Alors que la saison s’achève, il est temps de dresser un bilan comptable de cette année 2019 et d’examiner les leçons qui peuvent en être tirées sur l’état de la F1 et sur la distribution des forces en présence.
Pour rappel, 2019 comme 2018 comptaient le même nombre de Grands Prix (21). Un point du meilleur tour était cependant attribué à chaque course, ce qui ne fausse pas diamétralement la validité des comparaisons statistiques.
Mercedes a marqué 12,8 % de points de plus que l’an dernier (739 contre 655). C’est en particulier en début de saison, avec six doublés consécutifs, que Mercedes a pu réaliser une telle performance. Avec 301 points inscrits en deuxième moitié de saison (à partir de la Belgique, avec un Grand Prix de moins comptant pour cette deuxième moitié de saison techniquement), Mercedes a en effet quelque peu flanché par rapport à la première partie d’année. Pour rappel l’an dernier, Mercedes avait marqué un total de points aussi un peu décevant en deuxième moitié de saison (310 en 2018 contre 301 en 2019), mais surtout en raison de la baisse de forme de Valtteri Bottas, assez transparent.
Ferrari a marqué 11,7 % de points de moins que l’an dernier (504 contre 571). Là encore, la deuxième moitié de saison est éclairante sur le niveau de forme de l’équipe. A partir de la Belgique, Ferrari a inscrit 216 points, contre 209 points l’an dernier. Contrairement aux apparences, Ferrari n’a donc pas réalisé une deuxième moitié de saison particulièrement extraordinaire, mais il faut dire que le double abandon à Interlagos (accrochage entre les deux Ferrari) a pesé lourd dans la balance.
Même si Red Bull n’a pu véritablement compter que sur un seul pilote performant cette année, le nombre de points marqués par l’écurie est quasiment le même qu’en 2018 (419 contre 417). A ceci près que le total de points inscrits par Max Verstappen a pesé plus lourd dans la balance cette année (278) que l’an dernier (249). La Max Verstappen-dépendance se préciserait-elle chez Red Bull ?
« Meilleur des autres » cette année, McLaren a effectivement grandement progressé au pourcentage de points marqués entre 2019 et 2018 (+ 133,9 %, passant de 62 à 145 points). Mais c’est bien la progression de Toro Rosso qui est la plus spectaculaire (de 33 points marqués à 85 points, soit une progression de 157,8 %).
Haas a en revanche divisé son total de points par plus de deux (28 points contre 93, soit une baisse de 70 %). Renault a affiché également une baisse marquée (- 25 % de points marqués, de 122 en 2018 à 91 cette année), quoique moins alarmante. Williams a elle divisé son total de points marqués par 7, en passant de 7 points inscrits l’an dernier à… 1 point.
Alors que Liberty Media et la FIA entendent rapprocher les écarts entre écuries de pointe et milieu de grille à partir de 2021, il est d’autant plus intéressant de rappeler la distribution des points marqués cette année. Au total, 2140 points ont été inscrits cette année. Plus d’un tiers de ces points (34,5 %) l’a été par Mercedes, 23,6 % par Ferrari, 19,5 % par Red Bull et donc 0,047 % par Williams.
Les écuries de pointe (Mercedes, Ferrari, Red Bull) ont inscrit 1660 points, soit donc 77,6 % du total. Les sept écuries de milieu de grille se partagent donc seulement 22,4 % du gâteau (480 points).
Entre les écuries de milieu de grille, McLaren a clairement dominé avec 30,2 % du total des points inscrits (sur ces 480 points donc). Renault suit avec 18,6 % des points, talonnée par Toro Rosso (17,8 % des points) et Racing Point (15,2 %).
En 2018, 2091 points (avant l’introduction de la règle du meilleur tour) avaient été inscrits (il faut aussi se souvenir que les 29 points que Force India avaient été retirés à l’équipe après son changement de nom en Racing Point ; par commodité, le total de Racing Point est ici ajouté à celui de Force India).
Mercedes avait inscrit « seulement » 31,5 % des points l’an dernier, et avait donc moins dominé que cette année. Le total de Ferrari était plus encourageant (27,3 %).
A elles seules, l’an dernier, les trois écuries de pointe avaient inscrit 1645 points, soit 78,7 % du total des points. Globalement, les écuries de milieu de grille ont ainsi pu grappiller 1 % du total de points inscrits entre 2018 et 2019, ce qui reste bien sûr insuffisant.
Conclusion
Si l’on fait ainsi le bilan de ce rapide retour statistique, trois principaux enseignements pourraient être retirés.
Tout d’abord, Mercedes a clairement consolidé sa domination sur la discipline et s’affirme plus que jamais comme la référence, sportive et donc comptable, du plateau.
Ensuite, le gouffre de performance et donc de points entre le milieu de grille et les écuries de pointe demeure quasiment inchangé, en dépit d’un très léger mieux attribuable surtout à certaines circonstances (courses folles à Hockenheim et à Interlagos).
Enfin, McLaren et surtout Toro Rosso ont affiché les progressions les plus spectaculaires, et peuvent espérer poursuivre sur la même pente l’an prochain.
2020 sera cependant une année de stabilité réglementaire. Fort logiquement, ces grandes tendances devraient donc perdurer.