Étant donné que le ticket d’entrée en formules junior, mais aussi en karting, progresse d’année en d’année, de nombreux jeunes pilotes talentueux, mais dénués de ressources financières, doivent abandonner leur rêve de faire carrière dans le sport auto.
De plus en plus, dans la discipline, il faut ainsi s’attirer des sponsors généreux, être un fils d’ancien pilote (Kevin Magnussen, Nico Rosberg ou Jolyon Palmer en sont des exemples récents), ou compter sur un père millionnaire (Sean Gelael, Lance Stroll…) pour faire carrière.
Cette situation a des conséquences concrètes sur l’origine sociale des pilotes dans les formules juniors : les jeunes issus des catégories populaires se font de plus en plus rares.
Certains pilotes du paddock, comme Lewis Hamilton (ou Esteban Ocon, le troisième pilote Mercedes), ne sont pourtant pas nés avec une cuillère en argent.
C’est justement le champion du monde britannique de Mercedes qui a tiré la sonnette d’alarme, à l’occasion de son Grand Prix à domicile : pour lui, il est urgent de soutenir les jeunes pilotes les moins favorisés, afin d’éviter que le sport auto ne devienne un club de privilégiés.
« L’une des choses dont je suis vraiment fier, c’est d’être arrivé en F1 alors que j’ai grandi dans une famille d’ouvriers, dans un contexte de différence ethnique. Et je vois tant de personnes de religions différentes, aux différents parcours de vie, profiter des Grands Prix en tribunes, et c’est peut-être quelque chose de nouveau que vous n’auriez pas pu expérimenter par le passé. Donc j’en suis vraiment fier. Mais j’ai toujours beaucoup de travail à faire. »
« Ce sport est fantastique, et le futur appartient bien sûr aux jeunes. Le karting a changé par rapport à mon époque. Il faut être dans une équipe de pointe désormais en karting. Il faut des centaines de milliers d’euros pour y concourir. C’est différent de mon époque. Mon père et moi avions l’habitude de courir sur la piste juste à côté de notre caravane. »
« Donc je veux m’impliquer pour essayer de changer le format des catégories inférieures, pour voir beaucoup plus d’enfants d’ouvriers arriver dans le sport auto. Avec tout le respect que je leur dois, bien des pilotes – ce n’est pas de leur faute – arrivent avec beaucoup d’argent. Mon père m’a toujours dit que nous étions les derniers d’une lignée en train de disparaître, donc je veux trouver le prochain jeune, issu d’une famille d’ouvriers, qui arrivera en F1. J’y travaille. »
Lewis Hamilton évoque ici sa vie de futur jeune retraité de la F1. Y pense-t-il à court terme, ou est-ce encore un horizon lointain ? Pour rappel, son contrat expire à la fin de la saison 2020 avec Mercedes.
« Je suis toujours là pour représenter les trentenaires, et je vais être là pendant encore un moment. »
« 2024… cela semble très loin » déclarait-il ainsi à une autre occasion, toujours dans le paddock de Silverstone. « Qui sait ce que je ferai d’ici-là ! Mais si je ne suis pas en F1, si j’ai arrêté la course, je ne resterai pas dans les paddocks pour exercer d’autres fonctions en F1. »