Le bilan de Claire Williams en F1 est-il jugé avec trop de férocité ? C’est ce que pense, en tout cas, la principale intéressée.
Avec Claire à la barre, l’équipe anglaise a pourtant terminé en pleine débâcle sportive et financière – ne devant sa survie qu’au rachat par Dorilton Capital. Même encore aujourd’hui, James Vowles, le nouveau directeur d’écurie, souligne à quel point les infrastructures de Williams F1 sont dépassées, les process anachroniques et les machines obsolètes.
Mais Claire Williams rappelle aussi que sous sa houlette, Williams F1 finissait 3e au classement des constructeurs en 2014 et 2015, avec des podiums réguliers pour Felipe Massa et Valtteri Bottas.
Il est vrai que l’unité de puissance Mercedes F1 facilitait la vie à Williams F1, mais il est vrai aussi que McLaren, avec le même moteur, n’avait pas de pareils résultats.
« J’ai obtenu 15 podiums quand j’étais directrice d’équipe, je ne pense pas qu’aucun directeur d’équipe en dehors de Toto et Christian, au cours des 14 dernières années, ait obtenu 15 podiums » souligne ainsi Claire Williams, oubliant peut-être Mattia Binotto ou Maurizio Arrivabene.
« J’ai marqué un quart du total des points de Williams dans toute l’histoire de l’équipe. C’est beaucoup de points. Mais les gens oublient ça à cause de mes trois dernières années dans l’équipe » précise-t-elle encore... même s’il faut rappeler que le barème mis en place en 2010 fausse grandement les statistiques !
Précisons aussi que Claire Williams n’a remporté aucune victoire en F1 en tant que directrice d’équipe, alors que Williams F1 en a remporté 114 dans son histoire.
Pas de rancune cependant pour Claire : pour elle, James Vowles fera du très bon boulot à ce poste.
« Je suis très heureuse que quelqu’un comme James dirige cette équipe. »
« Peu de gens ont l’expérience nécessaire pour diriger une équipe, et encore moins pour redresser une équipe qui était en mauvais état - si je peux dire cela, c’est parce que je la dirigeais ! »
« Les nouveaux propriétaires, Dorilton, ont réalisé un coup d’éclat en le faisant venir de Mercedes. Je suis très attaché à Williams, à ceux qui la dirigent et à ceux qui la représentent, même si ce n’est plus la nôtre. »
« Lorsque votre père a construit une équipe dans laquelle il a mis du sang, de la sueur et des larmes avec le reste des personnes qui travaillaient chez Williams avec lui et Patrick [Head, cofondateur] ... c’est un héritage énorme, dont, en tant que famille, nous resterons toujours incroyablement fiers. »
« C’est l’une des raisons, je suppose, pour lesquelles Dorilton a voulu conserver le nom de Williams. Il y a là une valeur et un héritage considérables. »
« Lorsque votre père a investi autant d’efforts dans quelque chose, vous voulez absolument vous assurer que la personne prenant la relève est à la hauteur, et je pense que c’est le cas de James. »
En tant que fille de Frank puis directrice d’équipe, Claire Williams a cependant grandi, pensé et travaillé F1 tout au long de sa carrière. La F1 fait partie de sa vie - et la F1 lui manque forcément.
« 45 ans de Formule 1, c’est une très longue période qui façonne votre vie, définit votre caractère et votre identité. »
« J’ai vécu et respiré Williams toute mon existence, alors quatre ans hors de ce sport me paraissent surréalistes, si je suis honnête, et c’est aussi triste. »
« Cela me manque. La Formule 1 me manque. C’est un monde incroyable dont on peut faire partie, et il est dévorant, en particulier lorsque vous dirigez une équipe. »
« Il est très difficile de partir et de trouver un sens et un but ailleurs, mais j’ai un jeune fils dont j’ai manqué les premières années parce que j’étais occupée à diriger Williams. Je peux être sa mère, je peux être une épouse. Nous avons déménagé, je travaille ici et là, et c’est une très belle façon de vivre. »
Claire Williams a depuis pris du recul et a été récemment, consultante pour la dernière saison de "Drive to Survive"...
« Je pense que ce qui était bizarre, c’était d’être à l’extérieur et de regarder à l’intérieur. »
« J’ai tellement l’habitude de diriger une équipe et d’être jugée par les autres alors que maintenant, je me retrouve de l’autre côté de la barrière à devoir juger les autres. »