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Devenir ingénieur en F1 : des milliers de candidatures pour un seul poste…

Coker explique les coulisses de son travail chez Aston Martin F1

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Inem Coker occupe une place centrale dans l’organigramme d’Aston Martin F1, en tant qu’ingénieur chargé des études et du design aérodynamique.

Avec le retour de l’effet de sol depuis 2022, le travail de bien des équipes techniques s’est encore plus concentré sur les planchers, qui génèrent désormais une très grande partie de l’appui aérodynamique.

Coker, lui, est plus spécialisé dans les ailerons – mais son témoignage n’en demeure pas moins extrêmement éclairant sur les coulisses du métier.

« Un ingénieur d’études d’Aérodynamique travaille avec les aérodynamiciens, les machinistes et les techniciens ADM (Advanced Digital Manufacturing) pour tester les modèles de soufflerie, à l’échelle 60 %. L’ingénieur d’études en aérodynamique joue le rôle d’intermédiaire entre ces groupes, en comprenant ce qu’ils veulent obtenir avec certaines parties de la voiture et en déterminant ensuite si c’est réellement réalisable. Ensuite, il s’agit de créer les modèles, qui sont testés dans la soufflerie. »

« Je suis spécialisé dans les ailerons avant et arrière, ainsi que dans les angles avant de la voiture. Une grande partie du travail est itérative, car des problèmes surgissent souvent au cours du processus de conception, du processus d’assemblage et du processus post-test - vous êtes constamment en train d’ajuster et d’affiner. »

« Mon rôle est dynamique, varié et engageant, car vous êtes fréquemment confronté à des défis à relever et à des problèmes à résoudre. Vous apprenez rapidement qu’il n’y a jamais qu’une seule façon de résoudre un problème. »

Le monde de la F1 en général et celui de l’aérodynamique en particulier est en constante évolution, explique Coker, ce qui suppose une adaptation permanente.

« La rapidité de l’itération est l’un des principaux avantages. Vous travaillez sur quelque chose qui ne cesse d’évoluer, de changer, et cela met vraiment à l’épreuve vos capacités d’ingénieur. »

« Lorsque j’ai obtenu mon diplôme en aérospatial, j’ai travaillé sur de nombreux avions et je me suis vite rendu compte qu’il y a 50 ans, les avions ressemblaient exactement à ce qu’ils sont aujourd’hui, alors qu’une voiture de F1 datant d’il y a seulement deux ans est très différente des voitures de F1 les plus récentes. »

Mêler la piste et le virtuel est un autre défi constant, explique l’ingénieur d’Aston Martin F1. Comment ne pas trop perdre le contact avec la brutalité de la piste quand on s’enferme dans les chiffres et les données ?

« Il existe un lien réel entre le travail de CAO (conception assistée par ordinateur), les modèles de soufflerie et tous les essais que vous faites, et le fait de voir les pièces sur la piste. Lorsque vous êtes assis à un poste de CAO, il est facile de perdre la perspective globale. Le fait de pouvoir voir les résultats en personne, de faire l’effort d’aller dans la soufflerie ou de construire des modèles en grandeur réelle vous permet de garder le contact et c’est excitant de voir votre travail prendre vie physiquement. »

Travailler en F1... la pire idée qu’il soit ?

Même si les salaires en F1 ne sont pas si élevés, et même si le rythme de travail est très intense, le milieu attire énormément, en raison de son prestige et de la passion qu’il génère.

C’est ainsi que les places en F1 sont rares et chères !

« L’expérience professionnelle vous aidera à vous démarquer des autres candidats. Il se peut qu’il y ait des milliers de candidats ayant le même diplôme que vous, alors toute expérience professionnelle ou tout exemple montrant que vous avez fait preuve de passion peut vous aider à vous démarquer. »

« Il ne s’agit pas nécessairement d’un poste rémunéré. Le bénévolat est un excellent moyen d’acquérir de l’expérience et de démontrer votre intérêt. Il peut s’agir de faire du bénévolat sur la piste de karting de votre ville. »

« Il est peu probable que vous sortiez directement de l’école pour occuper un poste au sein d’une équipe de F1. Il est probable que vous recevrez des coups, mais vous devez garder la tête haute, continuer à travailler dur et croire en vous. Si vous êtes suffisamment passionné, si vous le voulez vraiment, vous finirez par y arriver. »

« J’ai postulé à toutes les opportunités d’expérience professionnelle et de stage au sein des équipes et je n’en ai eu aucune. Même lorsque j’essayais de faire du bénévolat, j’avais du mal à obtenir de l’expérience. »

« Mais quand on finit par arriver en F1, tout cela en vaut la peine. »

Trop d’ingénieurs viennent des mêmes milieux sociaux, ce qui n’est pas le cas de Coker. Du reste la diversité dans une équipe peut être une source de grande efficacité.

« Mais même sur le plan de l’ingénierie, le sport a besoin d’une plus grande diversité en termes de modèles, afin que les jeunes puissent voir des personnes qui les représentent. »

« J’ai eu la chance que mes parents me soutiennent et je n’ai jamais douté que je pourrais faire de la F1. J’espère que de jeunes ingénieurs me verront et seront inspirés pour poursuivre une carrière dans ce sport. »

« La diversité de pensée stimule la créativité et l’innovation, et augmente la capacité à identifier un éventail de solutions et à trouver finalement la meilleure. Si tout le monde vient du même milieu et a reçu la même éducation, il est probable que tout le monde pensera de la même manière - vous trouverez peut-être une solution, mais ce ne sera peut-être pas la meilleure. »

Pour autant la F1, comme trop de métiers-vocation, peut aussi dévorer votre vie personnelle...

« L’un des aspects les plus stimulants du travail en Formule 1 est l’intensité. Vous devez être concentré - vous devez être à fond tous les jours. Ce sport évolue à un rythme effréné. Si vous restez immobile, vous reculez. Il faut continuer à pousser. Cette quête incessante de progrès signifie que vous vous immergez très rapidement dans votre rôle - et en tant que passionné de sport, c’est quelque chose que j’apprécie vraiment. »

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