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Directives, normes, bureaucratie : la F1 souffre-t-elle d’une surenchère réglementaire ?

Après la directive technique de 18 pages de Pirelli

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Jadis dans les années 60, le règlement technique de la F1 pouvait tenir sur moins de 10 pages (le règlement 1963 faisait ainsi 4 pages !…)

C’était une autre époque. En témoigne la directive technique émise par la FIA, afin de renforcer les pressions sur les Pirelli : elle fait 18 pages ! Le double d’un règlement entier il y a des décennies.

Ce qui pose ainsi cette question (que nous évoquions en février) : la F1 n’est-elle pas victime d’une inflation bureaucratique (notamment avec le règlement financier) ? D’une surenchère réglementaire ? Pourquoi toujours et encore surveiller les équipes ? A qui la faute aussi ? A la technologie qui progresse, aux équipes trop tentées de tricher, à la FIA qui veut tout prévoir ?

La F1 est-elle alors surréglementée ? Frédéric Vasseur, chez Alfa Romeo, a été interrogé sur ce sujet en marge du Grand Prix de France au Paul Ricard…

« Probablement, oui. Si vous comparez la réglementation d’aujourd’hui à celle d’il y a 10 ans, vous pouvez dire que le sport est sur-réglementé parce que nous avons deux fois plus de pages qu’il y a 10 ans et que certains articles sont peut-être en contradiction avec d’autres - nous l’avons vu à Imola [avec la pénalité de Kimi Räikkönen]. Nous devons comprendre que cela vient aussi des équipes, car elles essaient toujours de trouver une petite faille dans le système et la FIA doit alors revenir et trouver une solution. Je pense que cela fait partie du jeu, de l’ADN de la Formule 1, d’être toujours à la limite et chaque ingénieur en F1 essaie d’être à la limite, mais maintenant vous devez le contrôler correctement à nouveau. »

Laurent Rossi, le PDG d’Alpine, abonde dans le même sens que son compatriote : oui la F1 est très réglementée, mais c’est aussi quelque chose d’assez naturel avec le sport de haut niveau.

« C’est la nature du sport d’essayer de trouver des failles dans les règlements sportifs et techniques, et même... ne nous leurrons pas, dans les règlements financiers. Il y a toujours eu des moyens d’adapter vos ressources et les performances que vous en tirez aux règlements et, bien sûr, la FIA a répondu avec de plus en plus de règlements et c’est ainsi que le sport a évolué et s’est développé. Je suppose qu’une chose serait que, sous un plafond budgétaire, les équipes n’auront pas le luxe d’explorer autant de voies et donc d’ouvrir autant de portes et peut-être verrons-nous moins d’innovation, peut-être pas... Je pense que c’est probablement légèrement sur-réglementé, oui. »

Chez Ferrari, Laurent Mekies regrette-t-il l’époque des années 60 ?

« Il va être difficile de revenir à quatre pages, mais permettez-moi de souligner que les directives techniques, aussi longues soient-elles, ne changent pas le règlement. Elles ne sont là que pour s’assurer que la FIA ait les moyens de faire respecter ce qui a déjà été écrit. C’est comme avoir dix policiers dans le garage... Je ne pense pas que cela ajoute de la complexité, il s’agit de faire respecter ce qui est déjà là. »

La directive technique de Pirelli n’est-elle pas la preuve cependant que la F1 va trop loin pour Mekies ?

« Ce n’est pas sur-réglementer que de spécifier à quelles pressions et à quelles températures les pneus doivent rouler. Je ne pense vraiment pas que ce soit le cas. Il faut l’appliquer parce que c’est un paramètre clé de la sécurité et de la performance, et c’est probablement la raison pour laquelle on y prête beaucoup d’attention en ce moment, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de surrèglementation. C’est une question d’application et, en tant que communauté, nous devrions tous nous réjouir des contrôles supplémentaires que nous pourrons effectuer pour nous assurer que tout le monde soit sur la même longueur d’onde. »

Visé en quelque sorte par cette inflation bureaucratique, Mario Isola chez Pirelli appuie le propos de Mekies.

« Comme l’a dit Laurent, il est important que nous ayons un règlement qui protège tout le monde et il est clair que nous ne pouvons pas revenir à un règlement de quatre pages, alors que nous travaillons dans un environnement où nous avons les meilleurs ingénieurs et où les voitures sont très compliquées, les règles sont parfois très compliquées. Le plus difficile est d’expliquer aux spectateurs ce qui se passe sur la piste. Nous devons trouver un compromis, mais il est impossible de penser que nous allons revenir à la situation d’il y a 50 ans. »

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