Ancien dirigeant de McLaren, Martin Whitmarsh a été choisi par Lewis Hamilton pour faire partie de sa Commission, qui réfléchit aux inégalités structurelles en matière de diversité et d’égalité en F1, et qui a rendu son premier rapport récemment.
Faisant sa propre auto-critique pour The Race, l’ex-dirigeant de Woking reconnaît qu’il n’a pas fait assez pour l’égalité, alors qu’il dirigeait une des plus grandes structures de F1. Le rapport de la Commission aurait ainsi permis de confirmer sa prise de conscience…
« Il y a un peu d’arrogance en Formule 1 et j’ai été, j’en suis sûr, coupable de ce sentiment de "bon, j’y suis arrivé et si je peux y parvenir, tout le monde doit juste avoir l’ambition et la volonté et l’engagement et aller frapper à la porte". Mais je n’avais pas pensé qu’il y avait de grandes sections de la société, des éléments défavorisés de notre société, des minorités ethniques issues de milieux pauvres, qui ne se sentent tout simplement pas invitées. Et donc, ils ne vont pas frapper à la porte. »
« En 25 ans, je ne me souviens pas d’un incident où j’ai pensé "c’est une décision basée sur une croyance raciste", mais d’un autre côté, à ma grande honte, parce que j’ai été un leader dans le sport pendant plusieurs années, je n’ai pas eu assez de réflexion consciente pour regarder autour de moi, juste avec mes yeux, les preuves devant moi dans le paddock, dans les garages, dans les usines, dans les bureaux d’études. »
« Nous sommes très internationaux. Mais nous ne représentons pas la société. »
Martin Whitmarsh a donc saisi des deux mains l’opportunité présentée par la Commission. Et il n’a que des louanges à faire sur l’engagement de Lewis Hamilton.
« Il est devenu une telle icône, et il le sait, cela lui donne une plateforme, lui donne une voix, lui donne l’opportunité de susciter ce débat, et nous amène à y réfléchir. »
Pour autant la F1 classe-t-elle vraiment consciemment les ingénieurs recrutés selon leurs origines ? Indirectement peut-être, répond Whitmarsh.
« Je ne me souviens pas d’avoir été consciemment témoin d’une discrimination raciale pendant ma carrière sportive, mais elle était inévitablement présente, comme c’est malheureusement le cas dans toutes les branches de la société. »
« La Formule 1 est le pinacle du sport automobile, nous sommes très axés sur la performance, la victoire, l’excellence. Donc, à part les pilotes, nous avons traditionnellement recruté dans les meilleures universités.
« Et bien que cela ne semble pas discriminatoire en soi, ça l’est en réalité, parce que de nombreux éléments défavorisés de notre société ne se sentent pas invités dans ces institutions, et ne voient pas comment y accéder, et par conséquent, ils n’ont pas nécessairement accès à la Formule 1. »
Le sujet sur lequel agir est tout trouvé pour la Commission : c’est l’éducation dans les sciences. Et la F1 est une base de départ formidable, au point de vue de la résonance médiatique, pour y parvenir.
« Je pense que nous pouvons utiliser un outil comme la Formule 1 comme un moyen d’inspirer les enfants des milieux défavorisés et de leur faire sentir qu’ils sont invités à venir participer à ce grand sport technologique. »
« Si vous voulez participer en tant que non-athlète, en tant qu’ingénieur, et c’est ainsi que je me suis engagé, alors même à cet âge précoce, vous devez commencer à vous concentrer sur les matières STEM à l’école, vous devez commencer à vous concentrer sur la réussite et l’apprentissage. »
« Je n’ai pas besoin d’être sur la défensive à propos de la Formule 1, mais la Formule 1 n’est ni meilleure ni pire que de nombreux autres secteurs de la société. La Formule 1 représente une opportunité de faire la différence, de stimuler, d’inspirer. Nous devons montrer à ces enfants, et à leurs parents, qu’ils sont les bienvenus, que nous les voulons, que nous allons les aider, que nous leur tendons la main. »