Le nouveau règlement aérodynamique de 2022 a rendu les voitures peut-être plus instables, avec moins d’appui aérodynamique ; et surtout moins confortables avec le problème du marsouinage, qui peut affecter le dos du pilote, en plus de la rigidité supplémentaire introduite par les Pirelli de 18 pouces.
A l’heure où les bosses de Monaco vont s’ajouter au défi, y a-t-il des problèmes de santé à long terme à craindre alors pour les pilotes de F1 ? C’est Nicholas Latifi qui a le premier pointé ce risque dans le paddock. En élargissant le sujet aussi au règlement aérodynamique précédent.
« Indépendamment de ces voitures, la génération moderne de voitures avec les niveaux élevés des forces G et des choses comme ça... potentiellement à long terme il y a la possibilité d’avoir certains effets négatifs, vous savez, comme, la dégénérescence du disque intervertébral. Le simple fait de conduire ces voitures, avec des forces G aussi élevées pendant tant d’années, pourrait avoir des effets négatifs. »
« Et même probablement pour les pilotes plus grands qui sont peut-être assis un peu plus serrés dans la voiture, ce n’est pas anatomiquement correct, peut-être qu’Esteban peut s’identifier à cela, ainsi que d’autres pilotes de ma taille ou similaires. Donc, oui, c’est peut-être quelque chose dont il faut parler, mais je pense que ça s’améliore. »
Esteban Ocon, qui est donc l’un des pilotes les plus grands du plateau, peut-il confirmer ?
« Oui, c’est sûr. Elles sont plus difficiles à conduire que ces deux dernières années. Elles sont, vous savez, plus rigides sur les bosses, plus proches du sol. C’est des gros coups. Mais j’ai oublié combien c’était dur, vous savez... J’ai oublié combien c’était dur et combien c’était rigide, et combien de charges je recevais quand j’étais plus jeune, essentiellement dans les courses de karting. Donc en comparaison, ouais, c’est une conduite très confortable, je peux vous le dire. »
Sebastian Vettel, du haut de sa longue expérience de la F1, craint-il lui aussi pour sa santé ?
« Chaque sport a ses conséquences sur votre corps, selon le sport. Donc... »
« Sûrement il y a des charges sur la colonne vertébrale. Et entre les vertèbres c’est exceptionnellement élevé par rapport aux autres sports. Mais bon comme je l’ai dit, chaque sport est particulier. C’est à vous d’en prendre soin et d’essayer de prévenir autant que vous le pouvez. Jusqu’à un certain point, je pense que vous pouvez, à un autre degré, vous ne pouvez probablement pas. Donc, oui, je ne sais pas, le temps nous dira si vous voyez ces gars, dans 50 ans, vous verrez l’état de leur dos. Mais le problème que nous avons à cause du marsouinage ne devrait pas durer éternellement. Les équipes vont trouver une solution à un moment donné. »
Lewis Hamilton estime que contrairement à ce que l’on pourrait croire, les pilotes les plus vieux, comme lui, peuvent mieux appréhender ce problème de santé physique.
« Il y a des conséquences potentielles à long terme. Mais je pense que tout va bien maintenant. Ça s’applique probablement plus aux plus jeunes. Pour moi, je suis beaucoup plus vieux et mon dos est en bonne santé. Carlos ne peut même pas toucher ses orteils. »
Son coéquipier George Russell sourit alors...
« Je pensais que ce serait le contraire ! »
« Ce serait vraiment cool si nous pouvions partager des chiffres avec vous mais ils sont probablement confidentiels, alors demandez à l’équipe ce qui est possible, mais, vous savez, quand vous descendez la ligne droite à plus de 300 km/h et que vous vous écrasez sur le sol, bien sûr, vous ne voudriez pas que ça se passe comme ça. Et les voitures sont évidemment extrêmement rigides, et elles ne sont pas censées être confortables. Je pense qu’on peut presque comparer cela aux footballeurs - je ne sais plus à quelle époque, dans les années 60, 70 ou 80, ils avaient des ballons de football très lourds, et des recherches et des analyses ont été faites pour montrer que cela avait des conséquences sur la santé de ces gars, et les choses ont changé. Donc, vous savez, la Formule 1 est le centre de l’innovation, il n’y a aucune raison pour que nous ne trouvions pas une solution scientifique à ce problème. »