où se gagnait aussi un titre mondial selon Enzo Ferrari.
« Lewis, lorsqu’il nous a rejoints, était - et est encore aujourd’hui - le pilote le plus naturellement talentueux avec lequel j’ai travaillé au cours de ma carrière chez Mercedes, y compris en tenant compte de Michael. »
« Il avait un tel talent naturel. Sa mentalité, à l’époque où il a rejoint l’équipe, était brillante. »
« Je comprends pourquoi il a réussi, mais il pensait quelque chose comme ‘Je vais gagner toutes les courses, à tout prix. Peu importe le coût, je vais gagner cette course.’ »
« Mais si vous lui parlez aujourd’hui, il accepte désormais que les deuxièmes et troisièmes places sont le moyen de gagner le championnat. Car travailler, s’améliorer avec l’équipe les jours où vous ne pouvez pas gagner la course vous apportera bien plus de récompenses que de bousculer tout le monde pour gagner seulement un Grand Prix. »
Qui en particulier a fait évoluer Lewis Hamilton dans sa mentalité ? Niki Lauda ? Toto Wolff ? Andrew Shovlin (ingénieur de course en chef chez Mercedes) ? James Vowles lui-même (il était responsable de la stratégie) ?
« Ce n’était pas lié à un seul individu – Toto, moi-même ou, à l’époque, Shov [Andrew Shovlin]. »
« Je citerais aussi Niki Lauda maintenant – il a joué un grand rôle, il était un individu à l’esprit fort qui avait gagné plusieurs championnats du monde et j’ai appris énormément de choses de lui. »
« Il faut d’abord être ouvert et honnête avec les pilotes, c’est aussi simple que cela. Trop souvent, nous n’allons pas au fond des choses et nous les contournons. »
« Après tout, ils sont, à bien des égards, les meilleurs au monde dans ce qu’ils font. Il devient donc difficile d’avoir une conversation directe. »
Plus généralement, pour James Vowles, c’est aussi la culture "ouverte et transparente" de Mercedes qui a permis à Lewis Hamilton de s’épanouir - en alliant performance et bienveillance.
« Vous verrez que ma façon d’être en public, ma façon d’être devant les médias et ma façon d’être hors caméra sont exactement les mêmes. »
« Chez Mercedes, nous avons une culture ouverte, honnête et transparente. Cela commence là - vous avez cette conversation ouverte et honnête sur tous les sujets, notamment quand des pilotes nuisent à l’équipe et se nuisent à eux-mêmes par leurs comportements. »
Cependant, et James Vowles le reconnaît aussi, Lewis Hamilton reste toujours obsédé par l’idée de vaincre son coéquipier, qu’il se nomme Nico Rosberg, Valtteri Bottas ou désormais George Russell...
« La F1, c’est un sport d’équipe. Mais il faut d’abord battre son coéquipier. Si vous ne battez pas votre coéquipier, on vous remet en question. »
« L’essentiel, c’est qu’il ne s’agit que d’un seul combat. Mais chaque individu contribue au succès de l’équipe. C’est aussi simple que cela. »